L’art oratoire fait flamber le marché des idées chauvinistes

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A quoi bon parler quand on ne sait pas écrire ? New Press

Par Mohamed Benallal – Notre culture algérienne, en l’état l’actuel des choses, n’a jamais permis de transmettre l’écrit de façon étendue depuis l’enfance. A l’école primaire d’hier, on était soumis à écrire avec la plume et l’encre selon un art du beau et de l’agréable, au lieu du stylo à bille d’aujourd’hui. Un effort considérable était déployé pour calligraphier proprement un mot, une phrase, un paragraphe afin de bien le mémoriser et donc l’enfoncer dans la tête. L’écriture était un art, cet art auquel était soumis l’enfant d’hier quotidiennement, avant même d’apprendre à lire ce qui y était écrit.

Lire et écrire passent par l’école

Durant tout le cursus primaire, l’enfant écrit : dans le moyen, l’élève écrit ; dans le secondaire, le lycéen écrit ; dans le supérieur, l’étudiant écrit et dans la vie professionnelle, on devient plus un écrivain pour toute correspondance ; l’oral n’est pas pris pédagogiquement et sérieusement en considération. A quoi bon parler quand on ne sait pas écrire ? Donc, apprendre à écrire est une priorité devant le parler. Ce qui fait que l’oral est écarté très souvent de la pédagogie scolaire.

Avant d’apprendre à écrire, l’enfant commence à parler, en répétant sans cesse les mots de sa propre mère et de son père, en écoutant, répétant et mémorisant sans aucun complexe enfantin ni autre considération comportementale. Alors, quand l’enfant grandira, la peur de répondre à l’école à l’instituteur ou au professeur qui lui pose une question s’installe. L’enfant, l’élève ou même l’étudiant connaît parfaitement la réponse, mais quelque chose le retient pour répondre ou bien pour «monter au tableau», comme on dit, afin d’exposer, de réciter, de parler, d’expliquer face à ses camarades de classe. C’est le trac et la timidité qui le retiennent, qui le hantent. Cet état de fait est dû en premier lieu au manque d’apprentissage de la langue parlée, c’est une pratique qui se façonne par la répétition, ce qui permettra de savoir bien parler.

Bien parler s’apprend

Le parler est un art qui s’apprend et qui repose sur du savoir, des connaissances, en plus du langage acquis. Bien parler, c’est être à l’aise à l’oral, avoir confiance en soi, pas de trac, assurance de soi, point de timidité qui créent des blocages devant des choses à dire, à bien dire, de savoir aussi répondre, convaincre, émouvoir et emporter l’adhésion de son auditoire. Cet art devrait être enseigné depuis le bas âge.

L’art de bien parler a toujours été cet artifice qui est à la base de toutes nos relations. L’art de bien maîtriser la parole peut nous aider à venir à bout de bien de situations difficiles où le verbe et l’expression font la force de la compréhension de l’être. Notre quotidien est façonné par des efforts afin d’être à la hauteur de cette aptitude oratoire, où l’activité du verbe et de l’expression mettront les oreilles du commun des mortels à notre disposition. Pour certains qui pensent et qui disent que si nous parlions bien ou mieux, rien ne changerait dans notre vie, tant la ligne de démarcation n’a pas été bien définie entre le parler vrai et le parler faux. Et pourtant, après des remords, combien de fois on s’est senti contrarié face à un manque de clairvoyance au fond de soi-même, où nait une répugnance qui nous interpelle : «J’aurais dû répondre comme cela, pauvre de moi, je n’ai pas su lui dire ce qu’il fallait que…, je n’ai pas pu trouver les mots qu’il fallait pour mieux le convaincre, j’ai pas su mettre le sucre de la vérité, peut-être que j’ai trop mis de sel du mensonge…»

Avec les temps qui courent, face aux médias audiovisuels, nous sommes très souvent admiratifs devant ceux qui parlent bien. Untel sait très bien parler, très bien s’exprimer, sait bien placer le verbe et l’action, ce sont de bons orateurs, ils ont aussi ce charisme de bien parler, c’est bien une preuve supplémentaire que ces derniers exercent une certaine influence sur nous (esprits faibles) par leur bien-parler. Ils nous captivent, nous délectent, nous séduisent et souvent arrivent à nous convaincre, parviennent à nous amener là où nous ne voulions pas aller ou plutôt là où ils veulent aller, une façon de nous «laver le cerveau» (lavage de cerveau).

