Pourquoi l’Algérie boude une rencontre à Londres sur la crise libyenne

crise libyenne
Réunion des pays amis de la Libye à Alger en mai 2017. New Press

Par Sadek Sahraoui Le ministre britannique des Affaires étrangères, Boris Johnson, a estimé jeudi après-midi que le moment était venu d’organiser des élections en Libye pour mettre fin à l’anarchie politique qui y règne depuis 2011, date du renversement par le couple franco-britannique de Mouammar Kadhafi.

«Est-il prématuré de tenir des élections dans un délai d’un an ? Je pense qu’il pourrait s’agir du bon moment. Les Libyens doivent se préparer à retourner aux urnes en 2018. Il est très important, cependant, de ne pas trop se presser. Il doit y avoir une constitution et une base acceptée pour que ces élections se déroulent», a-t-il déclaré à Londres lors d’une conférence de presse animée conjointement avec le Secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson au terme d’une rencontre consacrée justement à la Libye et à laquelle ont pris part des représentants français, italien, égyptien et des Emirats arabes unis.

A l’exception de l’Egypte, aucun autre pays voisin de la Libye n’a pas pris part à cette rencontre. Leur absence est à décrypter comme un refus clair de leur part de cautionner l’événement. A l’instar des poids lourds de l’Afrique, les pays voisins de la Libye sont très attachés à la position de l’Union africaine sur la Libye, qui soutient le plan de règlement de la crise de l’ONU et perçoit la kyrielle d’«initiatives de paix» lancées par certains pays occidentaux comme une forme d’ingérence et de parasitage. Pour beaucoup, ces médiations ne sont que des subterfuges mis en place par les Occidentaux pour veiller sur leurs intérêts et briller au plan diplomatique.

Le président de la Commission de l’Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, avait, d’ailleurs, déclaré à ce propos, la semaine dernière en ouverture d’une réunion du Comité de l’UA sur la Libye à Brazzaville, que «rien n’est plus nuisible à nos efforts de solution de la crise libyenne que la contrariété des agendas et des approches des intervenants». «Je voudrais par la voie la plus audible exprimer la forte opposition de l’Afrique à cette contrariété et à ces dissonances des interventions, approches et agendas extérieurs», a ajouté Moussa Faki, plaidant pour une «meilleure cohésion entre les acteurs internationaux» pour éviter les «dysfonctionnements» et la «cacophonie». Des observateurs avaient interprété ses propos comme une critique voilée envers l’initiative du président Macron, qui avait réuni, à Paris fin juillet, le Premier ministre libyen, Fayez Al-Sarraj, et son rival, le maréchal Khalifa Haftar.

S’agissant de la rencontre elle-même, nos sources indiquent que l’émissaire de l’ONU pour la Libye, Ghassan Salamé, qui y était également présent, a fait le point sur la situation dans ce pays livré au chaos. A l’occasion, il a soutenu la nécessité de mettre en place un solide dispositif législatif pour faire en sorte que le changement que tout le monde demande soit durable.

Selon le Foreign Office, la réunion était destinée à chercher à «surmonter l’impasse politique» en Libye. «Nous espérons mettre l’accent sur la médiation menée par les Nations unies et sur le processus politique, leur donner un nouvel élan pour parvenir à rétablir l’unité en Libye», a confirmé le responsable américain Brian Hook, misant en partie sur le renouvellement des acteurs avec un nouveau Secrétaire d’Etat américain, un nouvel Emissaire de l’ONU et un nouveau Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres. Brian Hook a estimé, en outre, que la Libye est «extrêmement fragmentée, et l’absence de stabilité crée un espace pour les terroristes qui préparent des attaques contre l’Occident». Il a espéré que ce «processus mené par les Libyens» sous la houlette de l’ONU permette d’«éviter une solution militaire».

Khalifa Haftar et Faïz Al-Sarraj, les deux principaux protagonistes de la crise, avaient, rappelle-t-on, déjà promis aussi à Paris, en juillet dernier, de travailler à la tenue d’élections en 2018. Mais, pour le moment, aucun de deux acteurs ne donne vraiment l’impression d’aller dans le sens des engagements pris.

