Pétition contre la débaptisation de la rue Fernand-Iveton à Oran

Fernand Iveton. D. R.

Des citoyens ont lancé une pétition contre la débaptisation de la rue Fernand-Iveton à Oran. Interpellant en premier lieu le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, ces citoyens assurent que le nom de Fernand Iveton a été effacé de la rue qui portait son nom au quartier Ederb d’Oran. «Nous citoyens et citoyennes, signataires de cette pétition, exigeons que le nom de Fernand Iveton, mort comme ses frères au combat, soit réhabilité et remis en lieu et place sur les murs de la rue qui portait son nom», lit-on dans le texte motivant la pétition.

Dans le texte de la pétition, ils qualifient la «débaptisation» de cette rue comme «une décision grave» pour une multitude de raisons. D’abord, parce que Fernand Iveton est un martyr qui a sacrifié sa vie pour l’Algérie. Né le 12 juin 1926 au Clos Salembier (Alger) et guillotiné le 11 février 1957, Fernand Iveton était un militant communiste français et anticolonialiste rallié au FLN. Auteur d’une tentative d’attentat contre l’armée coloniale, il était le seul Européen guillotiné de la guerre d’Algérie.

Les pétitionnaires estiment que la débaptisation portera atteinte à la crédibilité et à l’honneur des institutions. Une telle décision serait également «grave» pour «la mémoire de ceux et celles qui ont donné leur vie et leur jeunesse pour l’Algérie, quel que soit leur origine, leur religion ou leur sexe».

La pétition a été déjà signée par plus de 600 personnes. L’objectif des initiateurs, c’est de ramasser 1 500 signatures pour faire pression sur les autorités afin que le nom de Fernand Iveton reste gravé dans la rue à Oran et, partout, en Algérie.

Hani Abdi

Comment (75)

    Anonymous
    16 septembre 2016 - 13 h 12 min

    La pétition. Signez-la.
    La pétition. Signez-la. Iveton est notre frère de cœur et de sang.
    https://secure.avaaz.org/fr/petition/Ministre_des_Moudjahidin_Algerie_Non_a_la_debaptisation_de_la_rue_Fernand_Iveton_a_Oran/?snFjEdb

    Nadir
    16 septembre 2016 - 12 h 31 min

    FERNAND IVETON EST ALGÉRIEN !
    FERNAND IVETON EST ALGÉRIEN ! QUE NUL NE TOUCHE A NOS MARTYRS ! A AUCUNE D’ENTRE EUX ! Ceux qui ont fait ça sont des personnes indignes de travailler dans la représentation nationale quelle qu’elle soit.

    Quenelle
    16 septembre 2016 - 10 h 51 min

    Pour rappel , le grand
    Pour rappel , le grand sacrifice de cet adolescent, CHAHID,JUIF D’ALGERIE, ALLAH YERRAHMOU :
    « Pierrot » est né le 24 juillet 1939 à Ténès, d’un père fonctionnaire des impôts et d’une mère bijoutière. Après son passage au maquis, les services de renseignements français présenteront ses parents, Roger Ghenassia et Odette Bensaïd, comme des militants du Parti communiste algérien (PCA). En réalité, si Roger Ghenassia a rejoint les Forces françaises libres après le débarquement anglo-américain de novembre 1942 par antifascisme, les parents Ghenassia ne sont pas politisés. Mais comme bien d’autres juifs de la petite commune de Ténès, sa famille a de bonnes relations avec son entourage musulman. Surtout, le jeune Pierre est influencé par des discussions avec son voisin communiste, le docteur Jean Massebœuf, et avec son cousin Jean-Pierre Saïd, de six ans son aîné et passé au début des années 1950 de l’anarchisme au communisme. Dans une note lapidaire, les Renseignements généraux (RG) affirmeront ainsi en juillet 1959 que Pierre Ghenassia était « de sentiments communistes notoires, manifestant ouvertement ses sentiments malgré son jeune âge ».

    Plus qu’un communiste – il n’a jamais été adhérent du PCA –, Pierre Ghenassia est un anticolonialiste. Et lorsqu’il quitte Ténès pour l’internat du lycée Bugeaud d’Alger, il évolue dans des cercles de jeunes nationalistes et de jeunes communistes radicalisés par l’insurrection déclenchée en novembre 1954. Membre de la délégation algérienne du Festival mondial de la jeunesse de Varsovie à l’été 1955, il fréquente fin 1955-début 1956 des communistes algérois engagés dans la lutte armée, comme Abdelkader Choukal et Georges Marcelli. Avec son cousin Jean-Pierre Saïd, il dépose dans un lieu de Ténès fréquenté par des militaires des exemplaires de La Voix des soldats, journal clandestin du PCA adressé aux troupes françaises. Et quand l’Union générale des étudiants musulmans algériens (UGEMA) déclenche en mai 1956 une grève illimitée des cours et des examens, il déserte le lycée Bugeaud comme de nombreux jeunes qui iront grossir les maquis de l’ALN.

