Le ministre Riadh Mouakher répond à notre article dans les médias tunisiens

Riadh Mouakher. D. R.

Notre article sur les propos tenus par le ministre tunisien des Affaires locales et de l’Environnement, Riadh Mouakher, a fait réagir ce dernier qui s’est empressé de démentir le contenu des propos qu’il a tenus lors de la conférence intitulée «Tunisie, espoir en Méditerranée», organisée jeudi à Rome par la fondation Craxi. Dans une déclaration ce matin à la presse tunisienne, Riadh Mouakher a affirmé que ses propos «ont été déformés». Le responsable tunisien a précisé avoir dit à ses hôtes italiens qu’il y a une trentaine d’années, lors d’un stage qu’il avait effectué aux Etats-Unis, on lui demandait souvent la position géographique de la Tunisie, que les Américains confondaient parfois avec l’Indonésie. Il a soutenu qu’il «essayait d’expliquer que son pays se trouvait en Afrique du Nord, entre la Libye, que les Américains identifiaient à Mouammar Kadhafi, et à l’Algérie, qu’ils qualifiaient de communiste». Et de dire que pour faire plus simple, il avait trouvé la solution : «Soutenir que la Tunisie se trouve au sud de l’Italie.»

Le ministre tunisien des Affaires locales et de l’Environnement ne s’est, néanmoins, pas excusé pour sa déclaration faite sous forme de boutade, en citant l’Algérie dans une rencontre organisée dans un pays européen et devant des interlocuteurs étrangers. Dans sa tentative de se dédouaner de ce qui lui est reproché, Riadh Mouakher ne fait en réalité que s’enfoncer. 

Les Américains, il y a 30 ans, ne percevaient pas l’Algérie comme un pays communiste pour la bonne est simple raison qu’elle n’en était pas un. Aucun spécialiste en sciences politiques ne s’est d’ailleurs hasardé à présenter l’Algérie comme un pays relevant du bloc de l’Est, à l’époque de la Guerre froide. Mieux, en 1987-88, période évoquée par le ministre tunisien, l’Algérie était déjà entrée de plain-pied dans l’ère du libéralisme, sous l’ère Chadli. Il est impossible donc qu’à cette période, les Américains dont il parle aient continué à percevoir l’Algérie comme un pays «communiste».

Les responsables du Département d’Etat américain ne pouvaient donc pas faire un tel amalgame, dès lors que la visite de l’ancien président Chadli Bendjedid à Washington, en 1985, marquait la volonté de l’Algérie de sortir du «socialisme spécifique» pour embrasser l’économie de marché. En Algérie, où le communisme n’a jamais été inscrit dans la Loi fondamentale du pays, le changement avait commencé à s’opérer au lendemain de la mort du défunt Houari Boumediene. La séquence au cours de laquelle les Algériens avaient aidé Washington à faire libérer ses otages en Iran, en 1981, avait, d’ailleurs, permis à l’Administration américaine de l’époque de mieux cerner l’Algérie et ses principes.

Faute d’avoir pu corriger son erreur, le ministre tunisien a étalé son ignorance de l’histoire du pays le plus proche du sien.

Sadek Sahraoui

Pas de commentaires! Soyez le premier.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.