Populisme subtil

Présidence Tebboune
Tebboune serait-il l’homme de la dernière chance ? New Press

Par R. Mahmoudi – Le Premier ministre Tebboune est depuis quelques semaines sur tous les fronts, y compris politique, en se disant prêt à recevoir les chefs de l’opposition ; une tâche qui était jusque-là l’apanage de la présidence de la République ou de son directeur de cabinet. Il met tous les ministères en ordre de bataille en pleine période de vacances et oblige les ministres à assurer un rythme d’activité normal et, accessoirement, à faire de la politique, en mettant ainsi la main à la pâte pour essayer de retisser les liens de confiance avec une population désabusée et longtemps livrée à elle-même. Le ballet des ministres ces derniers jours à Tizi Ouzou, haut lieu de la contestation populaire, montre à quel point le pouvoir a besoin d’un nouveau contrat social, seul moyen pour lui d’assurer sa survie dans les années de crise qui nous guettent.

Il faut s’attendre, à l’approche de la rentrée, à des signes d’ouverture envers les partenaires sociaux et, pourquoi pas aussi, à d’importantes concessions en faveur des forces productives et en matière de libertés collectives, quitte à déplaire à certains apparatchiks du système. C’est à n’en pas douter du populisme, mais un populisme sous une forme tout à fait nouvelle, plus subtile, plus persuasive et, disons, plus rentable.

La méthode Sellal, apolitique et hyperbureaucratique, s’est avérée sans effet sur la crise morale qui paralyse le pays depuis au moins, il faut le dire, le début du quatrième mandat du chef de l’Etat. Le boycott des dernières élections législatives par la majorité de la population, malgré la participation de tous les partis politiques, a été perçu d’abord comme un désaveu du pouvoir en place. Celui-ci supportera très mal un second camouflet à l’automne prochain.

Tebboune est-il l’homme qu’il faut pour lui éviter une mauvaise passe ?

R. M.

Comment (3)

    lhadi
    19 juillet 2017 - 10 h 12 min

    Comment appelle-t-on un homme condamné par la cour des comptes pour avoir détourné des milliards en devises ?

    Comment appelle-t-on un homme condamné pour divulgation de secrets au profit d’une puissance étrangère ?

    Et pourtant, pour ne citer que ces deux là, l’un est devenu Président de la république algérienne et l’autre Président de la plus grande compagnie pétrolière algérienne.

    En disant cela, ce n’est pas pour me faire passer pour meilleur, moi qui aime mon pays comme mes parents.
    Je cherche plutôt, dirais je, à oeuvrer à une insurrection des consciences afin que cette république de copains et de coquins, qui obère toute réussite de développement politique, économique, social et culturel, devienne une histoire ancienne.

    Tel est le problème central qui doit nous occuper.

    Fraternellement lhadi
    ([email protected])

    Abou Stroff
    19 juillet 2017 - 10 h 11 min

    le système basé sur la distribution de la rente et sur la prédation (un monde ancien qui ne veut pas mourir) semble atteindre ses limites historiques tandis que le parrain des couches rentières qui jouissent des bienfaits de la rente est tout à fait inapte à « déconstruire » le système qu’il parraine et qui est en pleine déconfiture.
    Moralité de l’histoire: tebboune – qui fait partie du monde ancien – peut il participer à la destruction du système qui nous a avilis et réduits à de simples tubes digestifs ambulants? le futur prévisible apportera certainement une réponse, mais pour le moment, nous ne pouvons que wait and see.

      MELLO
      19 juillet 2017 - 17 h 11 min

      Les règles du jeu politique sont biaisées, ouvertes à tout vent sans avoir, au préalable, mis les garde-fous afin d’éviter ces dérapages ayant mené notre pays vers une guerre civile. Le peuple Algérien connait les mots démocratie, liberté, mais ignore totalement les modes opératoires. Le régime , qui connait que trop bien bien son peuple, a  » éparpillé » ces idées de démocratie et de liberté sans pour autant mettre les points d’appuis d’un tel système. Le régime enfante les règles du jeu, en concevant des constitutions sur mesure, mais il est le premier à piétiner ces règles et ces lois fondamentales. Le peuple Algérien s’est retrouvé orphelin d’un  » guide », sachant que même ces élites , censées jouer le rôle de courroie de transmission, ont été jetées en pâture par l’émergence de nouvelles classes, liées aux finances, qui font la pluie et le beau temps.

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