Des dangers de l’hyperinflation en Algérie

Argent inflation
«Le gouvernement et la Banque centrale, sinon le Trésor public, ont un besoin extrême d'inflation.» New Press

Par Mohamed Benallal – La première panacée pour une nation mal dirigée est l’inflation monétaire ; la seconde est la guerre. Les deux apportent prospérité temporaire et destruction indélébile. Les deux sont le refuge des opportunistes économiques et politiques (E. Hemingway).

L’inflation est intéressante – pour ne pas dire bonne d’un côté – en économie comme elle est mauvaise d’un autre côté. Le gouvernement et sa petite Banque centrale, sinon le Trésor public ont fortement un besoin extrême d’inflation. Non pas parce que c’est un indice de bonne santé économique comme peuvent rabâcher certains économistes, selon leurs approches issues de certaines écoles.

Pourquoi ? Tout simplement, l’abécédaire de certaines écoles monétaristes admettent dur comme fer que l’inflation permet de ronger leurs dettes et de dépouiller le contribuable sans même qu’il s’en aperçoive. L’inflation ou l’hyperinflation est une hausse des prix généralisée et sans valeur ajoutée, cette situation est désastreuse pour le pouvoir d’achat du citoyen ordinaire.

Dans un système où le capitalisme est honnête, celui qui s’appuie sur l’accumulation du capital, il est d’essence déflationniste car il fait baisser le prix par le jeu de la concurrence et des gains de la productivité. Ce système créateur de richesses mise sur la production et la diminution des coûts de production, des coûts de la distribution et des coûts de commercialisation. C’est pourquoi il est déflationniste.

Malheureusement, en Algérie, nous ne vivons pas dans un système capitaliste honnête et producteur de valeur ajoutée, mais dans un système rentier «basardique» basé sur le «créditisme» et l’importation. Quand il n’y a pas d’argent en dinar, on actionne la planche à billets. Or, cette monnaie n’a aucun lien avec l’étalon conventionnel pour sa propre mesure (or, production de biens et services). Par conséquent, elle perd de sa notion fiduciaire (confiance) et se déprécie car nous ne pouvons pas créer de la monnaie non conventionnelle en livre Sterling, en dollar, en euro ou dans une autre devise. Ceci nécessite une création de richesse via l’échange pour en avoir.

Ne dit-on pas que l’inflation est un impôt par excellence pour les pauvres, une prime pour les riches et un oxygène pour le système ? Une monnaie non conventionnelle adossée à rien paraît, pour notre gouvernement, comme l’unique solution de sortie de ce marasme économique, alors que la dette d’Etat (publique) est adossée à des contribuables et valait autant que l’or (étalon).

De manigance politique en manigance économique et de gouvernement FLN en gouvernement RND sous un parapluie du programme présidentiel, l’Etat se trouve squeezé par des injonctions rentières. Contrairement au gouvernement, qui n’effectue que des dépenses en projets inutiles et parfois ruineux, la plus grosse cagnotte va en escroqueries.

Des indices officiels nous indiquent que l’inflation est super maîtrisée, donc sous le contrôle des institutions de l’Etat, alors qu’en fait nous constatons que les dépenses – que ce soit celles de l’Etat, des ménages ou des autres agents économiques – sont sous la contrainte obligatoire de l’augmentation, car l’effet de la loi de la monnaie et du crédit permet une création monétaire pour financer le déficit allant jusqu’à 10% qui booste dans le noir l’inflation.

On parle de liquidités. Dans ce cas-là, imaginons cette création monétaire comme une gigantesque retenue d’eau. Si ce barrage de liquidités cède et que l’eau retenue fuit à travers le tissu des activités économiques du pays, l’inflation sera au niveau de cette création monétaire qui a été mise en action. Elle risque d’envaser le tissu économique et provoquerait une crise.

Pour l’instant, tout est encore calme, tant que rien ne fuit à travers les fissures du barrage qui commencent à se manifester. Sachant que, par ailleurs, nous n’avons pas préparé des instruments de contrôle et de maîtrise car nous avons anticipé beaucoup de fausses mesures.

M. B.

Comment (7)

    anonymous
    9 octobre 2017 - 23 h 30 min

    Bien dit j’adhère pleinement à cet article

    Genseric
    9 octobre 2017 - 16 h 46 min

    L’autre  » Anonyme  » c’est ton homonyme ? 🙂

    PRAGMATISME
    8 octobre 2017 - 14 h 18 min

    En 2016 d’après le CNES le salaire moyen en Algérie était de 30000 DA soit 272 $ environ pour une famille supposée de 5 personnes ce qui fait 54,4 $ par personne et par mois ou 1,81 $ par jour et par personne. Pendant la même période c.à.d en 2016 la Banque mondiale a décrété que le seuil de pauvreté dans le monde est 1,91 $ par personne et par jour alors que celui de l’algérien est de 1;81 $ donc sous le seuil de pauvreté et encore en 2017 il s’est dégradé.L’Algérie est l’un des rares pays au monde où la facture alimentaire occupe plus de 50 % du salaire voire 100% pour les smicards,l’état pour contenir le mécontentement populaire a recours au subventionnement des produits alimentaires de base.La raison de tout ça est certainement que l’état, au lieu de s’occuper de l’économie du pays d’une manière réaliste,a préféré jouer à Zorro dans des conflits souvent qui ne concernent pas le pays ou carrément de faire l’Humanitaire au détriment de ses enfants.L’import import est privilégié au détriment de l’investissement productif et de l’agriculture même quand il nous arrive d’exporter quelques rares produits l’argent de la vente c.à d la devise ne rentre pas au bled:même les joueurs de foot sont importés et sont source de fuite de devises. Des cades de la nation censés protégeait le trésor public achètent des biens à l’étranger.Tous ces gens doivent méditer le sort réservé au Shah d’Iran une fois qu’il avait perdu le trône pas de pétrole pas d’accueil aucun pays occidental n’avait voulu de lui et il a fini apatride.

      Genseric
      9 octobre 2017 - 16 h 43 min

      Sauf que chez nous, nous avons beaucoup de « Shah  » et les « souris  » ( le peuple) n’ont pas le droit encore de danser .

    Anonyme
    6 octobre 2017 - 22 h 30 min

    La faim , la misère , le désarroi , mettra tôt ou tard les gens dans la rue et le danger d’une déflagration n’est pas à exclure.
    Ceux qui ont contribuer à cette situation ont du soucis à ce faire.

    Anonyme
    6 octobre 2017 - 17 h 56 min

    L’Algérie n’a rien à craindre ni de la crise économique et financière, ni de l’hyperinflation tant que la baraka et la vision éclairée de boutef le miséricordieux veuille sur elle.

      Anonyme
      6 octobre 2017 - 18 h 32 min

      Mdr

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