    Pierre Ghenassia vers 1956.
    Pierre Ghenassia vers 1956.
    C’est sans doute en novembre 1956, au moment de la fête juive de Hanouka – qui lui sert de prétexte pour quitter sa famille afin, dit-il, de se procurer de la viande casher dans une commune voisine –, qu’il gagne le maquis. Les RG, qui pensent en juillet 1959 qu’il est dans un maquis de la Wilaya V, inscrivent dans la rubrique « emploi dans la rébellion » : « De constitution fragile, sa fonction exacte dans l’ALN n’a pu être déterminée ». Sans doute d’abord monté dans un maquis de la région de Ténès par l’intermédiaire de réseaux communistes, il rejoint la Wilaya IV, où il remplit plusieurs fonctions, dont celle d’infirmier. Son chef, le commandant de l’ALN Si Azzedine, écrira en 1976 :

    Parmi [les infirmiers et médecins], l’une des figures les plus attachantes fut celle de notre infirmier zonal, Hadj. Nous l’appelions ainsi, mais son vrai nom était Ganacia (sic). Il était israélite, parlait très bien l’arabe. Pour tous ceux qui tiennent comme un fait établi le prétendu antagonisme de nos origines religieuses, je voudrais qu’on le sache : Hadj est mort, refusant d’abandonner ses blessés. C’était un frère et nous l’avons pleuré. À Boukren, il sauva Boualem Oussedik de la gangrène. […] Hadj est mort à Tiberguent, en défendant une infirmerie et les blessés dont il avait la responsabilité.[1]

    Comme dans les tracts de l’ALN adressés aux juifs algériens où Pierre Ghenassia est honoré dès 1957 comme un exemple à suivre, le commandant Azzedine insiste sur la judéité du jeune homme, tant il a conscience d’être face à un exemple exceptionnel – si ce n’est unique. Il met aussi l’accent sur son arabité – ce que divers hommages feront par la suite en nommant sa mère Odette par son second prénom, Nedjma –, et plus généralement sur son algérianité. Cette triple insistance prend tout son sens lorsque l’on sait qu’une rue de Ténès baptisée de son nom à l’indépendance sera cyniquement renommée Al Qods (Jérusalem) dans les années 1990. Et si l’on ne sait rien du rapport de Pierre Ghenassia à la judéité, la dernière des trois lettres qu’il a pu adresser à ses parents du maquis, le 3 février 1957, est celle d’un jeune homme qui se considère de toute évidence comme un Algérien :

    Lettre 1

    Le 3 février 1957

    Chers Parents

    J’emprunte cette fois ci l’organisation du maquis pour vous faire parvenir de mes nouvelles qui sont excellentes. En ce moment je me remets très vite dans une infirmerie d’une petite affection intestinale. Je vais déjà très bien. Cela fait déjà trois mois que je vous ai quittés et je n’ai pas vu le temps passer. Bien des aventures me sont arrivées mais celles-ci je me réserve de vous les conter après l’indépendance In challah.

    Je milite depuis au milieu de millier de jeunes qui comme moi ont rejoint le maquis et dans un magnifique élan d’enthousiasme tendent tout leur être vers la réalisation de leur idéal. Un véritable esprit Révolutionnaire existe et nous marchons infailliblement vers la liberté. Je suis pour le moment assez loin de vous mais je pense peut être revenir dans nos parages. Et vous comment allez-vous ? Anne-Marie travaille-t-elle toujours aussi bien en classe. Et la 203 se porte-elle toujours aussi bien.

    Nous avons ici un excellent moral car nous sommes sûrs en considérant tous les symptômes politiques que l’issue est proche. J’ai été affecté au service de presse de la wilaya et j’ai dernièrement fait, armé d’un appareil de photos, une enquête sur les atrocités des Nazis Français dans un douar particulièrement éprouvé. J’en été écœuré.

    « Ici vois-tu l’on sue et l’on crève » comme dit la chanson. On ne se lave pas souvent non plus et on a des poux : mais cela fait rien on a tout accepté. J’ai appris par les journaux que l’organisation de Tenes avait été décapitée. J’ai fui à temps.

    Bon je crois que je vous ai assez rassuré comme cela. Je vous quitte en vous embrassant affectueusement.

    A bientôt dans une Algérie libre et indépendante.