Devant cet état de fait, devant ces bons orateurs, nous nous trouvons soumis, sans toujours en être conscients, à leur influence, à leur pouvoir oratoire magnétisant. Ils peuvent nous amener là où ils veulent du point de vue idéologique, religieux, politique…

Prenons l’exemple d’un simple vendeur qui utilise ses propres leviers de la rhétorique ou de l’éloquence. Ce vendeur spécialiste dans son métier, qui applique une méthode mercantile des techniques de vente, peut de cette façon nous coller le bien sans pour autant le vouloir, car il nous séduit par le charme de la voix, des mots, du regard, de son écoute, de peut-être l’utilité de son usage, de son charisme…

Demain, nous serons tous des orateurs ?

La bonne nouvelle est que la connaissance de ces techniques pourra nous empêcher de tomber dans ces pièges. Mieux, nous permettra de bouleverser favorablement notre vie et particulièrement notre carrière professionnelle, notre vie amoureuse ou celle de tous les jours.

Dans tous les domaines ou contextes dans lesquels nous existons, nous travaillons, nous nous distrayons, nous échangeons. Que nous soyons fonctionnaire, artiste, artisan, commerçant, étudiant, élève, chômeur indépendant, salarié ou profession libérale, nos affaires nécessitent bien sûr des contacts réels, des tête-à-tête ou des réunions, des assemblées générales, au cours desquels nous serons jugés sur nos qualités oratoires.

Les qualités oratoires dépendent des influences de notre éducation, de nos connaissances, de nos recherches, de nos interactions sociales ou autres, qui vont aussi grandement influencer nos qualités oratoires.

Il paraît qu’un bon orateur est celui qui maîtrise le quoi, le quand et le comment.

Quoi dire, quand le dire, comment le dire ?

L’entourage de tous ceux qui ont réussi dans la vie ont une bonne expression orale, c’est un marqueur social qui vous place dans une situation d’un être sage et éduqué, avoir un savoir-faire et un savoir-être, une nature disciplinée qui vous accorde tout un crédit de confiance vis-à-vis de ceux de votre entourage.

Mirabeau, grand orateur, a dit : «L’homme est comme le lapin, il s’attrape par les oreilles.» Et comme on ne prête qu’aux riches, enrichir ses qualités d’orateur et charmer les oreilles et l’esprit des autres ne manqueront pas de vous enrichir autrement.

Pour lui, l’art de bien parler est à la portée de tous, puisque c’est un savoir-faire qui s’apprend. La véritable encyclopédie de l’art oratoire pour tous, ses techniques sont aujourd’hui reconnues et appliquées tant par les simples amoureux, les poètes, les philosophes… de l’art oratoire que par les professionnels de la communication.

Les Algériens ne parlent pas, ils crient…

Dans tous les cafés du coin de la ville, du village et du quartier, un brouhaha en charabia se dégage comme une fumée invisible, ce sont des mots sans verbe, qui ne prêtent pas à l’action, ce sont des mots qui se disputent en l’air pour faire du bruit, qui se cognent pour se mesurer dans un marché de partage de vues, ces vues sont plongées dans une cécité, tout cela pour montrer que l’on veut être celui qui a l’éloquence pour un temps mort où le café presse et la cigarette font bon ménage.

Mais dans le fond, ce sont des citoyens lambda qui ne cessent de gesticuler avec des cris pour faire avancer leur chauvinisme. Ne dit-on pas que dans un café, tout le monde parle, mais personne n’écoute. C’est comme pour les femmes, quand elles sont dix qui causent, il n’y a qu’une seule qui écoute. Et quand tout le monde parle, ça fait plus de bruit. Par conséquent, les paroles des Algériens ne sont en fait que du bruit.

M. B.

Comment (2)

    Anti khafafich
    7 octobre 2017 - 17 h 02 min

    Un sujet tres interessant qui merite d etre travaille a fond dans la societe algerienne, j entend par la le pourquoi de nos cacophonies. Autrement, on devrait faire la difference entre la logique et la dialectique eristique qui est un art de dissuasion utilisant des procedes fallacieux, la dialectique etistique est utilisee surtout par les plus grands escrots politiques de l occident, je renvoie a cet egard au petit livre de schopenhauer intitule « l art d avoir toujours raison »

    Anonyme
    1 octobre 2017 - 7 h 22 min

    VOUS DITES ….par conséquent, les paroles des Algériens ne sont en fait que du bruit…. mais bien sur c du bruit necessaire car ce bruit est une therapie social..sans ce bruit qui tisse la societe on deviendra malade. le probleme algerien c qu on ne lis pas de livres ..on n as pas beaucoups de programme scientifique sur la tele ..c ca notre probleme..ON NE LIS PAS..meme vous monsieur…allez y un peut plus en profondeur de vos analyses. Salam

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