Loi de finances 2018 : les arguments de Raouya

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Le ministre des Finances, Abderrahmane Raouya. New Press

Le projet de loi de finances 2018 (PLF 2018) adopté mercredi par le Conseil des ministres consacre une décentralisation élargie de l’acte d’investissement avec le maintien des efforts engagés en matière d’aménagement du territoire, d’augmentation de l’offre foncière et de promotion des PME, a indiqué jeudi le ministre des Finances, Abderrahmane Raouya.

Le PLF 2018 prévoit également des mesures visant le renforcement de la production agricole, a souligné le ministre, qui intervenait lors d’une séance plénière de l’APN consacrée à la présentation du projet de loi modifiant et complétant la loi relative à la monnaie et au crédit, en vue de permettre au Trésor public de s’endetter directement auprès de la Banque d’Algérie.

Revenant sur le budget de 2017, M. Raouya a indiqué que le prix du pétrole qui permettrait d’équilibrer le budget de l’année en cours est de 70 dollars, au moment où le prix du brut est inférieur à 60 dollars.

M. Raouya a justifié le recours du gouvernement au financement non conventionnel en écartant tout recours à l’endettement extérieur en raison de ses lourdes répercussions sur le plan économique et social. «Il est vrai que la majorité des pays qui font face à des difficultés financières recourent généralement à l’endettement externe, mais notre ancienne expérience en la matière nous a poussés à privilégier l’endettement interne», a-t-il soutenu. Il a rappelé que le recours par l’Algérie à l’endettement extérieur dans le passé l’a conduite à supporter un service de la dette colossal, un déséquilibre de la balance des paiements avec des répercussions sur l’emploi, la consommation et l’investissement, dans le sillage d’un programme d’ajustement structurel dicté par les institutions internationales.

M. Raouya a affirmé que le financement non conventionnel a été choisi comme solution après avoir épuisé tous les moyens classiques en matière de couverture du déficit budgétaire. Il a, à ce titre, cité les avances de la Banque d’Algérie au Trésor public, plafonnées jusque-là à 10% des ressources ordinaires, qui ont été de 276 milliards de dinars en 2016 et de 280 milliards en 2017. Il y a aussi les bénéfices de la Banque d’Algérie versés au Trésor qui ont atteint 610 milliards de dinars en 2016 et 919 milliards en 2017.

Le recours aux prêts directs de la Banque centrale, autorisé pour une période transitoire de cinq ans selon le projet de loi, sera accompagné de réformes structurelles importantes portant sur le cadre institutionnel et fiscal avec la rationalisation des dépenses. «Il faut que les plans d’investissement des grandes entreprises soient en adéquation avec leur besoins réels (…). Il faut aussi respecter les dépenses budgétaires fixées à moyen terme», a recommandé le ministre des Finances. Un suivi de la mise en œuvre de ce financement sur le terrain sera assuré à travers la création d’une cellule de suivi au sein du ministère des Finances, a-t-il rappelé, en avançant qu’un décret présidentiel portant sur la structure et le fonctionnement de cette cellule allait bientôt être publié.

Revenant sur quelques indicateurs de la vulnérabilité de la situation financière du pays, du fait de la détérioration des prix du pétrole et de l’épuisement du Fonds de régulation des recettes (FRR), M. Raouya a rappelé que nos exportations d’hydrocarbures sont passées de 60,3 milliards de dollars en 2014 à 18,7 milliards au cours des sept premiers mois de l’année 2017. L’Algérie devra clôturer l’année en cours avec 31 milliards de dollars d’exportations d’hydrocarbures.

La fiscalité pétrolière recouvrée jusqu’à juin 2017 était de 1 100 milliards de dinars, soit 60% de celle recouvrée à la même période en 2014, alors que les réserves de change du pays devraient baisser, passant de 105 milliards de dollars à fin juin 2017 à 97 milliards à la fin de l’année en cours.

Parallèlement, le FRR s’est totalement épuisé en février 2017 après avoir couvert 8 800 milliards de dinars de déficit du Trésor durant les exercices 2014, 2015 et 2016.

