François Asselineau : «L’affaire de l’attentat de Nice reste peu claire»

François Asselineau. D. R.

A propos des tenants et aboutissants des attentats terroristes qui frappent la France depuis quelques mois et particulièrement celui qui a visé la Promenade des Anglais, le soir du 14 juillet, le battage politico-médiatique qui vise à envelopper les faits dans un épais brouillard n’empêche pas la vérité et la transparence de percer. C’est ce que prouve la démonstration de François Asselineau, homme politique français, dirigeant de l’Union populaire républicaine. Il dit, de la façon la plus lucide, non seulement ce que beaucoup de Français pensent, mais aussi ce qui est la conviction de nombreux observateurs en dehors de la France.

François Asselineau dénonce «la lecture diffusée à satiété par le gouvernement et toute la classe politique visant à jeter de l’huile sur le feu de la société française», laissant croire que la France serait attaquée par l’islam et qu’elle se dirigerait vers la guerre civile. Il rejette l’islamophobie en faisant remarquer que seize musulmans sont morts dans l’attentat de Nice. Il souligne qu’en fait, le tueur ne peut pas être considéré comme musulman, au vu de son mode de vie et de sa non-pratique de la religion. Il fait observer, en connaisseur de ce texte sacré, que, dans le Coran, il y a des versets qui appellent au djihad et des versets qui disent le contraire, et, précise-t-il, ce n’est pas propre au Coran, c’est ce que l’on trouve aussi dans la Bible et dans la Thora qui comportent des paroles qui poussent au crime et des paroles qui incitent à la paix.

François Asselineau met l’accent sur la responsabilité de «l’Arabie Saoudite qui, depuis le XIXe siècle, avec le soutien constant des Etats-Unis, pousse à une lecture ultra-littérale, avec le régime wahhabite et les salafistes, du Coran, que ne partagent pas 90% du monde musulman». Sur l’attentat lui-même, il fait ressortir «l’amateurisme» dans la protection de la Promenade des Anglais et s’interroge sur la facilité qu’a eu le tueur à réussir à se faufiler avec un camion de 19 tonnes et à foncer sur la foule : pas de chevaux de frise, pas de contrôle, pas de pans en béton pour sécuriser toute cette zone. Il en conclut que l’affaire reste peu claire parce qu’on n’a pas encore compris comment ce camion a réussi à se faufiler jusqu’à cet endroit. Pour lui, il y a des failles énormes dans le système de protection avec un personnel de police fatigué. Il estime que la solution n’est pas dans plus de mesures de sécurité en France et plus de bombardements en Syrie.

François Asselineau pose une série de questions : qui a commencé par bombarder des populations qui ne demandaient rien ? Comment se fait-il que la France n’était pas la proie du terrorisme, il y a dix ans et que c’est devenu le pays qui subit le plus d’actions terroristes – si c’est confirmé, nuance-t-il, que c’est une action terroriste ? Pourquoi la société française est capable de produire des déséquilibrés qui deviennent des criminels ? Il fixe une série d’actions qui sont la priorité des priorités : la France doit se retirer des pays où elle n’a rien à faire et rapatrier au plus vite toutes ses troupes ; elle doit sortir de l’Otan ; présenter des excuses pour les peuples que son armée a bombardés pour des «raisons ignobles ».

Concernant les Etats-Unis, les excuses doivent être présentées pour les 1 300 000 civils tués en Irak, Afghanistan et Pakistan. Qui sème les révolutions de couleur récolte le terrorisme, assène-t-il, en citant, comme contre-exemples, les pays du monde où il n’y a pas d’attentat : Suisse, Finlande, Autriche et les pays qui ne sont pas dans l’Otan. Il considère que ceux qui ont déclenché des guerres qui ont fait des millions de morts doivent rendre compte à la justice des peuples et à la justice internationale. Il cite Tony Blair mais aussi Sarkozy qui, dit-il, sans demander l’avis des Français est allé « bombarder la Libye, détruire le régime libyen et faire assassiner Kadhafi ». Il fait constater que les régimes saoudien, qatari, bahreïni, tenus à bout de bras par l’Occident, et avec lesquels Sarkozy et Hollande font leurs affaires, ne sont pas plus démocratiques que Kadhafi. Il revient à la Syrie où la guerre est partie, rappelle-t-il, du projet de pipeline Qatar-Turquie dirigé contre la Russie et auquel Bachar Al-Assad s’est opposé.

C’est alors que les Etats-Unis, explique-t-il, ont décidé de déstabiliser la Syrie et la France a suivi. «Tout le monde sait que Fabius a dit que le Front Al-Nosra « fait du bon boulot »», rappelle-t-il. Il ne faut pas s’étonner, dit-il, que la France qui appartient à l’Otan et à l’Union européenne soit alignée sur la politique agressive des Etats-Unis. Or, derrière Daech, il y a les Etats-Unis, l’Arabie Saoudite, le Qatar, la Turquie où le fils d’Erdogan participe à l’acheminement du pétrole extrait par Daech des gisements qu’il contrôle en Syrie et en Irak.

François Asselineau est convaincu qu’il n’y a rien de fatal dans la situation dramatique que vivent les Français. Il suffit, propose-t-il, de changer de cap et il est encore possible, selon lui, de le faire avec des gens de bon sens au pouvoir.

Houari Achouri

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