Lakhdar Brahimi est-il l’intermédiaire du Makhzen auprès du président Bouteflika ?

Lakhdar Brahimi. New Press

La récente visite que Lakhdar Brahimi a rendu au président Bouteflika aurait pu passer inaperçue. Seulement, cette fois-ci, l’ancien ministre des Affaires étrangères avait animé quelques jours auparavant une conférence-débat à l’Ecole de police d’Alger sur les relations interarabes. Une conférence durant laquelle il a affirmé qu’«il n’y a aucun argument capable d’expliquer (la) situation de blocage» qui caractérise les relations entre Alger et Rabat, allant jusqu’à demander la réouverture, sans conditions, de la frontière algéro-marocaine. De telles déclarations ont de quoi étonner et surprendre, surtout qu’elles émanent de quelqu’un qui a eu à gérer le dossier des relations algéro-marocaines et qui connaît donc probablement mieux que quiconque l’énorme énergie qu’investit le Maroc pour dynamiter l’ensemble maghrébin et pourrir la vie aux Algériens.

Inutile de revenir, ici, sur les raisons ayant convaincu les autorités algériennes de fermer à double tour leur frontière avec leur voisin de l’Ouest. Elles sont aujourd’hui connues de tout le monde, y compris de Lakhdar Brahimi.

Indépendamment du conflit du Sahara Occidental, il existe entre l’Algérie et le Maroc un contentieux que Rabat ne veut pas régler. Et il est étonnant que l’ancien envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU pour la Syrie ait décidé de l’ignorer et de ne pas revenir sur la genèse de la «crise». En renvoyant dos à dos les deux pays, Lakhdar Brahimi a pris un raccourci qui travestit la réalité des choses et absout, chemin faisant, le Maroc de sa lourde responsabilité dans le blocage de la construction maghrébine.

S’agit-il d’une omission ? Difficile d’y répondre. Encore qu’un diplomate aussi chevronné que lui n’aurait pas fait preuve d’une aussi grande légèreté dans l’analyse d’un dossier connu pour être sensible. Une telle démarche est inexcusable, même venant de la part de quelqu’un qui est connu comme étant plutôt tiède à l’égard de la cause sahraouie.

C’est justement cette même tiédeur qui amène aujourd’hui un certain nombre d’observateurs à se demander si Brahimi ne sert pas là d’intermédiaire pour le Makhzen auprès du président Bouteflika. Après tout, tout le monde sait qu’il existe un lobby pro-marocain en Algérie qui veut à tout prix voir la frontière avec le Maroc s’ouvrir. Et même si celui-ci se fait discret, il n’empêche qu’il manœuvre épisodiquement dans l’ombre dans la perspective d’amener l’Etat à offrir au Maroc sur un plateau le marché algérien et, pourquoi pas même, le Sahara Occidental.

Tout le monde le sait, Lakhdar Brahimi bénéfice d’une grande estime auprès du président Bouteflika. C’est d’ailleurs l’une des rares personnalités nationales à pouvoir le rencontrer régulièrement. Les milieux initiés le surnomment «l’homme qui murmure à l’oreille de Abdelaziz Bouteflika». Lui a-t-il murmuré de rouvrir la frontière avec le Maroc, fermée par Liamine Zeroual en 1994 ?

Khider Cherif

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