«Montage» de véhicules Hyundai à Tiaret : les citoyens découvrent la supercherie

Mahieddine Tahkout. D. R.

C’était trop beau pour être vrai. La célérité avec laquelle le couple Tahkout-Bouchouareb a ficelé le dossier de montage de véhicules d’une marque sud-coréenne en Algérie cachait bien un secret quelque part. Il n’aura fallu que quelques mois pour voir un projet qui dans une situation normale exigerait plusieurs années pour sa concrétisation, pour que des voitures flambant neuves et de haute facture sortent d’une usine à peine montée à Tiaret, commencent à pulluler à travers le pays, arborant fièrement le matricule «00-14», symbole de la prospérité retrouvée de l’industrie algérienne et de la renaissance d’une grande culture de la construction automobile abandonnée au fil des ans. Après l’imposture de «dernaha djazaïriya» (on l’a fabriquée en Algérie) de la marque française au Losange, voici donc venu le tour du très introduit dans les cercles intimes du pouvoir Mahieddine Tahkout, dont l’art de la fourberie vient d’être étalé au grand jour.

Des images qui circulent sur la toile montrent des véhicules de marque Hyundai sous cellophane, importés de Corée du Sud dans des containers. Transférés à l’atelier de vissage de boulons de Tiaret, des techniciens «hautement qualifiés» se chargent de monter la pièce manquante : les roues ! Cette gigantesque escroquerie, dans un pays où la justice est reine, donnerait lieu à une vaste opération «main propre» qui non seulement coûterait son poste au ministre de l’Industrie et à tous ceux qui ont commandité ce crime économique, mais aussi valoir la prison à cet homme d’affaires qui a, depuis le début, défrayé la chronique en raison du contrat juteux décroché avec le ministère de l’Enseignement supérieur qui lui a confié le très lucratif transport des étudiants.

Le ministre de l’Industrie, qui, rappelle-t-on, a chuchoté à l’oreille d’Emmanuel Macron lors de sa récente visite en Algérie qu’il serait le prochain Premier ministre, avait besoin de montrer à sa hiérarchie que sa gestion «éclairée» du secteur de l’industrie et des mines allait définitivement sortir le pays de sa dépendance (quasi) totale des hydrocarbures en ces temps de vaches maigres. Aux yeux de l’opinion publique, une telle prospérité retrouvée effacerait les casseroles que le ministre traîne derrière lui et qui ont été savamment médiatisées par le très bruyant Rachid Nekkaz. Mais c’était compter sans la vigilance des citoyens qui, à travers les réseaux sociaux, guettent le moindre faux pas des responsables politiques dont ils ne reconnaissent même pas la légitimité.

Bien sûr, il ne faudra pas s’attendre à une quelconque poursuite pénale contre les auteurs de cette fraude doublée d’une cynique tromperie envers tout un peuple.

Karim Bouali

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