S. S.

Comment (12)

    Expression
    16 septembre 2017 - 19 h 04 min

    C’est eux même les occidentaux avec l’aide du Quatar et bien d’autres pays Arabes qui ont commis le désordre et les assassinats,et maintenant ils veulent remette de l’ordre comme si rien ne ces passer bandes de criminels l’Axe c’est bien vous les occidentaux avec vos valets.

    docteur haydar
    16 septembre 2017 - 12 h 32 min

    A vu d’œil rien ne sera comme avant pour l’occident propulsé en cette circonstance par le biais d’un bi-turbo satanique USA/ISRAËL qui est en train de les mener vers de probables conflits armés avec de nouveaux outsiders dans la scène internationale Russie/Chine/CDN/Iran/Turquie.
    Même si leurs complexes militaro-industriels restent intacts technologiquement,ils demeurent en revanches des pays frisant la banqueroute,ils n’ont plus les moyens financiers pour s’embarquer dans des expéditions punitives contre des régions ou pays dit récalcitrants à leur hégémonisme sournois,d’autant plus que les pays qui habituellement leurs signent des chèques à blancs sont confrontés en interne à des émeutes populaires.La fracturation de la nation arabe en plusieurs mini bloc en est déjà la meilleure des illustrations.Dans le contexte régional plus précisément Afrique du nord/Libye,L’Algérie connait mieux que quiconque les vrais enjeux tout autour d’elle,alors si elle n’a pas jugé important de participer ou carrément bouder cette réunion de la loge satanique,elle connait les vrais tenants et aboutissants. Certains de nos compatriotes verraient d’un bon œil qu’on fasse partie d’une coalition pro-occidentale,serait-ce une bonne chose,je ne pense pas pour ce qui me concerne nous serions entraînés tout le temps dans des conflits contres des blocs plus puissants et aguerris.Notre échappatoire est de rester dans une neutralité sournoise

    Prédator.dz
    16 septembre 2017 - 11 h 11 min

    En Libye comme ailleurs, se sont les Etats Unis et les Occidentaux qui distribuent les rôles de figurants (seulement de figurant). Pour l’Algérie, en dépit d’une gestuelle (gesticulation) soutenue de notre MAE, aucun rôle ne nous est échu, pour la simple raison que notre sécurité n’intéresse pas Londres. Celle de l’Egypte si! en raison du fait que ni les Etats Unis ni l’Europe ne voudront voir ce Barrage/Tampon que constitue l’Egypte vers Israél céder et voir se déverser la peste terroriste. Ce qui se décidera à Londres ne concerne que ceux qui sont totalement affidés aux USA.

    yugarithen
    15 septembre 2017 - 18 h 33 min

    Pour être respecté,il faut être respectable.comment veut on que les puissances étrangères tiennent compte de l’avis de notre pays quand on voit le cinéma qui se joue au sommet de l’état , juste pour garder le pouvoir,préserver les privilèges et mourir sur le trône.quelle mesquinerie ! l’assassinat du grand patriote Boudiaf,les coups bas contre Belaid Abd eslam,l’assassinat de Kasdi Merbah,le complot contre le président Zeroual et la mascarade de 1999 sont les derniers coups dans le dos de l’Algérie souveraine.depuis, ce n’est que du cinéma et une mise seine pour cacher les trahisons contre la patrie au profit d’une mafia et des puissances étrangères, avec les slogans trompeurs (Arfaa rassek ya ba et Djazair El Aizza w el karama).

    Logiciel
    15 septembre 2017 - 17 h 38 min

    Pour voir loin très loin et même très très loin..

    Question pour Winston Churchell :

    Comment un homme s’assure-t-il de son pouvoir sur un autre, Winston?
    Winston réfléchit:
    – En le faisant souffrir répondit-il.
    – Exactement. En le faisant souffrir. L’obéissance ne suffit pas. Comment, s’il ne souffre pas, peut-on être certain qu’il, non à sa volonté, mais à la vôtre? Le pouvoir est d’infliger des souffrances et des humiliations. Le pouvoir est de déchirer l’esprit humain en morceaux que l’on rassemble ensuite sous de nouvelles formes que l’on a choisies. Commencez vous à voir quelle sorte de monde nous créons?
    C’est exactement l’opposé des stupides utopies hédonistes qu’avaient imaginées les anciens réformateurs. Un monde de crainte, de trahison, de tourment. Un monde d’écraseurs et d’écrasés, un monde qui, au fur et à mesure qu’il s’affinera, deviendra plus impitoyable. Le progrès dans notre monde sera le progrès vers plus de souffrance. L’ancienne civilisation prétendait être fondée sur l’amour et la justice, la nôtre est fondée sur la haine.. Dans notre monde, il n’y aura pas d’autres émotions que la crainte, la rage, le triomphe et l’humiliation. Nous détruirons tout le reste, tout.

