Rupture

tripartite
Le Premier ministre Ahmed Ouyahia. New Press

Par Kamel Moulfi – Le premier acte politique d’Ahmed Ouyahia après sa surprenante nomination, le 15 août, au poste de Premier ministre, aura un contenu économique et social.

C’est dans cette sphère que se trouve l’épicentre des secousses – actuelles et à venir – qui risquent de porter un coup dur à la stabilité du pays. Jeudi, selon l’information donnée par le journal Ennahar, Ouyahia tiendra avec les partenaires du gouvernement (UGTA et représentants du patronat) une séance préparatoire pour la prochaine réunion de la tripartite. Même endroit, même heure que celle organisée par son prédécesseur, Tebboune, le 30 juillet ? C’est sans importance. Ce qu’attendent les observateurs, c’est d’abord d’en connaître l’ordre du jour et, pour les journalistes, au cas où la séance est ouverte à la presse – ce qui est peu probable – pouvoir suivre les discussions entre ces partenaires.

Une question triture les esprits : tout ce qu’a avancé Tebboune au cours de «sa» réunion préparatoire sera-t-il effacé par Ouyahia ? A commencer par la date et le lieu de la prochaine tripartite (23 septembre à Ghardaïa), une façon de marquer ostensiblement la rupture avec son prédécesseur ? Sera-t-il question, comme l’avait envisagé l’éphémère Premier ministre précédent, de faire le bilan des premières actions engagées dans le cadre du Pacte national économique et social de croissance ? Autrement dit : Ouyahia va-t-il lancer l’opération d’évaluation des derniers jours de Sellal avant son remplacement – surprenant lui aussi, on s’en souvient – par Tebboune ?

Les vents ne sont pas favorables à Ouyahia. A quelques jours de l’Aïd mais aussi de la rentrée scolaire, la hausse des prix s’installe dans une tendance qui contraste avec la clémence observée durant le Ramadhan et même une partie de l’été – grâce à l’effet Tebboune ? Les partenaires de la tripartite sont-ils à l’écoute de la préoccupation des ménages qui se demandent si leur pouvoir d’achat, déjà érodé, pourra supporter le choc des prix et tarifs pratiqués qui font grimper en flèche le coût de la vie ? Ont-ils oublié que c’est là une des raisons du mécontentement populaire qui monte, accompagné de l’angoisse que la flambée des prix qui déséquilibre totalement les budgets ne pourra pas être jugulée, comme le confirment les récentes données officielles sur l’inflation ?

Quant aux partis politiques de l’opposition, cela ne semble pas être leur affaire ; ils sont concentrés sur les élections locales.

K. M.

Comment (7)

    Felfel Har
    22 août 2017 - 22 h 42 min

    Contrairement à Hercule, ce demi-dieu, qui a achevé chacun des fameux douze travaux par la force, la ruse et l’ingéniosité, notre Hmimed n’en réussira aucun de ceux que le président lui a confiés. Pourquoi? Parce qu’il veut une chose et son contraire, plaire à ses courtisans prévaricateurs tout en se proclamant gardien des lois du pays (normalement les voleurs croupissent en prison selons nore Code Pénal), favoriser une caste de privilégiés tout en prêchant l’unité nationale. Autant résoudre la quadrature du cercle! It is mission impossible! Je parie que d’ores et déjà, on est à la recherche du prochain PM. Next, au suivant!!! Pourquoi? Parce qu’il y a un record à battre, un PM par année de règne, qui dit mieux? Il paraît que Belkhadem a repris les entraînements car il pense qu’il est sélectionnable.

    MELLO
    22 août 2017 - 15 h 40 min

    Le mot épicentre fait référence , quasi-unanimement, à un séisme. Quelle est son amplitude ? Reste à voir avec ce OUYAHIA déroutant. La majorité , ceux qui se sont abstenus un certain 4 Mai 2017, se rappelle tous que ce Ouyahia avait mené la guerre aux cadres algériens. Une guerre impitoyable baptisée «opération mains propres». Loin d’égaler le modèle italien dont elle s’est inspirée, cette opération a conduit des milliers de responsables d’entreprises publiques en prison. On avait parlé à l’époque de 6380 cadres mis en détention. Une bonne partie d’entre eux étaient innocents. Ouyahia s’était défendu en parlant de «moralisation de la vie publique». Des centaines de ces cadres ont bénéficié d’un non-lieu de la part d’une justice qui, dès le début, était complice. Quel était le but de cette campagne ? Le démantèlement du secteur industriel public puisque la corruption et le détournement des deniers publics sont, depuis cette date, devenus de plus en plus présents au point de menacer l’ensemble de l’économie nationale.
    Les Algériens n’oublieront jamais la ponction autoritaire sur le salaire des fonctionnaires décidée par Ouyahia entre 1996 et 1998. Cette décision avait été présentée comme «une mesure d’austérité» pour réduire la dépense publique. Cela a rendu Ouyahia impopulaire. «Quand il a fallu réduire les salaires, je l’ai fait. Quand il a fallu fermer des entreprises et licencier, je l’ai fait. Je ne suis pas de ceux qui cherchent coûte que coûte à être populaires. S’il faut à nouveau prendre des mesures impopulaires, je le ferais», devait déclarer Ouyahia à l’APN en 2008. Imperturbable donc, il a, à deux reprises, ordonné des ponctions sur salaire pour torpiller des mouvements de grève dans les secteurs de l’éducation et de la santé. Cela ne l’a pas empêché de déclarer dans une interview à Jeune Afrique : «La contestation syndicale est somme toute normale dans un pays qui sort d’une longue période de violences politiques.» . Ahmed Ouyahia, (…) est devenu un serviteur au clan du président à partir de 2003. (…) Mais Ouyahia est tombé dans les bras larges des Bouteflika, sa famille et son entourage. (…) «Il faut penser à demain», a souvent dit Ouyahia. Oui, mais comment ? Il n’existe pas de mécanisme sérieux d’études prospectives en Algérie. Les structures créées jusque-là ne servent à rien, si ce n’est à élaborer des rapports que les Algériens ne liront pas. Énigmatique, Ouyahia a eu cette déclaration : «En Algérie, il faut faire le mineur pour savoir ce qu’il y a sous terre.» Difficile de trouver une solution à cette équation à deux inconnues, n’est-ce pas ?

