4e Sommet arabo-africain : l’Arabie Saoudite donne un coup de poignard à l’Algérie

Le roi Salman d'Arabie Saoudite avec Mohammed VI. D. R.

Les délégations marocaine, saoudienne et émiratie ont annoncé mardi leur retrait du 4e Sommet arabo-africain, dont les travaux se tiennent aujourd’hui à Malabo, en Guinée équatoriale. Raison invoquée cette fois ? La participation à l’événement de la République arabe sahraouie (RASD). Des sources ont indiqué à Algeriepatriotique que le Qatar, Bahreïn, le Sultanat d’Oman et la Jordanie se sont également solidarisés avec le Maroc.

L’attitude de l’Arabie Saoudite – qui comme tout le monde le sait donne le la au Conseil de coopération du Golfe (CCG) – est assimilable à un coup de poignard dans le dos, surtout qu’elle intervient quelques jours à peine après la visite de Sellal à Riyad. Selon diverses sources arabes, cette décision de retrait avait déjà été évoquée 48 heures avant en marge des réunions préparatoires au sommet. L’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis, deux pays qui ne cachent par leur soutien à la colonisation par le Maroc du Sahara Occidental, avaient alors annoncé leur retrait des travaux «en raison de la participation d’une délégation de la RASD».

Le sommet, qui s’était ouvert le 17 novembre, avait abrité le 18 un forum d’affaires. A ce moment, personne n’avait rien trouvé à redire à la présence de représentants de la RASD. Malabo a accueilli ensuite le lundi 21 la réunion des ministres des Affaires étrangères et celle des ministres des Finances. Des médias arabes et turcs rapportent que c’est précisément durant la rencontre des ministres des Affaires étrangères préparatoire à celle des chefs d’Etat et de gouvernement devant se tenir aujourd’hui que «la délégation menée par Anis Birou, ministre chargé des Marocains résidant à l’étranger et des Affaires de la migration, avait quitté la plénière pour protester contre la présence du drapeau de la RASD». Le Maroc a alors immédiatement remis sur la table son histoire jaunie de «souveraineté des Etats» et du «respect de l’unité territoriale».

Les efforts du Premier ministre koweïtien, Cheikh Sabah Khaled Al Hamad Al Sabah, pour trouver un compromis entre les uns et les autres et donc sauver le sommet se sont soldés par un échec. De nombreuses sources ont confirmé que les divergences de vues entre les pays africains membres de l’Union africaine et certains pays membres de la Ligue arabe étaient «irréconciliables». Les premiers ont ainsi estimé que l’expulsion d’un pays membre de l’UA était «inacceptable». Le Maroc et l’Arabie Saoudite ont, quant eux, invoqué le fait que la RASD n’était pas membre de l’ONU pour la «zapper» du 4e Sommet arabo-africain. La situation est restée là. La Guinée équatoriale et l’Union africaine n’ont pas encore réagi à la décision de retrait du Maroc et de ses alliés du CCG. Si les choses restent en l’état, il est à parier que les leaders africains se trouvant déjà à Malabo auront fait le déplacement pour rien puisque le sommet risque tout simplement d’être annulé.

Lors de la précédente édition du Sommet arabo-africain, qui s’est tenue au Koweït en 2013, les Etats du Golfe avaient promis à l’Afrique un milliard de dollars d’ici 2018 dans le cadre du Fonds koweïtien de développement économique. Cette fois, les Etats africains et du Golfe semblaient vouloir aller au-delà des déclarations de principe et tirer profit du potentiel du continent. Même s’il est récent, l’intérêt des pays du Golfe pour le continent est grand. Au moins 10% des investissements dans les infrastructures ces dix dernières années sur le continent sont le fait des pays du Golfe. A cause des plans néocolonialistes sinistres du Maroc et de l’Arabie Saoudite, la coopération entre l’Afrique et le monde arabe va encore être renvoyée aux calendes grecques.

Khider Cherif

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