L’hiver des royaumes arabes

Yémen Etats-Unis
L'Arabie Saoudite a détruit le Yémen. D. R.

Par Rabah Toubal – Après avoir massivement et activement participé à la coalition internationale, sous le commandement militaire des Etats-Unis, pour libérer l’un d’entre eux, en l’occurrence le Koweït, occupé et annexé par l’Irak de Saddam Hussein, en août 1990, les royaumes féodaux arabes ont joué un rôle très actif dans le «printemps arabe», qui visait à changer démocratiquement ou par le recours à la force extérieure, les différents régimes tyranniques qui régnaient depuis de nombreuses années dans les «républiques» arabes.

Tour à tour, l’Irak «baâthiste», la Tunisie «libérale», la Libye «reine de l’Afrique», l’Egypte «dominatrice», le Yémen «démocratique», la Syrie «résistante» et ce qui reste de l’Algérie «Mecque des révolutionnaires» ont fait l’objet d’une déstabilisation féroce, ourdie par les tenants du Grand Moyen-Orient, cher aux Etats-Unis et à leurs alliés occidentaux et de la région, avec les financements des royaumes arabes qui voulaient solder de vieux comptes avec ces républiques ingrates et insoumises, voire arrogantes.

N’étaient-ce la détermination et l’intervention militaire massive et l’activisme diplomatique de la Russie, de l’Iran, du Hizbollah, de l’Irak, de la Chine et de l’Algérie, en Syrie, d’autres pays arabes, dont le nôtre, auraient été victimes du printemps maléfique, comme l’avait outrageusement déclaré, il y a trois ou quatre ans, l’ancien ministre qatari des Affaires étrangères lors d’une réunion de la Ligue des Etats arabes, au Caire, en présence de son homologue algérien, Mourad Médelci.

En tout état de cause, la résistance farouche de l’armée et d’une partie du peuple syriens et l’offensive aérienne de son allié russe, notamment, leur ont permis de reprendre progressivement le dessus sur la coalition de leurs ennemis syriens et étrangers recrutés, entraînés, armés et financés par les Etats-Unis d’Amérique et leurs alliés et de semer le doute en leur sein, au point de les diviser et de vouer à l’échec leur plan diabolique de démembrement de cette République  arabe.

Enlisés dans les marécages syrien et yéménite, l’Arabie Saoudite et ses alliés du Conseil du Golfe accusent aujourd’hui l’un d’entre eux, le Qatar, en l’occurrence, de soutenir le terrorisme islamiste et d’entretenir des relations trop étroites avec la Turquie et l’Iran chiite que l’Arabie Saoudite considère comme son ennemi numéro un dans la région, après avoir normalisé ses relations avec l’Egypte.

Par ailleurs, l’Arabie Saoudite, qui vit une crise de régime sans précédent, subit de fortes pressions de la part des Etats-Unis d’Amérique notamment pour procéder d’urgence à des réformes politiques et sociales afin de neutraliser la mouvance salafiste-djihadiste, d’obédience wahhabiste qu’elle soutient financièrement et militairement à travers le monde.

Par un juste retour de flamme des incendies qu’ils ont allumés et alimentés ici et là, dans le monde arabe et ailleurs, les royaumes arabes, du Golfe et du Maghreb, vivent aujourd’hui un hiver glacial qui pourrait emporter plusieurs de ces monarchies absolues anarchiques et obscurantistes, datant d’une époque révolue, qui écrasent sans retenue leurs sujets et ne cachent pas leurs visées expansionnistes sur leurs voisins.

R. T.

Comment (10)

    MDAMAR
    18 novembre 2017 - 12 h 20 min

    je crois que c’est le chant du cygne pour ce royaume que fût cette Arabie « heureuse » dont le sens où sa joie n’est plus éternelle. ce pays dont la famille était soudée , voit de jour en jour son effritement . Eddouda commence par ronger le fruit. ce pays a beaucoup nui aux arabes et aux musulmans et ce, depuis les années 70 du siècle dernier. une famille dont les origines remontent aux tribus juives à savoir les Banû gaynougaa , les banû goraidha et les banû nadhir.,à quoi faut-il s’attendre ,sinon à une destruction programmée à long terme du monde musulman surtout que les politicards de ce pays, ne sont que des « bambins » de la politique voulant conserver un pouvoir qu’ils croient,pérenne,et en voulant faire entendre aux autres pays un autre son de cloche ils ne font alors qu’exécuter les ordres de leurs maîtres qui activent ce bras destructeur pour changer ce monde qui n’est plus à leur goût. le chahut des élèves , les maîtres de ce monde n’en veulent plus, même le bâton et la baguette d’antan ne sont plus à craindre.

