Intrigant acharnement du MSP à pousser l’Algérie à céder aux pressions du Makhzen

Mokri encense le Makhzen. New Press

Le MSP, par la voix de son président Abderrezak Mokri, vient, une fois de plus, sournoisement, de confirmer sa position en faveur de la réouverture des frontières entre l’Algérie et le Maroc, sans conditions, en contradiction avec la position officielle de notre pays exprimée à maintes reprises par le ministère des Affaires étrangères. Dans une déclaration publiée comme à son habitude via internet, le MSP termine par une phrase qui reproche implicitement à l’Algérie d’être derrière le blocage de l’Union pour le Maghreb arabe (UMA) tout en faisant mine de flatter l’égo nationaliste des Algériens. Or, pour les Algériens, c’est bien le Maroc qui est responsable du blocage de l’UMA. C’est dans une pseudo-analyse de l’adhésion du Maroc à l’Union africaine, présentée en termes élogieux pour le Makhzen, qu’Abderrezak Mokri, qui signe la déclaration du MSP, a glissé sa revendication d’ouverture de la frontière terrestre entre les deux pays. Il veut faire croire que son parti et les autres courants islamistes en Algérie, qui partagent sa revendication, sont les seuls à militer pour l’édification d’une Union maghrébine et les seuls aussi à bien saisir l’intérêt politique et économique d’un tel ensemble.

Dans les faits, le MSP rejoint le pressing exercé par le Makhzen pour hâter cette réouverture des frontières sans aborder tous les dossiers qui lui sont liés. Le MSP ne s’intéresse pas à la question de savoir quel intérêt aurait l’Algérie à répondre à la demande du Maroc dans ce sens. Le gouvernement algérien est-il insensible aux avantages d’une Union maghrébine, en dehors des considérations liées à la course au leadership régional ? Les responsables algériens concernés, et en premier lieu au ministère des Affaires étrangères, sont parfaitement conscients que les relations avec le Maroc sont «anormales» et ils l’ont dit à chaque fois que l’occasion s’est présentée. Ils savent également que les relations entre les deux peuples demeurent «exemplaires» comme le prouvent nombre d’indices.

Mais pour les responsables algériens en charge des relations extérieures, il est impossible de nier les différends qui portent, en particulier, sur l’affaire du Sahara Occidental et pour laquelle l’Algérie a choisi de s’inscrire dans le cadre de la légitimité internationale, en considérant que cette question est de la responsabilité de l’ONU et ne relève pas des relations bilatérales. On sait que la position de l’Algérie, et en même temps celle de l’ONU et celle aussi de l’Union africaine, ont été confortées par la décision de la Cour de justice de l’Union européenne qui affirme que le Sahara occidental ne fait pas partie du Maroc. Il s’agit d’une affaire de décolonisation que le peuple sahraoui s’efforce d’obtenir sur la base du droit à l’autodétermination.

Mais le Makhzen persiste à voir dans la position de principe de notre pays un acte d’hostilité à son égard et déploie tout un arsenal diplomatique, en vain d’ailleurs, pour s’attaquer systématiquement à l’Algérie. Le MSP et les autres courants islamistes qui le suivent sur cette question, peuvent-ils ignorer cette donnée ou sont-ils intoxiqués eux-aussi par la propagande du Makhzen ? Peuvent-ils ignorer les autres problèmes notamment d’ordre sécuritaire et de trafic de drogue liés justement aux frontières ?

On est en droit de s’interroger sur les dessous de l’acharnement du MSP à vouloir amener l’Algérie à plier devant la pression du Maroc pour la réouverture des frontières sans examen des «dossiers» à résoudre au préalable.

Houari Achouri

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