La «vraie» rentrée

Villes fantômes ce weekend pour cause d’Aïd, les Algériens ont souffert pour trouver un magasin ou un bus. D. R.

Par Kamel Moulfi – De quoi discutent les Algériens qui ont d’autres paroles à échanger que «saha aïdek» en ce jour de prétendue reprise du travail, après un weekend de fête qui a clôturé les vacances ? La lecture de la presse permet de le savoir : l’élimination pratiquement «acquise» de la Coupe du monde 2018 qui se déroulera en Russie en juin prochain ; le pied de nez des commerçants et des transporteurs privés aux pouvoirs publics qui avaient intimé l’ordre aux uns d’ouvrir et aux autres de circuler les jours de l’Aïd ; le spectacle de la saleté dans les rues et autres espaces publics… En fait, que des préoccupations «domestiques» et terre à terre, dans une réalité qui ne connaît aucun changement les jours d’Aïd depuis de longues années.

Finalement, la notion de service public est incompatible avec la célébration des fêtes religieuses en Algérie. D’après des correspondants régionaux de presse, l’absentéisme a touché en certains endroits même le personnel des urgences des hôpitaux et, presque partout, les pharmacies sont restées fermées durant l’Aïd. Les plus malheureux sont ceux qui habitent dans les quartiers, cités ou villages privés d’eau.

Villes fantômes ce weekend, pour cause d’Aïd, les rues des grandes agglomérations grouillent de monde aujourd’hui, pourtant jour ouvrable, ni chômé ni payé, ni dans la Fonction publique ni dans les autres secteurs d’activités, comme si la fête se prolongeait par un accord tacite entre tous, simples citoyens et responsables, aux uns l’incivisme, aux autres le laisser-aller. Une sorte de compensation.

L’indicateur probant sera donné le jour de la rentrée scolaire fixée au 6 septembre avec le taux de présence qui sera enregistré. On dit que la véritable rentrée sociale, y compris scolaire, a été fixée «informellement» au 10 septembre. Et c’est celle-là qui serait valable pour tous. On verra si l’impunité admettra cette dérive.

Les Algériens méritent-ils mieux ? Oui, à condition d’agir sur les facteurs qui poussent au marasme. L’état d’esprit négatif qui domine dans une grande partie de la population, et le mauvais fonctionnement de la plupart des institutions, deux phénomènes liés entre eux, ne sont pas des fatalités.

K. M.

Comment (2)

    Prédator.dz
    4 septembre 2017 - 7 h 37 min

    Mais les algériens, dans leur immense majorité, ne veulent pas changer,ils ne veulent pas travailler, ils ne veulent pas être plus propres, ils ne veulent pas être plus civilisés, ils ne veulent pas arrêter de tricher aux examens, ils ne veulent pas arrêter de tricher aux élections, et ……ILS NE PEUVENT PAS… c’est une situation qui arrange un peu tout le monde. Hennini N’hennik!

    Zahir Oukmanou
    3 septembre 2017 - 13 h 07 min

    Monsieur Kamel Moulfi, vous dîtes : « Les Algériens méritent-ils mieux ? Oui, à condition d’agir sur les facteurs qui poussent au marasme. »
    Cher Monsieur Kamel Moulfi , je sais que vous savez que la seule solution pour obtenir des améliorations dans notre pays à terme, c’est de changer dès aujourd’hui de système politique, c’est de changer de personnel politique, c’est de changer de gouvernance, c’est de changer le paradigme et la matrice politico-idéologico culturelle algérienne héritée de la « clique » de 1962, c’est de donner une vision moderniste et universelle à l’Algérie. Çà commence déjà, au minima, par le changement des contenus des programmes, des modes d’apprentissage et pédagogiques au sein de l’école de la République. Voilà la vérité Monsieur, que vous savez, j’en suis persuadé !
    Mes sincères respects !

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