Restituer ses droits au peuple algérien
Par Youcef Benzatat – Au terme des législatives du 4 mai 2017, la dictature algérienne a atteint la perfection, au point où les électeurs, la société civile, les médias, les élites et les intellectuels ont renoncé volontairement à leurs droits politiques et l’opposition a cessé de jouer son rôle, soit pour venir gonfler les rangs du pouvoir, le consolider et le légitimer, soit de s’abstenir de toute activité politique.
Alors que le pouvoir manifeste avec cynisme son édification de la façade démocratique dans la plus grande transparence, avec une fraude électorale massive au grand jour dont les preuves ont été retransmises en direct dans les médias et les réseaux sociaux, ainsi que la falsification du taux de participation, qui invalideraient de fait les suffrages exprimés et les voix comptabilisées, tous ces segments de la société se contentent de constater dans la résignation le parachèvement de la perfection de la dictature.
De quoi les Algériens ont-ils peur pour revendiquer leurs droits politiques ? Pourtant, ceux-ci sont garantis par la Constitution !
Qu’est-ce qui fait que tous ces segments de la société, censés être souverains, se résignent dans la servitude, en abandonnant leurs droits politiques et d’être incapables de traduire en actes leur amertume et leur désespoir ? C’est cela aussi la perfection de la dictature : inhiber toute potentialité de réaction de contestation des droits politiques, aussi bien dans les médias ou sur la place publique.
Après avoir subi la terreur de la guerre contre le terrorisme islamiste et sa méfiance du chaos que pourrait engendrer des manifestations spontanées dans la rue, à l’image des pays voisins, le peuple attend d’être éclairé et encadré pour manifester pacifiquement son sentiment d’injustice et revendiquer ses droits politiques, sans menacer la paix civile ni hypothéquer de quelque manière la souveraineté nationale. Son attitude passive relève plus de la précaution que de la résignation.
Ce sont les autres segments de la société qui semblent le plus aliénés dans la résignation. Car ils refusent d’assumer leur devoir de citoyens à ne pas vouloir s’engager auprès du peuple pour l’amener à contester ses droits politiques. Généralement, ils ont peur pour leurs privilèges, ou alors de la répression, ou bien des deux à la fois, il faut le dire. Certains le font, timidement, mais c’est surtout pour marquer leur territoire. Ce sont généralement des embusqués, des calculateurs qui se projettent dans le futur : des partis politiques, agréés ou non, ou des personnalités ambitieuses qui attendent leur heure.
Il est de leur devoir d’impulser le mouvement de contestation des droits politiques et de la démocratie. C’est leur devoir de dénoncer la dictature, aidés en cela par les médias, qui s’autoproclament souverains, de les soutenir et de faire œuvre pédagogique envers le peuple. Il ne suffit pas d’évoquer l’autisme du pouvoir, il faut le combattre, en l’amenant à abandonner la dictature et à céder les droits politiques du peuple. Ce pouvoir est illégitime et il faut le contraindre à restituer le pays à ses propriétaires. L’Algérie n’est pas une propriété privée, elle appartient à tout le peuple. Le colonialisme a été défait par les aînés pour lui restituer sa patrie et sa liberté. L’Algérie revient de droit à tous les Algériens et il est du devoir de tout Algérien de militer pour restituer ce droit.
Y. B.
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