Une nouvelle tentative de déstabilisation déjouée grâce à la vigilance des citoyens

Les émeutes de janvier 2011. New Press

Malgré les échauffourées à Béjaïa entre manifestants et forces de l’ordre, malgré les scènes de saccage et de vandalisme, on peut se réjouir que les Algériens, dans leur ensemble, ne soient pas devenus les moutons du web. Parce qu’il faut le dénoncer haut et fort, les incidents de la capitale des Hammadites ne sont pas sans lien avec la folle rumeur de grève générale et de fin du monde annoncée et relayée par les réseaux sociaux, sans que personne n’ait le courage d’en assumer l’initiative. Dans les villes et villages, les citoyens les plus militants, les plus jeunes, les plus rebelles n’ont cessé de s’interroger mutuellement afin d’identifier les promoteurs d’une action nationale de tous les dangers. Sur Facebook, très nombreux ont été les internautes qui ont exprimé leurs doutes, voire leurs soupçons vis-à-vis d’un mot d’ordre de grève émanant de nulle part et confondant différents leitmotivs, de la critique de la loi de finances de 2017 à d’autres considérations politiques farfelues dont ne voulons pas faire ici la publicité.

Si bien que les Algériens, qui ont acquis une méfiance viscérale à l’endroit des panurges en tous genres, ont refusé dans leur écrasante majorité de répondre à l’appel anonyme qui aspirait à embraser le pays. Remake de l’année 2011, au moment des révoltes curieusement synchrones des «printemps arabes», l’Algérie vient de déjouer encore une fois une tentative de déstabilisation grâce à la perspicacité de sa société civile vaccinée contre les insurrections importées.

Cependant, le satisfecit ne doit surtout pas distraire la vigilance des autorités en ces temps de réelle crise économique qui érode chaque jour davantage le pouvoir d’achat des ménages. Il ne suffit pas de justifier la flambée des prix ni de promettre des jours meilleurs aux millions de citoyens qui bouclent difficilement leurs fins de mois. Un dispositif d’aide direct aux plus vulnérables face à la cherté de la vie doit compenser le rétrécissement des subventions accordées par les transferts sociaux.

Talon d’Achille des pays jalousement souverainistes, le front social mérite tous les sacrifices, au même titre que la défense nationale, et il revient à notre gouvernement d’éviter que des articles comme celui du jour, dépêche bavarde de l’AFP, ne puisse pas se réjouir ironiquement de la «misère» de 30 couples d’In Salah en Algérie, mariés collectivement «pour cause de pauvreté».

Ils sont malheureusement légion à attendre au virage l’Algérie, attaquée hier parce que trop riche et trop arrogante, à laquelle ils souhaitent sans plus se cacher, faillite et famine. La main étrangère qui tapote sur les claviers des réseaux sociaux et pousse à l’émeute existe, quoi qu’en pensent les sceptiques. L’autre main, bien algérienne, qui signe les notes ministérielles, les lois et les décrets, doit tout faire pour la neutraliser. Sans quoi, les complices ne seront pas à chercher chez les gens du peuple…

Maya Loucif

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