Le «crédit halal» : une hypocrisie de plus dans le monde des affaires

Par Houari Achouri – Le lancement officiel du produit «crédits halal» par les banques publiques, destiné notamment à l’acquisition de logements, est annoncé pour  novembre prochain. Ce n’est pas une surprise, les produits de la finance islamique prennent leur place dans le domaine «non conventionnel» qui a été aménagé pour les nouvelles sources de financement justifiées par la crise qui a commencé à frapper l’économie algérienne depuis près de quatre années.

Mais cette expression «crédit halal», qui revient ces derniers temps de façon récurrente dans la bouche des responsables d’institutions financières et qui est relayée «fièrement» par certains médias arabophones proches des thèses islamistes, soulève inévitablement la question suivante : est-ce à dire que tous ceux qui contractent des crédits «conventionnels» (avec intérêts) auprès des banques nationales et étrangères sont des mécréants et des apostats ? Il y a des glissements sémantiques dangereux.

En fait, les banques dites «islamiques» jouent sur la fibre religieuse pour racketter leurs clients à qui elles font payer des intérêts déguisés (mourabaha) astronomiques, une pratique dénoncée y compris par des muftis influents à l’instar d’Al-Qaradawi et d’autres. Cela également n’est pas surprenant, dans tous les domaines, l’usage de la ruse chez les islamistes est outrancier, croyant pouvoir ainsi contourner les contraintes de la religion et franchir ses balises tout en donnant l’image de vrais fidèles.

Sur ce registre, le Mouvement de la société pour la paix (MSP) n’a pas manqué de profiter de l’opportunité qui lui a été offerte par l’examen par l’Assemblée populaire nationale (APN) du projet de loi portant amendement de l’ordonnance en vigueur sur la monnaie et le crédit, et le débat autour du recours du gouvernement au financement non conventionnel motivé par la nécessité de combler le déficit et assurer la liquidité monétaire pour le Trésor public.

En effet, dans le sillage de la démarche gouvernementale traduite par l’inscription parmi les objectifs de son plan d’action du mécanisme de financement non conventionnel, c’est-à-dire la planche à billets, le MSP fait le forcing pour la mise en place d’un cadre juridique régissant le domaine de la finance islamique. Les islamistes prétendent que «leurs» banques constituent un moyen pour trouver une solution à la crise financière que traverse le pays en procurant une ressource additionnelle importante pour l’économie nationale susceptible d’intégrer dans le réseau bancaire national les capitaux de l’informel, qui est leur secteur de prédilection.

Les pouvoirs publics également se font l’illusion que cette clientèle potentielle qui agit dans l’informel, en concurrence avec le système bancaire légal, va se ruer vers le système financier islamique. Les barons de l’informel ne sont pas près d’abandonner la «chkara» qu’ils utilisent dans leurs transactions financières, en brassant des sommes énormes sans que ces transactions soient exemptées de la fameuse «riba».

Le système financier que veulent introduire les islamistes est qualifié d’hypocrite parce que tout le monde sait que les hommes d’affaires, quelle que soit leur religion, ne renoncent en aucun cas au profit qu’ils peuvent tirer d’une quelconque transaction. Au demeurant, les experts expliquent que le fonctionnement des banques islamiques n’est en rien fondamentalement différent du fonctionnement d’autres banques commerciales. Ce qui les sépare, ce sont des nuances insignifiantes dans le monde des affaires.

H. A.

Comment (2)

    Anonyme
    3 novembre 2017 - 20 h 14 min

    y’a comme une sorte de gêne de cette nouvelle offre financiere. moi même je paierai jamais d’interêt. mais y’a pas de probleme qu’une entreprise fasse des profits. l’interdit c’est l’usure (riba) et non les profits.

    Cheikh kebab
    6 octobre 2017 - 20 h 37 min

    Aucune différence entre intérêt et mourabaha,aucune. Les banques classiques peuvent d’ailleurs passer à la mourabaha sans rien changer à leur système,c très simple: un prêt de 1000 sur 10 ans par exemple,avec intérêt de 5%,il suffit que la banque calcule le coût final du prêt avec les intérêts,le diviser par le nombre d’années pour remboursement sans invoquer le mot intérêt,c tout.

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