Tout est politique ?

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Le laxisme des autorités locales engendre des inondations à la moindre averse. New Press

Par Kamel Moulfi – La scène politique occupe tout l’espace médiatique en Algérie, avec une actualité nationale littéralement écrasée par l’épisode Tebboune et son passage furtif à la tête du Premier ministère. Le feuilleton a perdu de son suspense à la suite du limogeage de celui qui dérangeait et son remplacement par Ouyahia, mais les sources d’inspiration des commentaires n’ont pas pour autant été taries, elles se sont au contraire renouvelées et réalimentent les spécialistes chargés d’éclairer l’opinion publique.

Seulement, maintenant, l’attention des Algériens a changé de cap. Les vacances terminées, ils retrouvent les problèmes de la vie quotidienne, ceux qui persistent depuis longtemps, non résolus, et ceux qui surgissent au fil des jours. Un de ces tracas a été rappelé au bon souvenir de chacun par les pluies diluviennes de cette fin de semaine. Ce sont les inondations.

Les «technocrates» du gouvernement et ceux qui sont à divers autres niveaux de responsabilité, connaissent l’état de fonctionnement des institutions et organismes en charge des services publics. Concernant les inondations, des actions devaient être entreprises pendant la saison estivale comme mesures préventives et un dispositif d’intervention devait être préparé pour limiter les dégâts. Les dernières averses – un orage de courte durée pourtant, à peine quelques minutes – ont montré en maints endroits l’inefficacité des moyens de prévention mis en œuvre localement. Déchets hétéroclites et gravats ont été entraînés par les eaux boueuses pour obstruer les voies de circulation. Un coup d’œil sur la voierie permet de prévoir qu’en cas de pluie, les avaloirs seront vite bouchés et les rues inondées. Qu’en sera-t-il, lorsque tomberont les «vraies» pluies d’automne, redoutées du fait de leur forte intensité et du risque d’inondation qui les accompagne ?

A cause de l’absence de contrôle qui règne pratiquement partout, toute instruction venue d’en haut est inconsistante, sans effet réel sur les comportements du personnel appelé à l’appliquer. Celle qui concerne la lutte contre les inondations n’échappe pas à cette règle. La solution est à l’échelle politique.

K. M.

 

Comment (6)

    Wahiba
    30 août 2017 - 14 h 13 min

    Connaissez-vous le maire (président d’APC) de votre commune? depuis le décès de feu Boumédienne, nous n’avons jamais vu ni connu nos maire. Nos communes sont à l’image de nos maires et seules celles qui offrent aux yeux des citoyens une commune misérable est certainement gérée par des incompétents corrompus qui volent l’argent du contribuable.

    Lakhdar
    30 août 2017 - 6 h 24 min

    Nous avons écrits à tous les ministres de la Ressource en eau successifs pour les inciter à créer des recharges artificielles comme l’a fait le HCDS notamment par des retenues colinéaires voire mê un lac pour des villes comme Alger; ces inondations emportent une autre ressource plus importante, les sols alluviaux vers la mer; des études que nous avons faites montrent qu’il possible de créer au moins 60 retenues d’eau de ruissellement/wilaya du Nord qui serviront à l’infiltration des eaux pour élever la nappe phréatique d’une moyenne de 27 m: mais le manque de civisme de ces ministres n’a pas permis de telles réalisations. Sid Ahmed Ferroukhi en tant que député a été mis au courant de cette étude ….

      Djamel BELAID
      30 août 2017 - 11 h 58 min

      MISER SUR LE SEMIS DIRECT. Il faut progressivement bannir le labour qui favorise l’érosion du sol. Il faut le remplacer par le semis direct. Il permet une meilleure infiltration de l’eau des pluies dans le sol. Ce type de semis réalisé par un semoir spécifique (semoir pour semis direct) permet de semer très rapidement et de profiter de l’humidité du sol suite à ces orages. On peut ainsi semer des fourrages pour l’automne.
      Djamel BELAID. Ingénieur agronome.

