Tournée nationale et rencontres avec les notabilités : quelle est la feuille de route de Chakib Khelil ?

Il devient de plus en plus clair, maintenant que l’ancien ministre de l’Energie sillonne le pays de zaouïa en zaouïa, que l’objectif du revenant de son exil doré – c’est lui-même qui affirme que, le concernant, être ministre est synonyme de privation – est bel et bien l’échéance présidentielle de 2019. Chakib Khelil n’est rentré au pays qu’après avoir été assuré par le pouvoir non seulement de son intouchabilité, mais, mieux, de son aptitude à la succession de Bouteflika. Les modalités de ce retour ont été réglées avant même que Chakib Khelil ne foule le sol algérien. Des modalités qui n’ont négligé aucun détail, jusqu’aux aspects protocolaires puisque ses déplacements dans les différentes confréries et ses rencontres avec les différents acteurs politiques ont été programmés d’avance, vraisemblablement par les services de la présidence de la République. Le candidat potentiel à la succession de Bouteflika, malgré son âge avancé, assuré de l’appui de ses puissantes relations à l’étranger, respecte donc une feuille de route établie à Alger avant même son retour. Contraint ou consentant, Chakib Khelil a pris son bâton de pèlerin quelques jours à peine après son arrivée à Oran. Et ses apparitions, au début timides, deviennent plus offensives au fur et à mesure que le dossier Sonatrach est remisé aux oubliettes et que les Algériens découvrent une autre facette de celui qui est présenté comme le principal responsable de la dilapidation de l’argent du pétrole. Désormais, l’ancien ministre de l’Energie «rassure sur les prix du brut qui vont augmenter d’ici la fin de l’année», donne son avis avisé d’expert sur la façon dont doivent être mobilisées les ressources financières de l’Algérie et prodigue de généreux conseils sur la manière dont le gouvernement devrait gérer l’économie nationale en ces temps de crise. Mais dans ses rencontres avec les cheikhs des zaouïas, les notables locaux et les députés, les sujets politiques sont bannis. En tout cas face aux caméras. Peut-on encore accorder du crédit à Chakib Khelil lorsqu’il affirme qu’il ne nourrit aucune ambition à travers sa tournée nationale ? Assurément, non ! Son agenda, bien qu’on n’en ait pas encore saisi la véritable finalité, montre que derrière sa «campagne» se cache un objectif autrement plus important que le très personnel «souvenir d’enfance» que lui évoquent ces lieux de culte soufis disséminés à travers le territoire national. Quel est-il ? Pour le savoir, il faudrait que nos confrères qui ont été sélectionnés par la «direction de campagne» de Chakib Khelil pour le suivre dans son expédition rendent compte de ses entretiens avec ses interlocuteurs choisis – eux aussi – avec une minutie obsessionnelle. A moins que les journalistes qui suivent l’excursionniste, sans visées autres qu’une simple villégiature qui le conduit aux quatre coins du pays, ne soient tenus à l’écart des «choses essentielles». Quoi qu’il en soit, l’offensive menée par Chakib Khelil sur instigation du pouvoir révélera tous ses secrets lorsque le pérégrin achèvera son périple au terme duquel il bénéficiera d’une indulgence plénière qui devrait faire oublier son inconduite. D’ici là, continuons de suivre son itinéraire, peut-être saurons-nous, enfin, où il va et où le pouvoir veut en venir.
M. Aït Amara

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