Le groupe Ithrène de musique chaouie anime un concert à Alger

Opéra d'Alger Boualem-Bessaih
Opéra d'Alger Boualem-Bessaih. D. R.

Le groupe Ithrène (les étoiles) de musique chaouie a animé vendredi soir à Alger un concert intitulé  «El Mahfel», en référence à son dernier opus sorti en 2017 au contenu ancestral et à la forme moderne, empreinte d’un habillage intelligent, conçu dans des rythmes et des arrangements ouverts sur les musiques du monde.

Accueilli à l’Opéra d’Alger Boualem-Bessaih, le groupe Ithrène a livré une prestation pleine, devant la centaine de spectateurs venue apprécier les pièces de son dernier-né, après «Imazighen» (1993) et «New Tindi» (2011), sorti en hommage au monument de la musique targuie Othmane Bali disparu en 2005.

Durant 70 minutes, Aziz Laïb, au chant et au bendir, Mohcène et Yazid Ferrah, aux guitares, électrique et basse, Wassim Remmache au clavier-synthétiseur, Amir Bouzidi à la trompette et Ali Zaïdi à la batterie ont fait montre de technique et de créativité, donnant de la hauteur au patrimoine musical chaoui dans des interprétations ouvertes, entre autres, sur le rhythm and blues, le rock et le jazz-rock, auxquelles le public a adhéré.

Les pièces El-Mahfel, Ach Abouya, Ouchen (Le loup), Agoujil (L’orphelin), Idhelli (Hier), Tidoukla (L’amitié), Eddourth Fellam (Ton tour est venu, s’adressant à une femme), Adrar En’Lawrès (La montagne des Aurès) et El-Fouchi (le fusil) du dernier opus ainsi que Tamurt En’Nagh (Notre patrie), Allah A Yemma et Ach Mezrigh (Je te voyais) de l’album «New Tindi» ont été brillamment déroulées, incitant le public à céder au relâchement.

Les instrumentistes brillants de maîtrise et de professionnalisme ont rendu un spectacle plaisant, caractérisé par un travail de recherche approfondi, où l’harmonisation conçue dans les intervalles ouverts des gammes pentatoniques a été embellie de marquages et syncopes rythmiques.

Aziz Laïb à la voix étoffée et Mohcène Ferrah, virtuose de la guitare, ainsi que Yazid Ferrah à la basse et le batteur Ali Zaïdi, agissant tous deux dans la rigueur du métronome, ont particulièrement brillé, faisant montre de toute l’étendue de leurs talents, respectivement dans des intonations vocales aux vibrations autochtones et des phrasés rapides joués à trois dans une parfaite synchronisation et avec une dextérité remarquable.

Chantant en tamazight la fête, la terre, les traditions chaouies, l’amour, la fierté, le rapport à la mère, la montagne et la patrie, le groupe Ithrène a séduit l’assistance qui a interagi avec le chanteur et répondu aux sollicitations du guitariste, appréciant chaque instant du concert dans l’allégresse et la volupté.

«Le groupe Ithrène nous a bien fait voyager, bravo à eux !», a confié une spectatrice à l’issue du spectacle.

Fondé en 1992 par Aziz Laïb et les frères Ferrah : Mohcène, Yazid et Rabah (absent au concert), le groupe Ithrène ambitionne de donner un habillage contemporain, ouvert sur le jazz au genre chaoui, un des registres du riche patrimoine musical algérien.

Programmé pour une représentation unique dans la capitale par l’Opéra d’Alger sous l’égide du ministère de la Culture, le groupe Ithrène animera, selon Yazid Ferrah, un concert à Annaba le 18 août prochain.

R. C.

Comment (2)

    Chaoui ou zien
    12 août 2017 - 21 h 38 min

    Bravo! J’espere que vous serez les ithrenes qui guideront les autres chanteurs et groupes chaouis, surtout ceux qui, comme une fausse note, chantent un patrimoine millenaire dans une langue venue d’ailleurs.

      Chaoui et demi
      19 août 2017 - 0 h 25 min

      Les chaouis chantent aussi bien en chaoui qu’en arabe et ne cherchent pas à faire plaisir aux Français pour les présenter comme des « Berbères » comme certains car ils se considèrent Algériens avant tout.

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