L’extrême droite française prépare une manifestation contre les musulmans le 6 février
A l'image du mouvement xénophobe «Pegida», l'extrême droite française prépare une manifestation à travers la France le 6 février. En lisant les revendications et les slogans de l'alter ego français de cette organisation allemande, il apparaît clairement que cette manifestation n'est pas dirigée contre les extrémistes islamistes terroristes que nous combattons tous, mais contre les musulmans tout court. Elle s’inscrit dans une «journée européenne pour défendre notre pays, notre culture, notre civilisation, contre l’invasion migratoire, l’islamisation et le terrorisme», dont le thème, on le voit, fait un amalgame ahurissant autour de l’islam et des musulmans, de tout ce qui préoccupe les populations européennes : les risques d’atteintes à leur identité, la menace véhiculée par les migrants sur leur vie quotidienne, leur emploi, et leur tranquillité à travers l’insécurité et le terrorisme. C’est un front du salut que l’extrême droite européenne veut créer pour, affirment ses animateurs, «sauver notre culture, sauver notre pays, sauver notre futur, unis pour construire un futur meilleur pour nos enfants», et, exprimer, d’une façon plus nette «notre opposition aux promoteurs de la charia, aux djihadistes assassins, et à l’islamisation de nos pays». Ils annoncent, pour le moment, des rassemblements et manifestations le 6 février en Allemagne, Angleterre, Autriche, Belgique, Espagne, France, Hollande, Pologne, Portugal, Slovaquie, Suisse et Tchéquie, et la contagion pourrait toucher d’autres pays. En France, l’extrême droite brandit le spectre de «la venue sur notre sol de dizaines de milliers de clandestins, majoritairement des hommes seuls et musulmans. Ceux-ci, parmi lesquels figurent forcément des djihadistes infiltrés par l’Etat islamique, sont répartis dans nos campagnes, menaçant par leur présence importante, dans des petits villages, le mode de vie de Français paisibles». L’information sur le Français d'origine tunisienne, âgé de 29 ans, qui a foncé avec sa voiture vendredi sur quatre soldats en faction devant la grande mosquée de Valence, dans le département de Drôme (sud-est de la France), avec l’insistance sur les images de propagande djihadiste qui ont été retrouvées sur son ordinateur personnel, attise évidemment le sentiment xénophobe, islamophobe plus précisément, cultivé par l’extrême droite. La manifestation du 6 février sera un test grandeur nature pour connaître l'influence réelle des groupuscules racistes et islamophobes en France et leur capacité de rassemblement, au lendemain des résultats des régionales qui ont placé le Front national comme le premier parti en France, ce dernier n'ayant été vaincu que grâce à des alliances entre la gauche et la droite. Le climat social déjà dégradé au plus haut point – le chômage, la pauvreté et la précarité pour un grand nombre de Français – est envenimé par des prévisionnistes alarmistes qui annoncent que l'année 2016 sera marquée en Europe par une puissante vague migratoire, décrite comme un «véritable tsunami», et ce n’est qu’un début, ajoutent-ils pour semer encore plus la panique dans les opinions publiques des pays concernés, notamment en France. Ils imputent la responsabilité de cette situation aux gouvernements qui ont adopté des politiques laxistes en ouvrant les portes aux réfugiés. C’est ce que fait le FN qui a réussi à imposer son idée de rendre légalement possible la déchéance de la nationalité aux binationaux musulmans. Pour le FN, la lutte efficace contre le terrorisme, l'insécurité et la délinquance est assimilée à la chasse aux Français musulmans, particulièrement ceux originaires du Maghreb mais aussi à l’arrêt de l’immigration qui vient de cette région. Il apparaît clairement que le plus grand ennemi en France aujourd’hui est son extrême droite et pas ses musulmans.
Houari Achouri