Désinformation iranienne sur l’Algérie et la Tunisie : à quoi jouent les mollahs ?
La Tunisie puis l’Algérie ont été, en moins d’une semaine, la cible d’une forte campagne de désinformation officielle de la part de Téhéran, qui obéit immanquablement à un plan politique à travers lequel le régime iranien cherche, dans la guerre de positions qui l’oppose à l’Arabie Saoudite, à élargir sa zone d’influence et, surtout, à attirer vers lui les rares pays arabes qui ne sont pas soumis à la stratégie saoudienne dans la région, comme l’Algérie et la Tunisie. Deux pays qui ont toujours affiché leur neutralité dans les conflits régionaux et acceptent d’en payer le prix.
La propagande iranienne, servie par l’agence officielle Irna et ses innombrables relais médiatiques, ont profité de cette ouverture pour s’y engouffrer par la manipulation. C’est ainsi que Tunis s’était plaint de l’interprétation qui a été faite par ces médias d’une déclaration du président Béji Caid Essebsi, à l’occasion de sa rencontre avec le ministre de la Culture et de l’Orientation religieuse, Reza Salhi Amiri, vendredi dernier, et selon laquelle le chef de l’Etat tunisien se serait laissé dire que l’Iran était «le protecteur du monde musulman contre l’occupation sioniste».
La même tactique sera utilisée lors de la visite du même ministre iranien en Algérie, deux jours plus tard, où celui-ci a été reçu par son homologue, Azeddine Mihoubi, et aussi par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal. L’agence officielle iranienne, aussitôt relayée par les journaux en ligne pro-iraniens, a tenté d’orienter le contenu des entretiens que ce ministre de la propagande a eu avec les responsables algériens dans un sens favorable au discours politique iranien, en montrant l’engagement de l’Algérie à lutter contre l’«extrémisme» et la «pensée takfiriste» comme un signe d’allégeance à Téhéran et à sa politique régionale et, automatiquement, comme une preuve d’alignement contre l’Arabie Saoudite et les pays du Golfe. Ce qui est bien évidemment faux parce que l’Algérie a commencé à combattre l’intégrisme islamiste à l’époque même où Riyad et Téhéran étaient de connivence pour précipiter l’avènement d’un Etat théocratique à Alger, à travers leur soutien massif au FIS dissous.
Aussi une telle confusion peut-elle avoir des répercussions diplomatiques fâcheuses avec les rivaux directs de l’Iran dont l’Algérie se passerait bien dans la conjoncture actuelle, minée par plusieurs foyers de tension et par la persistance du terrorisme qui menace la sécurité et la stabilité de toute la région. Deux obstacles auxquels il faudrait ajouter désormais les manœuvres pernicieuses et autres velléités de manipulations politiques.
Preuve de la malveillance des Iraniens dans cette affaire : l’agence officielle Irna n’a pas jugé utile de faire la moindre mention du démenti du porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères, ni d’ailleurs celui de la présidence tunisienne.
R. Mahmoudi
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