    Jean_Boucane
    15 septembre 2017 - 16 h 49 min

    Comment je peux me presenter aux elections municipales de bechar SVP>

    TARZAN
    15 septembre 2017 - 16 h 47 min

    la libye et mitoyenne et l’algérie donne l’impression qu’elle est à 20.000 km de nos frontières tant notre diplomatie est molle et que l’algérie n’a pas menacé les ennemis de la libye que notre armée est prête à franchir la frontière. quand l’otan voient nos chars et nos avions sur la frontière avec la libye, ils nous considèreraient autrement. il faurt que nos autorités expriment clairement la ligne rouge que ses intervenants extérieurs à la région la ligne rouge, comme l’a fait la turquie en syrie et en irak!

      TARZAN
      16 septembre 2017 - 13 h 05 min

      je réponds à ceux qui m’ont donné les dislike: si bouteflika a donné à l’armée algérienne les moyens et l’a équipé d’équipement sophistiqués, c’est pour que l’algérie soit crainte et respectée. montrer sa puissance militaire aujourd’hui garantie une bonne place dans le concert des nations. quand on voit des pays minable comme les émirat qui s’immisce dans la sécurité de notre région où l’alérie est directement concernée, cela veut dire qu’elle ne considère même pas notre pays et nous compare au tchad ou niger. quand on montre notre puissance militaire, ils verront l’algérie autrement: avec crainte et respect. erdogan l’a compris et rien ne se fait au moyen orient sans l’accord de la turquie. autre exemple; l’allemagne est dix fois plus riche et plus puissante que la france, mais c’est la france qui a le dernier mot en politique internationale et qui dicte la feuille de route à l’alemagne (cas de la syrie et de la libye) car l’allemagne n’a pas une diplomatie agressive. le maroc a une diplomatie agressive (de bluff) et voilà qu’il colonise le polisario depuis 40 ans et on est parti pour 40 autres années, si le polisario ne montre pas ses dents!

        Jean_Boucane
        16 septembre 2017 - 14 h 16 min

        tu as raison Tarzan mais cela n’arrivera qu’avec l’arrivée de nouveau dirgieant qui ont la cinquantaine… quand on va renouveller les dirigeants comme on la fait a Bruxelles avec Amar Belaini tu verras qu’on va commencer a etre de nouveau dynamique! La on manque d’agressivité mais c’est plus du a l’age des personnes qui nous dirige…

        Amitou
        16 septembre 2017 - 18 h 49 min

        L Etat le plus puissant d Europe c est l Allemagne.
        L Allemagne n exerce pas de diplomatie cinema.Sa diplomatie est tres efficace et tres discrete et sert ses ineterets,car en politique il n y a que des interets a defendre et preserver.

    Sprinkler
    15 septembre 2017 - 16 h 16 min

    Les parrains du chaos libyen ne font qu’assurer le service après vente. Après avoir détruit la Libye, ils offrent de la reconstruire selon leur propre cahier des charges. Comme expliqué dans l’article, l’Algérie a mieux à faire que de se prêter à ces mascarades diplomatiques.

    Otto
    15 septembre 2017 - 16 h 11 min

    Le royaume unis, les usa et surtout la france sont les principaux pays qui ont fait de la Libye ce qu’elle est aujourd’hui. Ils ont semé le chaos, ils ont tué kadhafi, ils ont morcelé la Libye, ils ont armé des terroristes et grâce à eux toute la région du sahel est instable politiquement, securitairement et humainement.
    Par contre, ils ont sécurisé leurs approvisionnements en pétrole libyen bon marché.
    L’Algérie investie des milliards de dollars chaque année pour sécuriser ses frontières et empêcher les hordes terroristes de pénétrer en Algérie pour commettre leurs sales besognes, l’Algérie devrait demander des comptes à ces 3 lascars qui comme des chiens enragés, braillent nuit et jour pour la coopération anti terroriste mais qui en fin de compte sont les instigateurs du terrorisme au doux nom de printemp arabe, toz.

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