Essebsi sacrifie l’amitié algéro-tunisienne pour un ministre aux propos désinvoltes

Béji Caïd Essebsi. D. R.

Finalement, le chef de l’Etat tunisien a superbement fait fi du courroux des Algériens – mais aussi de nombreux Tunisiens agacés – et maintenu le ministre irrévérencieux Riadh Mouakher à son poste. Béji Caïd Essebsi a donc fait son choix. «Au diable ces Algériens !», semble-t-il répondre à la vague d’indignation suscitée par les propos impertinents de son protégé sur l’Algérie et la Libye. Pourtant, le grave écart commis par ce membre du gouvernement tunisien est tel qu’il a conduit l’ambassadeur de la Tunisie à Alger au siège du ministère des Affaires étrangères, où il a été convoqué pour s’expliquer sur cette injure faite à l’Algérie.

Les propos tenus par Riadh Mouakher sont d’autant moins excusables qu’il a évoqué avec mépris un pays qui a de tout temps été aux côtés du peuple tunisien. Une solidarité exprimée aussi bien au niveau officiel que parmi les citoyens qui se rendent nombreux en Tunisie durant la saison estivale pour concourir au renflouement des caisses vides de ce pays qui vit une crise économique et financière sans précédent depuis la chute du président Ben Ali. Près de deux millions d’Algériens s’y sont rendus durant l’été 2016, bravant la menace terroriste et redonnant vie à un secteur du tourisme moribond. Malgré la détérioration sensible de la qualité des services fournis par des établissements hôteliers en quasi faillite, les touristes algériens ont afflué de toutes les wilayas vers les villes balnéaires pour y dépenser leur argent.

Récemment, des familles entières, happées par la misère dans les villes tunisiennes frontalières, ont menacé de se réfugier en masse dans notre pays si le pouvoir central ne consentait pas à régler les nombreux problèmes qui rendent la vie intenable pour ces citoyens tunisiens abandonnés par leur gouvernement malgré les promesses de «lendemains radieux» au sortir de la «révolution des jasmins». Six ans après la chute du régime de Ben Ali, la Tunisie s’est, au contraire, enfoncée dans une crise multidimensionnelle profonde au règlement de laquelle Tunis compte bien sur l’aide de son voisin de l’Ouest. Et l’Algérie n’a pas attendu pour voler au secours de ce petit pays exsangue, que ce soit à travers des dons et des prêts sans intérêts qui se chiffrent en centaines de millions de dollars, ou de l’assistance humaine et matérielle dans le domaine de la lutte contre le terrorisme islamiste.

Enfin, et contrairement aux responsables politiques tunisiens qui se rendent régulièrement coupables de propos calomnieux et iniques à l’égard de l’Algérie, jamais un officiel algérien n’a porté atteinte à la Tunisie, ni par une quelconque incrimination ni par un mot d’esprit.

Vu l’impunité dont semblent jouir les ministres tunisiens, d’autres maladresses comme celle que vient de commettre l’inénarrable Riadh Mouakher sont à prévoir. Mais jusqu’où ira la patience des Algériens à l’encontre de ces attaques gratuites ?

Karim Bouali

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