Lynchage d’une candidate d’origine algérienne : le sujet Lang se joint à la meute

Le serviteur du Makhzen Jack Lang avec la sœur du roi Mohammed VI à l'IMA. D. R.

L’investiture par La République en marche de Leïla Aïchi – une sénatrice franco-algérienne présentée comme pro-Front Polisario – dans la 9e circonscription des Français de l’étranger pour les élections législatives françaises prévues en juin a enragé le Makhzen qui a vite fait d’actionner son réseau qui comprend, entre autres, l’ex-ministre de la Culture sous Mitterrand et actuel président de l’Institut du monde arabe, Jack Lang.

Plus royaliste que le roi, Jack Lang a osé une véritable ingérence dans les affaires d’Emmanuel Macron en lui déniant pratiquement le droit de constituer la liste des candidats de son mouvement la République en marche, pour les législatives. «Inacceptable, inadmissible et inconcevable», c’est ainsi que le président de l’IMA qualifie l’investiture de Leïla Aïchi. Jack Lang ne laisse planer aucun doute sur son alignement sur les thèses du Makhzen qui visent à maintenir le Sahara Occidental sous la domination coloniale du Maroc. «Ce ne serait pas acceptable qu’une personne qui professe des opinions anti-marocaines sur le Sahara soit soutenue par le principal mouvement politique en France», a-t-il déclaré, mardi, à Atlasinfo, un site marocain d’information.

Plus que l’expression d’une opinion, Jack Lang montre qu’il se range dans le camp marocain. «Je dis avec force ma solidarité avec les personnes qui protestent contre cette investiture», a-t-il affirmé. Mais surtout, ses propos laissent penser qu’il prend la tête d’un mouvement contre l’investiture de Leïla Aïchi, quand il précise à Atlasinfo «avoir saisi les plus hautes autorités de l’Etat pour demander le retrait de l’investiture de Leïla Aïchi». «Il faut que son investiture soit retirée, et c’est à nos hauts responsables de le faire», martèle-t-il.

Le président de l’IMA n’a jamais eu un seul mot ou geste de compassion avec les victimes sahraouies de la répression marocaine ; des faits, pourtant, qu’il ne peut ignorer puisqu’ils ont fait l’objet d’une médiatisation accompagnée de larges campagnes de solidarité, y compris en France. Par contre, il ne manque pas une occasion pour prouver sa subordination au royaume. Lors d’un reportage réalisé par France 3 sur la face cachée du régime dictatorial de Mohammed VI, l’ancien ministre de la Culture a été le seul à aller à contrecourant de l’opinion défavorable exprimée par les invités. Au contraire, Jack Lang a étalé les louanges du seigneur. Il n’est donc pas surprenant que Jack Lang fasse savoir qu’il est choqué par l’investiture d’une Franco-Algérienne qui a montré des positions de principe favorables au droit à l’autodétermination du peuple sahraoui.

Censé s’occuper de l’IMA qui a été «conçu pour établir des liens forts et durables entre les cultures », Jack Lang se mêle de la façon la plus inopportune de politique et se départit de l’impartialité qu’exige sa fonction. En décembre dernier (voir AP du 18 décembre 2016), il a autorisé, pour ne pas dire encouragé, un rassemblement des fonctionnaires de l’IMA en «solidarité avec Alep» et au cours duquel des slogans hostiles au président syrien, Bachar Al-Assad, et au président russe, Vladimir Poutine, ont été scandés. L’IMA est allé même jusqu’à publier sur son blog une lettre ouverte intitulée «Sauver Alep» adressée au chef de l’Etat français.

Cet investissement excessif et déplacé dans la sphère politique, Jack Lang le réalise au détriment de l’IMA dont la fréquentation est en baisse continue. L’exposition sur «Le Maroc contemporain», par exemple, est un flop. Selon les connaisseurs du fonctionnement de l’IMA, les nombreuses notes de restaurants prouvent un train de vie démesuré pour le président de cette institution.

Houari Achouri

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