    Pierre – dit « El Hadj ».[2]

    Cette lettre témoigne de l’enthousiasme révolutionnaire qui anime ce jeune homme de 17 ans, tant dans la perspective de son idéal – « une Algérie libre et indépendante » – qu’au regard de ce qu’il vit au maquis. La mise en avant de son pseudonyme, « El Hadj » – marqueur de dignité pour les musulmans, dont on ne sait s’il se l’est choisi ou s’il lui a été attribué –, et l’utilisation de la formule « inch’Allah » marquent la communauté de destin avec ses frères d’armes. Mais il est également frappant de voir combien la Seconde Guerre mondiale – que le jeune homme n’a pas vécue, mais que son père lui a sans doute racontée – est au cœur de ses représentations : aux « Nazis Français » s’opposent dans sa lettre les partisans, dont Pierre Ghenassia restitue des paroles du chant de 1943, hymne à la violence des résistants français qui lui vient à l’esprit lorsqu’il doit évoquer sa propre vie au maquis.

    Dès 1957, les parents et la sœur de Pierre Ghenassia doivent fuir l’Algérie afin d’éviter les vengeances d’Européens qui les menacent de mort. Jusqu’aux premiers temps de l’indépendance, le sort de leur fils demeure toutefois incertain pour eux, du fait de rumeurs sur sa survie dont certaines ont probablement été lancées de manière malveillante auprès de la famille par des « ultras » de l’Algérie française.

    « Si j’avais su qu’il était tombé, je l’aurais remplacé », aurait déclaré son père quelques années plus tard.

    [1] Si Azzedine, On nous appelait fellaghas, Paris, Stock, 1976, p. 134.

    [2] Lettre manuscrite de Pierre Ghenassia à ses parents, 3 février 1957 (archives personnelles de Jean-Pierre Saïd). L’orthographe est d’origine.

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    Prison de Oued Rhiou, 7 juin 1967. Algérien, juif, antisioniste
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    Paris, 1952. Amokrane, Jean et l’internationale des étudiants

    Erracham
    15 septembre 2016 - 11 h 42 min

    Se peut-il que les promoteurs
    Se peut-il que les promoteurs de cette débaptisation soient des relais de Fafa? Qui a donc intérêt à assassiner une seconde fois des citoyens français qui ont pris fait et cause pour une Algérie libre? Je les considère comme des héros de notre glorieuse révolution. Eux, ils ont choisi LA JUSTICE au lieu de leur MERE contrairement à un certain Camus (Albert de son prénom) adulé par de nombreux Algériens. Que fait notre classe politique si prompte à défendre les « Constantes » de la révolution?

    Karim Larbaoui
    15 septembre 2016 - 11 h 24 min

    Monsieur @HAMOUDI, bonjour.
    Monsieur @HAMOUDI, bonjour. Ne vous laissez pas intimider par des sirènes affiliées au Golfe Persique, par les partisans de l’obscurantisme rétrograde ! Vous n’avez jamais dit à mon sens que vous êtes contre l’arabe ou l’islam ou du MAK, vous avez simplement :

    1/- condamné l’idéologie arabo-musulmane conservatrice, pure et dure et qui ne fait aucune concession pour tout ce qui n’est pas arabe et musulman ! Cette idéologie est une réalité dans notre pays depuis 1962 et qui prend de l’ampleur de plus en plus.

    2/- vous avez parlé de monstres culturels analphabètes élevés au biberon de l’arabo-islamisme primaire bête, méchant et arriéré. C’est une autre réalité dans notre pays et des adeptes sont de plus en plus nombreux.

    3/- vous avez évoqué l’Emir Abdelkader qui est considéré par le pouvoir de 1962 comme le seul héros légitime de la révolution algérien, alors que les martyrs , les vrais, n’ont jamais eu droit aux honneurs (Ben Midi, Abane Ramdane, Benkhedda, Boudiaf, Amirouche, etc..etc..)

    4/- vous avez évoqué le souci par le pouvoir d’obédience arabo-islamique primaire et conservatrice d’effacer toute trace de l’histoire algérienne qui n’est pas arabo-musulmane. Çà aussi c’est une réalité.

    5/- vous avez évoquez l’inculture te l’analphabétisme trilingue de beaucoup de nos élus nationaux, locaux ou régionaux qui sont alimenté au biberon de l’idéologie de la pensée unique arabo-islamique bête et méchante depuis 1962 ! C’est aussi une réalité !

    Donc, laissez braire les autres, vous est dans le vrai et l’authentique ! Je préfère des harkis comme vous qui prennent conscience de la dérive de leur pays que des personnes qui ne pensent qu’aux Omra et aux Hadjs pour gagner une place au paradis !!

    Bon courage à vous et aux authentiques algériens patriotes qui veulent que leur pays aille vers la démocratie, la liberté, le progrès et la modernité, qu’ils soient arabes, kabyles, musulmans, chrétiens, athées, chaouis, mozabites, touaregs !!

    Restez comme vous êtes !!

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