Le Maroc affirme avoir «capturé» des soldats algériens : le Makhzen veut-il un Amgala III ?

Le roi des Marocains Mohammed VI et ses officiers baiseurs de main. D. R.

C’est le dernier film de fiction «réalisé» dans les laboratoires d’un Makhzen aux abois : l’armée marocaine aurait fait prisonnier des soldats algériens ! Rien que ça ! Cela est bien évidemment faux. Mais pourquoi donc une ineptie de cette taille est-elle livrée à son opinion publique par Mohammed VI et sa suite ? La réponse est dans la situation intérieure pour le moins délicate que traverse le Maroc et dans les déboires de sa diplomatie à l’extérieur. Au plan intérieur, tout d’abord, la situation sociale se dégrade. Fait révélateur : de l’aveu même des médias marocains qui citent un récent rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la tuberculose, maladie des pauvres, fait encore des ravages au Maroc. Selon l’OMS, cette maladie est en train de progresser au Maroc et 70% des tuberculeux font partie des couches sociales les plus pauvres qui habitent généralement dans des conditions précaires et d’insalubrité à la périphérie des villes, notamment sur l’axe Casablanca-Tanger.

C’est le signe évident de l’échec de la politique du royaume en matière de santé publique. Plus globalement, les Marocains ne sont pas contents et envisagent le pire dans leur vie quotidienne. Depuis samedi, les prix du carburant ont connu une hausse importante. Chez les enseignants, c’est le ras-le-bol qui s’est exprimé par une manifestation dans la rue, à Casablanca, il y a deux semaines. Plus récemment, de violentes manifestations ont troublé la localité de Sidi Bibi, dans la région de Souss, et ont entraîné des blessés et de nombreuses arrestations parmi les manifestants. Les tensions sociales sont aggravées sur fond de menaces terroristes et de montée de l’islamisme. Ce sont les faits qui le prouvent.

Tout récemment, quatre Marocains membres de Daech ont été arrêtés entre l’Espagne et le Maroc. Une bombe artisanale a été découverte dans le jardin d’un hôtel situé au quartier de l’hivernage à Marrakech. Rappelons que le 3 octobre, le Bureau central marocain des investigations judiciaires (BCIJ) avait annoncé le démantèlement d’une cellule terroriste composée de 10 femmes liées à l’organisation Daech. Peu après, deux autres individus en relation avec cette cellule terroriste ont été arrêtés. Des rumeurs ont fait état d’une tentative d’assassinat du roi Mohammed VI.

Au Maroc, l’agitation des islamistes a atteint un tel niveau qu’il n’est pas surprenant d’apprendre qu’une organisation présentée comme salafiste appelée «Coordination de défense des détenus islamistes» peut se permettre de manifester dans plusieurs villes du royaume sous forme de sit-in devant des mosquées, juste après la prière du vendredi, notamment à Casablanca, Tanger, Fès, Larache, pour… protester contre le démantèlement de cette cellule féminine de Daech. En mai dernier, cette organisation islamiste a marqué à sa façon la commémoration du 13e anniversaire des attentats terroristes de Casablanca de 2003, en tenant des sit-in devant les mosquées dans plusieurs villes du royaume.

Dans les relations extérieures du Maroc, la diplomatie multiplie les échecs, d’où le remplacement de plus de 70 ambassadeurs. Le royaume ne peut plus compter sur son principal soutien, l’Arabie Saoudite, qui est dans une situation économique précaire ayant atteint un seuil critique avec un système financier totalement en panne, à cause de la forte baisse du pétrole. Les Al-Saoud n’ont plus d’argent en caisse pour assurer les dépenses courantes et ils ont été contraints à d’importantes coupes budgétaires. Ils doivent d’abord penser à maintenir leur pouvoir avant d’aider le Maroc à s’en sortir. Il ne reste au Palais, qui redoute le pire, que ces sorties médiatiques puériles dans lesquelles le Makhzen semble exceller, mais qui ne trompent personne.

Houari Achouri

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