«Badi Lalla» premier album éponyme de la diva du tindi

La doyenne et ambassadrice du tindi, Badi Lalla. D. R.

La doyenne et ambassadrice du tindi, Badi Lalla, restitue l’univers musical et poétique de la région de l’Ahaggar dans toute sa richesse traditionnelle et contemporaine dans un album éponyme marqué par un foisonnement de sonorités et de rythmes, récemment commercialisé.

A 80 ans, Badi Lalla sort son premier album aux éditions Padidou, un opus oscillant, en neuf pistes, entre le tindi traditionnel et un genre plus contemporain baptisé «Tindi guitare», intégrant la guitare électrique et des influences de l’ishumar aux chants et aux rythmes du tindi.

L’album donne très vite le ton avec Amidinine Ibnou Achir, un morceau restituant l’ambiance des cérémonies festives du tindi faite de nappes vocales féminines, de percussions soutenues par les mains, de rythmes ancestraux et d’une touche de guitare électrique évoquant l’univers des «Tinariwen», en plus de la poésie portée par la voix profonde, envoûtante et parfois cassée de la diva.

Avec la même formule du «tindi guitare», Badi Lalla puise certaines de ces inspirations bien au-delà de Tamanrasset, chez les Touareg et le Peuls du Mali, où elle a longtemps vécu, au Niger ou au Burkina Faso. Un brassage qui se traduit dans des morceaux comme Tazout Enharet Akeydess Assouf ou Nek Aqimegh qui porte également une touche de rock et une distorsion plus prononcée.

Dans son volet contemporain, cet album a été réalisé en collaboration avec les musiciens et choristes du groupe Imzad.

L’artiste propose un retour vers les fondamentaux du tindi, une poésie féminine posée sur une nappe vocale et rythmée, de manière cyclique, par le son atypique du tindi, un pilon en bois avec une peau de bête tendue, dans des morceaux à la limite du mysticisme comme Sabhana Amanay ou encore Ited Oulhin Ichiwiden.

Le point de fusion harmonieux entre les univers contemporain et traditionnel est pleinement restitué dans la chanson Idi Yani Douhna où tous les éléments de la cérémonie tindi, la composition ishumar à la guitare, la fluidité du rythme, le remplacement de la batterie par le tindi et la profondeur de la voix de Badi Lalla évoluent naturellement en un seul ensemble.

Malgré une richesse musicale considérable, le premier album de Badi Lalla est présenté dans une pochette pour le moins rudimentaire, sans aucune recherche graphique sur l’univers de l’Ahaggar dont la richesse aurait pu inspirer l’illustration de la jaquette.

Née en 1937 à In Guezzam, au sud de Tamanrasset, près de la frontière algéro-nigérienne, Badi Lalla – Badi Lalla bent Salem de son vrai nom – diffuse dans le paysage musical targui sa poésie qu’elle collecte depuis l’âge de dix ans auprès de sa mère Lansari Bakka.

En 1990, elle crée l’association Issakta (souvenir) et s’entoure d’une quinzaine de personnes, hommes et femmes, pour se produire dans plusieurs pays d’Europe. Badi Lalla collabore depuis avec de jeunes musiciens touareg algériens, mais aussi maliens, les Tinariwen, un groupe dont les membres ont le blues et le Ténéré chevillés au corps.

R. S.

Comment (2)

    Kahina
    16 juin 2017 - 18 h 36 min

    ENfin ! l’Algérie se souvient
    ENfin ! l’Algérie se souvient de ses artistes.
    N’oubliez pas de protéger ce type de musique à l’UNESCO.. Le makhzan s’accapare de tout

      Aït chaalal
      18 juin 2017 - 21 h 29 min

      Pauvre Algérie..un pays
      Pauvre Algérie..un pays millinaire riche d’une grande culture mais délaissé par les responsables de la culture . Aucune mesure pour protéger notre patrimoine culturel de hold-up massif de makhnez et ses sbires..de ma part, j’ai eu la chance d’assister à un mini concert à Paris de notre Diva nationale de tindi madame Bali en compagnie de mythique groupe Tinariwen.. c’était un vrai régal pour les oreilles.

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