    Mello
    14 novembre 2017 - 12 h 21 min

    Une vision du monde arabe version XXI e siecle par Mr Toubal qui complete , relativement , celle de ibn Khaldoun il y a VII siecles, dans El Mouqqadima: Tout pays conquis par les arabes est bientot ruine. Sous leur domination , la ruine envahit tout. L’ordre etabli se derange et la civilisation recule.

    Karamazov
    14 novembre 2017 - 11 h 16 min

    Que les tenants et les sociétés arabes peinent à sortir de leur nuit parce que leurs yeux trop habitués à l’obscurantisme les ont rendu photophobes, on n’en disconvient plus. Mais quand ceux qui savent ou du moins squattent les postures de sachants adoptent les ruses des embusqués – parce qu’ils n’ont pas encore acquis le courage d’affronter de front l’adversité – ça me désole, ça me navre et ça me désespère définitivement.
    J’ai toujours souligné aux moments terribles que si le combat idéologique n’est pas mené radicalement on en paiera les conséquences pendant des décennies. Mais les temps n’étaient qu’à la modération, et la fuite en arrière : qui à l’islam des lumières , qui a l’islam de ses parents. Comme si c’était l’idéologie qui était en danger de mort et pas nous autres vivants.
    Et encore et encore loukane meqar on en avait tiré des leçons pour qu’on en finisse définitivement. Un monde anachronique est en train de disparaitre, au lieu de tirer la chasse, on lui soigne l’oraison.
    Laurent Ruquier avait dit : « Rachid arab » c’est un pléonasme . Et l’islam wahabite c’est quoi ?

    Mais quand sortira-on de la symptomatologie ?

    Abou Mrang
    14 novembre 2017 - 10 h 19 min

    Les hivers arabes tout court, oui !
    A vous lire les superpuissances modernes et économiques qu’étaient les républiques couscoussières ou mouloukhières ont échappé aux branlades arabes appelées pompeusement révolutions ou printemps.
    Le Monde arabe – qui est plus arabe que monde – et qui n’a que ça comme similitude se décompose par métastases victime du même mal : l’islamisme. Cette décomposition caractérise toutes les périodes de crise. Ou le vieux persiste, le neuf est réticent, et la tératogénèse s’active. Reste à savoir quelle forme prendra cette décomposition ?
    Sans révolution culturelle, ces pays continueront leur hibernation et ce ne seront pas les spasmes réactionnels périodiques qui les en sortiront. Les pays arabes sont tout simplement en train de mourir d’épuisement. Et de cet épuisement il ne sortira rien, ou rien de bon. Du moment qu’on n’aura pas posé la seule question qui vaille. Rappelez-vous les tout derniers mots de Boudiaf!

    Bensaid
    13 novembre 2017 - 21 h 46 min

    Ceux que Houari Boumediène, Allah yerahmou, appelait les « bouguennours » sont entrain de payer pour leur hypocrisie envers les autres pays arabes et musulmans dont ils ont corrompus les dirigeants et acheté les jeunes filles et garçons naïfs qui croyaient en leurs sornettes à cause de leur pauvreté structurelle, comme en Egypte, au Maroc en Tunisie, au Liban et dans d’autres pays arabes non producteurs de pétrole. Leur tour est venu car Trump va leur soutirer leurs milliards pour leur permettre de rester au pouvoir. Bien mal acquis ne profite jamais.

    Benali
    13 novembre 2017 - 19 h 27 min

    Les Ibn Saoud sont enragés à la perspective de perdre leur trône. Ils s’entretuent comme des chiffonniers pour plaire à leurs maitres américains. Les familles royales qatarie, bahreinie, Koweitie, Jordanienne, Emiratie et marocaine vivent le même cauchemar. Vive la République !!!!!!!!

    Ahmed
    13 novembre 2017 - 17 h 45 min

    Les arabes s’entredéchirent et Israël boit du petit lait, Pauvres Palestiniens livrés à eux même. Ils paaent apr pertes et profits comme d’autre peuples encore sous domination étrangère.

    Mahmoud
    13 novembre 2017 - 15 h 41 min

    Celui qui joue avec le feu finira par se brûler. C’est le cas de ces rois et émirs sortis du néant.

    LOUCIF
    13 novembre 2017 - 15 h 37 min

    Monsieur Rabah Toubal , auteur de l’article, merci pour cette synthèse ! Tout est dit , si justement et si objectivement, en quelques paragraphes . bravo !

    Rezzoug
    13 novembre 2017 - 15 h 24 min

    Comme l’a si bien dit Da Belaid Abdessalem, qui est aujourd’hui harcelé de toutes parts par les frérots pour avoir osé rappeler que les Ulémas algériens étaient des assimilationnistes  » La crise a explosé chez nous et grâce à Dieu, nous l’avons bien gérée. Aujourd’hui qu’elle est chez eux on va bien voir ce que ces donneurs de leçons hypocrites vont faire pour éteindre l’incendie qui dévore leurs pays respectifs ».

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