Le site américain International Policy Digest : «L’Algérie va faire face à des choix difficiles»

Le président Bouteflika au bureau de vote lors des législatives du 4 mai dernier. New Press

Sous le titre alarmiste : «L’Algérie peut-elle être sauvée ?», le site américain International Policy Digest a consacré un long article à la situation en Algérie. L’auteur décrit un pays au bord de l’abîme, avec un Président absent de la vie politique, une économie à l’arrêt, l’argent dilapidé ou détourné». D’entrée, ce média estime que «depuis que le président Bouteflika a eu son premirr malaise et a été transporté en urgence vers un hôpital français pour des soins médicaux en toute confidentialité, divers groupes puissants se disputent secrètement les faveurs de l’armée puissante pour le poste de Président, mais en vain». Cependant, relativise le journal électronique américain, «cet éminent homme d’Etat, bien qu’affaibli par la maladie et obligé d’utiliser un fauteuil roulant pour la mobilité (…), semble encore profiter de la confiance de la puissante armée». «C’est sans doute pourquoi les adversaires de l’Algérie se sont trompés en croyant la fin du régime proche», juge encore International Policy Digest.

Au plan économique, la situation est jugée encore plus dangereuse. «L’économie algérienne, poursuit le média, dépend presque entièrement des revenus tirés des recettes pétrolières et, comme beaucoup de pays producteurs de pétrole dans la région, l’Algérie a mis en place un énorme Etat rentier qui sert de moyen d’achat de la paix sociale déguisée en soi-disant politique de répartition uniforme de la richesse, mais vise en fait à perpétuer le régime absolutiste qui est étroitement contrôlé par l’armée omniprésente et puissante».

Prédisant des bouleversements inattendus en Algérie à l’aune de la crise pétrolière induite par la chute des prix du baril de pétrole, l’auteur juge que l’Algérie sera amenée à «faire bientôt face à des choix difficiles». «Au départ, écrit-il, il faudra probablement utiliser le fonds souverain pour maintenir le statu quo social, mais une fois que cela sera épuisé, (le pays) n’aura d’autre alternative que de recourir aux choix difficiles de realpolitik : réduire les subventions, et cela a déjà commencé dans certains domaines», soutient l’analyste du journal américain, qui estime une telle politique «dangereuse» à plus d’un titre. «En Algérie, tout est subventionné par l’Etat, de la médecine au logement, et tenter de réduire ces subventions équivaudra au suicide politique». Il prévoit alors des manifestations populaires pour dénoncer la politique du gouvernement. «Initialement, écrit-il, cela entraînera des affrontements avec la police, mais, avec le temps, cela entraînera des soulèvements à mesure que d’autres forces rejoindront la mêlée».

International Policy Digest estime que si le «printemps arabe» ne s’est pas produit en Algérie, c’est parce que les Algériens «sont marqués par les atrocités» de la décennie noire et «veulent épargner à leur pays un autre épisode d’effusion de sang». Mais il estime que, aujourd’hui, la situation est différente. «Il s’agit de survie. Si les citoyens algériens se voient refuser les subventions, ils opteront plutôt pour la démocratie totale». Comprendre l’insurrection à la syrienne ou à la libyenne.

Prédisant un avenir «sombre» et «incertain» pour l’Algérie, le média américain trouve qu’il est urgent d’opérer des changements «immédiats» et «radicaux» aussi bien en politique qu’en économie pour éviter les soulèvements et les bouleversements futurs. «Il est bien connu que le pain vient avant la démocratie, mais si le pouvoir ne peut pas fournir du pain gratuit, les Algériens soutiendront la démocratie, pour de bon et quel qu’en soit le prix !», prévient International Policy Digest.

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R. Mahmoudi

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