        Riri
        30 août 2017 - 13 h 08 min

        « MISER SUR LE SEMIS DIRECT » sous couvert vegetal est encore mieux .Il permet un arrêt de l’érosion par l’eau et le vent, une économie très importante en arrosage par le maintien d’une couverture végétale, une suppression des engrais chimiques, une économie importante en carburant par le non labour et une reconstitution rapide de l’humus. Ce qui compte, c’est reconstituer un sol vivant. Le couple de micro-biologistes Bourguignon expliquent ça très bien , il existe plein de vidéo à ce sujet sur le net. J’espère qu’un jour, un responsable aura l’intelligence de les inviter pour leur permettre de présenter cette technique écologique rentable qui respecte ce que Dieu a créé sans empoisonner la terre. AP devrait les interviewer
        https://www.youtube.com/watch?v=5DNL_hHPCwg

      MELLO
      30 août 2017 - 13 h 55 min

      Comment vous dire , c’est le résultat d’une gabegie de ce système. Il parait aller de soi que de telles méthodes ne peuvent être le résultat de consultation entre la société et ses gouvernants. Dans les systèmes verrouillés, le régime en place va chercher autant que faire se peut à maintenir le peuple isolé de toute participation à la vie politique. Et dés lors que la dichotomie entre le pouvoir et la société est consommée, celui-là va légiférer dans le but de museler celle-ci. A partir de là, la vie politique nationale se limitera à l’éternel bras de fer entre le pouvoir et le peuple. Ce dernier, en tout cas, cherchera par tous les moyens à exprimer son mécontentement. Car s’il reste indéfiniment inoffensif, la société risque le chaos mortel, pour reprendre une idée de Hegel. Du coup, l’absence de débat influe négativement sur la libre expression. Selon cette vieille tradition de la mentalité militaro-révolutionnaire, le pouvoir ne considère les intellectuels que lorsqu’ils véhiculent son idéologie ou sa propagande . Dans un système bridé, le régime distingue-t-il d’ailleurs universitaire ou non universitaire dans sa politique d’emprise sur la société ?

    MELLO
    29 août 2017 - 17 h 36 min

     » toute instruction venue d’en haut est inconsistante, sans effet réel sur les comportements du personnel appelé à l’appliquer. » Voilà tout le problème de cette Algérie qui n’arrive pas à faire démarrer le pignon le plus important qu’est le peuple . Bien que le pays soit très riche, sa jeunesse est soumise à des formes d’injustices et d’humiliations intenables. Le peuple doit, et ceci est une évidence, prendre son destin en main en dehors de toute manipulation. Il doit réclamer le droit à la liberté et la bonne gestion de ces deniers. Pour ce faire, il ne faudrait pas qu’il attende une recette miracle survenant ex nihilo. Le sentiment de responsabilité est indissociable d’une éthique militante minimum. C’est pourquoi les Algériens méprisent la loi du silence, la langue de bois, le caporalisme de bazar et tout ce qui rappelle les pratiques et les mentalités des mutants qui prétendent gouverner en gérant l’irresponsabilité et en se laissant gérer par elle. La catastrophe qui vient de toucher la capitale est l’illustration visible de l’irresponsabilité criminelle qui a provoqué chacune des causes jusqu’ici imperceptibles qui ont engendré cette effroyable bourbier torrentiel. Pourtant les fonctionnaires de notre météo n’avaient pas manqué, à chaque fois, de tirer la sonnette d’alarme en annonçant l’arrivée des pluies torrentielles. C’est dire le degré du chaos institutionnel, du je-m’en-foutisme et de déshumanisation nourris par l’effarante absurdité de la dépolitisation. Les réactions de boycott des citoyennes et citoyens viennent de rejeter catégoriquement le règne des Tontons Macoutes indignes de notre pays. De plus quelle garantie crédible peut offrir un régime de non droit : une réforme octroyée aujourd’hui peut-être reprise et violée, demain, à l’exemple de toutes les constitutions et des lois octroyées par les caprices des seigneurs de la finance.

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