Déstabilisé par l’isolement du Qatar : Mokri s’attaque aux Emirats arabes unis
«Des fuites à propos de lettres de l’ambassadeur des Emirats arabes unis (EAU) aux Etats-Unis indiquent l’ampleur du complot ourdi par les EAU et leurs alliés américains contre le monde arabe et la résistance palestinienne et le mouvement islamo-nationaliste, et ces lettres montrent en même temps qui est l’ami et qui est l’ennemi, et qui est l’agent et qui est l’intègre dans la bataille de la survie que traverse le monde musulman à cette étape.» Cette citation est le contenu d’un message placé lundi matin par le président du MSP sur sa page Facebook.
Le Qatar n’est pas cité, ni l’Arabie Saoudite ou l’Egypte, mais on comprend qu’il s’agit de la réaction de Mokri à la décision annoncée le même jour à l’aube par l’Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis et l’Egypte (suivis ensuite par d’autres pays) de rompre leurs relations diplomatiques avec le Qatar et de l’isoler, voire l’asphyxier, en fermant le trafic terrestre, aérien et maritime, tout en sommant cet émirat de cesser de soutenir le terrorisme de Daech, Al-Qaïda et des Frères musulmans.
Mokri exprime le point de vue des islamistes algériens, hommes liges d’Erdogan en Algérie, qui prennent – honteusement, faut-il le noter – la défense du Qatar dans un conflit qui ne concerne pas notre pays. Ils s’en prennent aux EAU, mais – étrangement – pas à l’Arabie Saoudite, dont ils n’ont jamais dénoncé l’agression contre le Yémen. Le président du MSP sait que l’isolement du Qatar est considéré comme une victoire de l’Egypte, en tout cas c’est présenté ainsi par les spécialistes de la région. Et c’est facile à comprendre, explique-t-on, l’essentiel de l’appui extérieur, sous toutes les formes – financier, accueil des dirigeants… –, apporté aux Frères musulmans, leur permettant de s’organiser et de commettre leurs actes terroristes en Egypte, vient du Qatar, qui suscite en même temps et entretient des foyers de tension près des frontières égyptiennes en Libye et au Soudan. On a constaté que le MSP et les islamistes algériens ne ratent aucune occasion pour s’en prendre au président égyptien Abdelfattah Al-Sissi.
Mais Mokri, qui sait sans doute de quoi il retourne dans cette affaire, veut rester prudent, imitant en cela la position de la Turquie, qui s’est contentée d’appeler les pays arabes au dialogue. Ankara a même proposé ses «bons offices» pour la normalisation des relations diplomatiques entre les parties concernées. Selon les connaisseurs de la région, la Turquie est très gênée dans cette situation qui met en conflit le Qatar, avec lequel elle a des rapports privilégiés, et les autres monarchies du Golfe, notamment l’Arabie Saoudite, avec lesquelles elle a de bonnes relations. Le président du MSP attend peut-être de voir ce que va dire ou faire Erdogan. Dans l’intervalle, il s’attaque spécialement aux Emirats arabes unis, certainement parce qu’ils passent pour être les plus conséquents et les plus intransigeants dans leur lutte contre les Frères musulmans. Par cette position, Mokri semble vouloir faire connaître quelle serait la vraie position d’Erdogan.
La Turquie, dont le régime inspire le MSP, partage avec le Qatar, ainsi qu’avec l’Arabie Saoudite, d’ailleurs, l’accusation de soutenir, pour le compte des Etats-Unis, les groupes terroristes qui agissent en Syrie pour déstabiliser et détruire ce pays. Certains de ces groupes de criminels sont issus de la mouvance des Frères musulmans manipulés par le Qatar et la Turquie. Le 21 mai, à la rencontre organisée à Riyad entre Donald Trump et quelques dirigeants de pays arabes, Abdelfattah Al-Sissi s’en est violemment pris au Qatar et à la Turquie qui «soutiennent, hébergent, arment et soignent les terroristes en cas de blessures dans des affrontements et leur assurent une couverture médiatique pour propager leur terrorisme». Le régime d’Erdogan, prochain sur la liste après le Qatar ?
Houari Achouri
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