Mediapart, une imposture médiatique française
Par Youcef Benzatat – J’ai toujours soutenu l’idée qu’il est plus efficace de s’atteler à la tâche de déconstruction de nos structures mentales patriarcales et de l’imaginaire mythologique religieux au lieu de s’acharner sur les effets pervers qu’ils engendrent dans la société comme le fait Kamel Daoud.
Militer activement pour le retrait du créationnisme de nos structures éducatives et multiplier les initiatives envers l’adoption des méthodologies archéologiques des religions en revisitant les postures des Mu’tazila qui ont déjà opéré l’historicisation du Coran au VIIIe siècle de notre ère. Il appartient aux partis politiques, à la société civile, aux intellectuels, aux journalistes, aux écrivains, etc., d’accomplir cette tâche ingrate contre une résistance farouche d’un conservatisme démesuré.
Beaucoup le fond assez bien, sans bruit et sans remous dangereux pour la quiétude de la société. Il faut être pragmatique et aller prudemment en besogne et les résultats à long terme sont inévitables. La parole de tous ceux qui militent pour cette transition nécessaire fait son chemin, sourdement certes, mais dans les apparences seulement, car le travail en profondeur sur l’inconscient collectif est inévitable.
Voyez les auteurs des lumières ! Cela a commencé au Moyen-âge avec Giordano Bruno, Calvin pour enfin déboucher sur un engagement massif des voltairiens et leurs contemporains pour aboutir à 1789. Aujourd’hui, leurs héritiers continuent toujours la poursuite de leur œuvre. Comment voulez-vous effacer d’une baguette magique toutes ces structures mentales patriarcales et ces imaginaires mythologiques religieux, qui se sont mis en place depuis que l’Homme s’est distingué du règne animal ?
S’attaquer aux effets pervers de ces aliénations est improductif et très dangereux ! Cela blesse plus que ça n’apporte un quelconque remède. La société se raidit et se radicalise encore plus lorsqu’elle se sent humiliée par de telles attaques dont elle ne voit pas l’intérêt. Il aurait fallu la mettre en garde contre les effets négatifs de tels conservatismes, au préalable, pour la préparer à recevoir de tels propositions de dénigrements contre leurs effets pervers.
Je trouve, par contre, irresponsable de jouer le jeu des adeptes du choc et de la guerre des civilisations, en essentialisant l’approche critique de ces aliénations et en les décontextualisant de leur histoire et de leurs conditions politiques actuelles et passées, comme le propose Kamel Daoud.
La déconstruction des structures mentales patriarcales aura pour résultat la mise à nu des rapports de classe, de race et de sexe. Il ne faut pas se focaliser essentiellement sur les rapports de sexe ; il faut avoir le courage d’aller jusqu’aux rapports au politique et aux configurations de classes et de races. Par race, j’entends le danger que véhiculent certaines contestations pour une quête de la pureté identitaire, en termes de séparation ethnique et de ghettoïsation culturelle, au lieu d’opérer une transculturalité et une prise en compte de la trajectoire du métissage qui dure depuis trois milles ans. Un métissage synonyme de prédisposition des populations à l’adhésion aux principes de citoyenneté, de l’Etat républicain, de la laïcisation de la vie publique, des droits de l’Homme, de la liberté de conscience, de l’Etat de droit et, enfin, à la démocratie.
Hélas ! Ce discours n’a pas sa place dans Mediapart. Pour discréditer mon intervention sur le fil du débat qui a suivi l’interview de Kamel Daoud, publié sur ce même média, le 26 février 2017, par Antoine Perraud et Faïza Zerouala et intitulé «Kamel Daoud : « J’échappe à toute nationalité en écrivant »», ils ont usé d’une méthode de censure des plus sournoise. Celle de valider un tas de commentaires insultants et mensongers à mon égard et en choisir le plus abject, le plus haineux et le plus raciste et le mettre en valeur parmi les quatre choisis : «On a l’impression que vous vous tenez en embuscade prêt à « descendre » Kamel Daoud, sans prendre le temps de vraiment lire et écouter ses propos. L’ajout dans ce fil de vos logorrhées haineuses antérieures confirme votre obsession. D’autres ayant parfaitement répondu sur le fond à vos propos, je me limiterai à ceci : vos insultes, vos outrances, vos grossièretés, votre mauvaise foi vous décrédibilisent. Vous envahissez ce fil agressivement. MDP n’est pas un déversoir pour votre stock de haine rancunière ! S’il est trop lourd à porter, faites-vous aider !»
On ne peut pas dire que Mediapart ne participe pas de ce vaste complot contre les pays convoités par la globalisation et son bras armé l’Otan. Voyez comment ils ont traité l’affaire ukrainienne, syrienne, le Yémen, ainsi que les crimes de l’Etat israélien contre la population civile palestinienne au quotidien et comment ils réagissent avec leurs abonnés qui dénoncent cet état de fait.
Le malheur pour les intellectuels algériens égarés, comme Kamel Daoud et Boualem Sansal, s’ils parviennent à réussir à semer le chaos en Algérie et détruire les fondements de son Etat, comme en Irak et en Libye – chose qui n’est pas si évidente que cela ne paraît, car le peuple algérien est difficilement maniable dans ces circonstances –, ils les jetteront comme ils l’ont fait avec les harkis en 1962 et trouveront chez les intégristes religieux leurs meilleurs alliés.
Y. B.
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