Manipulations

ethniques
La guerre du Biafra est un conflit civil qui a eu lieu du 6 juillet 1967 au 15 janvier 1970. D. R.

Par Sadek SahraouiL’Europe occidentale et le Proche-Orient ne sont pas les seules régions du monde où des minorités ethniques tentent de rompre les amarres avec les pouvoirs centraux et demandent à exister en tant qu’Etats indépendants. Le phénomène est aussi très présent en Afrique subsaharienne. Bien que beaucoup moins médiatisées que les questions catalane ou kurde, les revendications identitaires au Biafra et dans le nord du Cameroun s’expriment aussi avec force. Elles vont même jusqu’à structurer l’essentiel du débat politique à Lagos et à Yaoundé.

L’opinion ne le sait peut-être pas, mais le Cameroun est pratiquement coupé en deux depuis quelques mois en raison de la résurgence de vieilles querelles entre les francophones du sud et les anglophones du nord qui se disent marginalisés et ostracisés. Au moindre faux pas des autorités camerounaises, il n’est pas impossible de voir le Cameroun imploser. Ou du moins, il n’est pas impossible de voir le nord entrer en rébellion ouverte.

Le règlement du problème posé par les anglophones camerounais, tout autant que celui de la crise du Biafra exige de l’intelligence, de l’imagination et beaucoup de doigté. Ainsi que le prouvent de nombreuses crises, la majorité des dirigeants africains n’ont pas encore appris à discuter avec leurs minorités et encore moins à tolérer leurs différences ou leur présence dans l’espace politique. Jusque-là, la seule réponse donnée aux minorités a été celle de la répression et de la matraque. Le choix de la manière forte s’explique très souvent par le fait que les minorités sont très souvent perçues en Afrique comme les chevaux de Troie du néocolonialisme. Cela dit en passant, ce n’est pas faux dans certains cas.

Dans l’absolu, cependant, il est vrai que beaucoup n’hésitent pas à invoquer cet argument fallacieux pour jeter le bébé des minorités avec l’eau du bain. Ce qui est extrêmement dangereux et imprudent. Pour éviter de voir se répéter des drames tels que le génocide rwandais et protéger justement notre Afrique contre les projets néocolonialistes de certains empires, nos pays doivent apprendre à mettre en place des systèmes politiques qui reconnaissent à chacun le droit d’exister et intègrent au lieu de désintégrer. Ce n’est qu’à ce prix et à ce prix seulement que nous garderons nos frontières nationales intactes.

S. S.

Commentaires

    Felfel Har
    16 octobre 2017 - 16 h 50 min

    C’est l’Occident qui a ouvert la boite à Pandore en permettant l’éclatement de la Yougoslavie sur une base ethnique. D’autres minorités ont pensé que le moment était venu de faire aboutir leurs revendications d’autonomie. Il sera difficile de les faire aboutir toutes puisqu’elles ne sont pas logées à la même enseigne. On ne peut pas faire la comparaison du Sahara, qui a été envahi et occupé militairement, avec la Catalogne, qui dispose d’une certaine autonomie, de la Crimée (rattachée à la Russie) avec l’Écosse qui cherche à sortir du Royaume Uni, etc. A force d’avoir joué avec le feu, l’Occident a mis en péril toute la planète. Ce qui est certain est que les Basques, les Bretons, les Corses, les Piedmontais italiens, les Flamands belges ne vont pas tarder à monter au créneau. De belles empoignades en perspective!

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