La contraction des ressources financières du pays s’est traduite par un fort recul des dépenses d’équipement entre 2005 et 2016, mais avec une croissance soutenue des dépenses de fonctionnement composées à hauteur de 80% de salaires et de transferts sociaux, a relevé le ministre. Et d’ajouter que le programme de réformes structurelles économiques et budgétaires qui accompagnera la mise en œuvre du financement non conventionnel conduira au rétablissement des équilibres du budget de l’Etat et de la balance des paiements au terme des cinq années prévues par le projet de loi.

R. E.

Comment (5)

    anonyme
    7 octobre 2017 - 14 h 26 min

    Il faut des réformes politiques et économiques profondes, radicales et totales pour sauver l’Algérie de la faillite à moyen terme
    Une austérité et une fiscalité justes, et transparentes, des Impots justes, proportionnels aux fortunes, aux richesses opaques, secrètes et protégées nombreuses.
    Il faut chasser sans pitié, avec tout les moyens, l’informel, les faussaires, imposteurs, fraudeurs, trafiquants, auteurs de fuites de capitaux, propriétaires de biens, à l’étranger (Espagne, France, Italie, Maroc, Tunisie….)
    Réductions des dépenses, et du gaspillage énorme dans les fonctionnements des directions, des départements et des services publics. L’Algérie est un des état les plus dépensiers au Monde (l’état algérien hyperdépensier qui vit très au dessus de ses moyens disponibles)
    Il faut des réformes des Banques, des Douanes et du Commerce Extérieur dominés par la corruption, le faux,l’usage de faux, et le népotisme

    Samir
    7 octobre 2017 - 10 h 02 min

    Monsieur Raouya est contre la pme il les détruits il signe des circulaires interne qui sont hors la lois Il n applique pas les lois de la république

    Lghoul
    6 octobre 2017 - 12 h 59 min

    La premiere piste de cette loi des finances devrait etre: La piste des milliards évaporés, sonatrach 1,2,3, les recherchés par les autorités italiennes pour détrounements de centaines de millions en devises, les autoroutes est ouest, les comptes des panama papers et les appartements grand luxe et haut standing a paris, madrid, dubai, istambul etc. S’ils arrivent a recouvrer 10% de ces holdup, ils n’auront pas besoin de voler le pauvre travailleur jusqu’a lui oter sa chemise. Alors chiche commencez a faire le vrai travail ! Mais ca pourra vous toucher, nest ce pas ? Alors taxer l’air que l’on respire pour donner le coup de grace.

    Abou Stroff
    5 octobre 2017 - 16 h 02 min

    « M. Raouya a affirmé que le financement non conventionnel a été choisi comme solution après avoir épuisé tous les moyens classiques en matière de couverture du déficit budgétaire.  » dixit R. E..
    moua, avec ma naïveté légendaire me pose les questions suivantes: d’où vient le déficit budgétaire qui nous a mis dans le pétrin? ce fichu déficit budgétaire, n’est il pas la conséquence d’une prédation tout azimut de la part de nos augustes dirigeants et de leurs clients attitrés? ce fichu déficit budgétaire, n’est il pas la conséquence d’une politique au « pifomètre » qui n’a de politique que le nom? enfin, ce fichu déficit budgétaire, n’est pas le résultat d’une incompétence flagrante de nos augustes dirigeants, lesquels ne comprennent rien aux enjeux du moment.
    PS: j’ai voulu être poli en évitant de souligner que nos augustes dirigeants se comportent, de fait, en mercenaires dont le seul objectif est de remplir leurs poches et celles des membres de leurs douars

    MELLO
    5 octobre 2017 - 15 h 25 min

    Chaque gouvernement qui passe , efface ou semble ignorer les actions du précédent. C’est ainsi qu’ils doivent savoir que la crise est, d’abord et avant tout, politique; c’est une crise de confiance, une crise de gestion, une crise de gouvernance, une crise de système de pouvoir. En mai dernier, Sellal a signé des décisions que Tebboune a abrogées, puis Ouyahia est venu et il a révoqué les décisions prises par Tebboune, et ce sera ainsi pour les futurs ministres si … Est-il possible de résoudre la crise économique sans mobiliser la société, les acteurs économiques et sociaux et les forces politiques? Est-il possible de mobiliser en l’absence de la confiance, entre le gouvernant et les gouvernés, entre les citoyens et les institutions… Surtout quand des représentants du peuple adoptent un plan d’action du gouvernement trois mois après avoir adopté un autre plan . La loi des finances Algérienne n’est que le reflet d’une gestion approximative gouvernementale .

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