Les Algériens angoissés par les sombres perspectives de l’économie nationale
2016 s’achève sans pour autant emporter avec elle les inquiétudes et les angoisses des Algériens qui commencent une nouvelle année avec beaucoup d’incertitudes et d’inconnues. Nombreux sont d’ailleurs ceux qui, à travers les réseaux sociaux, ont fait part de leurs préoccupations et peurs.
La situation économique, qui va de mal en pis, n’est donc guère rassurante pour la population. Les mots du Premier ministre à quelques jours de la nouvelle année s’avèrent insuffisants pour éloigner les incertitudes, chasser les angoisses et panser les «plaies» de l’année écoulée. Les Algériens ressentent déjà les répercussions de la persistance de la crise financière sur leur pouvoir d’achat qui se contracte de jour en jour. Ils saisissent les risques d’une conjoncture économique des plus difficiles qui appelle d’autres sacrifices, beaucoup d’ingéniosité, d’audace et de labeur.
La diversification économique n’est pas pour demain. L’outil de production national reste limité. Son développement nécessite des années encore. Le vécu de l’Algérien dépendra encore durant cette nouvelle année du volatil marché pétrolier. Ainsi, nombre de citoyens se disent conscients de cette situation de crise très pesante qui nécessite plus que des vœux pour la dépasser. L’année qui commence ne sera assurément pas celle du farniente, ni même celle de la quiétude sociale.
Des acquis sociaux sont bien menacés. L’approche des échéances électorales (législatives et locales) crée un climat électrique sur la scène politique où les «guerres» de position ne font que commencer. La participation massive des formations de l’opposition renseigne sur l’importance qu’accordent les partis à ces élections qui semblent être déterminantes pour les échéances futures. Et les problèmes socioéconomiques que connaît le pays vont peser dans les débats et dans les campagnes des uns comme des autres. Beaucoup de décisions et de mesures prises par le gouvernement Sellal ont été décriées. Des réformes de l’école à la question des retraites, en passant par les choix économiques et la pression fiscale qui sera assurément fortement ressentie cette année, les tensions enregistrées en 2016 persistent encore et risquent même de s’aggraver, selon l’évolution de certains paramètres économiques, dont l’inflation et la parité du dinar avec les monnaies fortes (euro et dollar).
La gestion des tensions sociales qui pourraient être provoquées par la baisse du pouvoir d’achat ne sera pas sans conséquences sur le gouvernement. La reculade spectaculaire du gouvernement sur le nouveau calendrier des vacances scolaires renseigne sur sa peur face à la rue. Et les actions de protestations, notamment à travers des manifestations de rue, risquent d’être nombreuses. Le dossier explosif du logement, géré de manière chaotique par l’actuel ministre de l’Habitat, Abdelmadjid Tebboune, va sans nul doute constituer l’un des facteurs d’instabilité sociale. Car les espoirs suscités par les ambitieuses et diverses formules lancées par le gouvernement s’effilochent face aux retards irrattrapables dans la réalisation des projets. Et quand on sait que des centaines de milliers d’Algériens attendent impatiemment ces hypothétiques logements, il y a de quoi tenir son ventre.
Si durant l’année 2016, les pouvoirs publics ont réussi à calmer les esprits grâce à un réservoir de logements construits depuis des années, les émeutes du logement risquent de revenir de plus belle une fois que les postulants auraient perdu espoir en les promesses de leur ministre.
Autre dossier qui va impacter le quotidien des Algériens, la gestion du flux des importations qui n’obéit visiblement à aucune stratégie mûrement réfléchie. Ainsi, les restrictions appliquées contre certains importateurs vont inévitablement concerner d’autres produits. Ces restrictions pourraient provoquer des pénuries de certains produits. Ce sont autant d’inquiétudes dont font part des Algériens conscients des lendemains difficiles qui les attendent dans une Algérie encore dépendante d’un marché pétrolier des plus instables.
Il reste cependant une lueur d’espoir que représente la perspective d’une remontée des prix de l’or noir une fois la réduction des quotas décidée par les pays membres de l’Opep et non-Opep est appliquée.
Hani Abdi
Comment (25)