    slam
    22 août 2017 - 13 h 09 min

    Les prix qui flambent, les menages qui se serrent la ceinture, les dépenses pour le mouton de l’Aid… Tout l’univers philosophique et civilisationnel du pays est centré sur le kerche!!! Pour les droits constitutionnels, l’équilibre et l’indépendance des pouvoirs, le vote non truqué, les droit des femmes, la santé, la culture… oh mon dieu la Culture ! Non surtout pas ça ! Un peuple avachi et réduit au stade primaire de tube digestif avec une moitié de cervelle encore fonctionnelle pour recevoir sa dose quotidienne de coke religieuse et le voilà bien shooté… Inch’Allah.

      Anonyme
      22 août 2017 - 16 h 08 min

      Très bonne analyse,Yatek Saha…..on revient à une remarque (transformé en blague par les algeriens) d un ancien du FLN »on est au bord du précipice, mais on fait un grand pas en avant »,el faham yefham….

    lhadi
    22 août 2017 - 12 h 19 min

    Le nouveau modèle économique algérien est un slogan chic pour faire choc. Cette arlésienne a été instituée pour détourner les masses de la seule tache qui mérite adhésion et que l’urgence rend nécessaire : se mettre en ordre de bataille pour changer le système, d’un autre âge, de cette république de copains et de coquins qui obère toute chance de développement , d’un Etat fort, d’une république solide, d’une Algérie moderne, apaisée et conquérante dans ce monde de globalisation politiquement et économiquement injuste.

    La Commédia dell’arte jouée par des acteurs de bas niveau doit cesser. !

    Le pays d’un million et demi de martyrs a besoin d’un Président de la république qui préside dans le respect de la voie tracée par la loi fondamentale de la République, d’un premier ministre qui gouverne avec toutes les prérogatives que lui octroie la constitution et enfin d’un Parlement, affranchi de toutes compromissions, qui contrôle l’action gouvernementale et légifère.

    En d’autres termes, il ne peut y avoir de développement économique et social sans développement politique.

    Fraternellement lhadi
    ([email protected])

    Smail Ighmat
    22 août 2017 - 12 h 18 min

    Cher Kamel Moulfi , avec tout le respect que je vous dois , je ne comprend pas pourquoi vous vous cassez la tête à chercher à expliquer ce que va faire ou ne pas faire Ouyahia , par quoi il va commencer et comment il va s’y prendre ! Vous vous voulez que je vous dise pourquoi ? Eh bien parce que Ouyahia ne fera que mettre en oeuvre le « programme du Brizidène » ! Eh oui, on entend çà depuis …. 1999 !

    PS1 : j’ai même entendu il y a quelques heures, un certain Ghoul (le maître d’ouvre et le maître d’ouvrage de l’autoroute Est-Ouest, ce chef d’œuvre plein de malfaçons qui a coûté le double de son coût initial), donner des conseils à Ouyahia pour ne pas précipiter la prochaine réunion de la tripartite. Il lui conseille de prendre le temps de réfléchir un peu plus pour affiner et affûter les dossiers à discuter et les actions à mener ! Non mais, je crois qu’il y a des canards qui s’égarent un peu trop et qui nous prennent pour des zombies alors que le programme à mettre en oeuvre est très clair et sans ambiguïté puisque c’est celui du ….. Brizidène !!!

    PS2 : cher Kamel Moulfi , si jamais le programme du Brizidène, vous tombe un jour par hasard entre les mains, faîtes en part aux zombies que nous sommes, on vous sera très reconnaissant !

    Mes respects !

    Abou Stroff
    22 août 2017 - 10 h 44 min

    je ne m’attends à rien de surprenant de la part de ouyahia. en effet, puisque ce dernier ne fait qu’appliquer le programme de son fakhamatouhou (qui, soi dit en passant, n’a pas de programme) il n’y aura aucune surprise. le pouvoir en place dirigé par ouyahia, les augustes chefs d’entreprises dirigés par haddad et les augustes syndicalistes dirigés par sid saïd trouveront, sans nul doute, un terrain d’entente pour appliquer le programme de leur fakhamatouhoum (qui soit dit, en passant, n’a pas de programme).
    moralité de l’histoire: tout se résume au syphonnage, sans trop de remous, de la rente par les « belligérants ». le reste, tout le reste n’est que littérature de bas niveau pour niais confirmés.

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