A la baguette ?

Les représentants des boulangers ont affirmé que le recul de la marge bénéficiaire était une préoccupation
Les représentants des boulangers ont affirmé que le recul de la marge bénéficiaire était une préoccupation. New Press

Par R. Mahmoudi – La décision prise par les boulangers dans certaines wilayas d’augmenter le prix du pain, faisant fi de l’avis du gouvernement et de ses démembrements locaux que sont les Directions du contrôle de la qualité et des prix, met de nouveau à l’épreuve l’autorité de l’Etat et sa capacité à faire respecter ses décisions et à se faire respecter lui-même.

C’est la deuxième fois en moins d’une année que les commerçants en général ont eu à tester la faiblesse de l’Etat devant leur forcing. La première fois, ce fut lors de la grève générale des commerçants de janvier dernier, laquelle avait donné lieu, dans certaines wilayas du centre et notamment en Kabylie, à des émeutes violentes. Ce n’est peut-être pas un hasard si la fédération des boulangers de la wilaya de Béjaïa se trouve à la pointe de cette nouvelle «grogne».

Que va donc faire le gouvernement ? Un vrai dilemme duquel il sera, en tout cas, obligé de se dépêtrer. S’il laisse faire, il risque de se discréditer aux yeux des citoyens, et, plus grave encore, un tel antécédent pourrait inciter rapidement les autres métiers (transporteurs, artisans, commerçants…) à emboîter le pas aux boulangers et faire aussi leur loi. Le citoyen sera bien évidemment le premier à en payer le prix.

Si l’Etat décide d’être ferme et de s’imposer par la force de la loi, il risque de se mettre à dos tous les boulangers du pays et d’assumer une confrontation dont le pays gagnerait à faire l’économie. Mais, ici encore, le moindre faux pas, la moindre décision autoritaire pourrait produire l’effet inverse. Entre continuer à faire profil bas et le tout-répressif, le gouvernement est appelé à trouver une solution médiane qui garantisse les droits de chacun, mais sans sacrifier l’autorité de l’Etat ni l’entacher par des méthodes autoritaires qui ne feront qu’aggraver les choses.

A vrai dire, il est avant tout appelé à anticiper ce genre de situations. Comme la grogne des boulangers n’est qu’un aspect de la crise sociale qui couve dans la société, il apparaît clair que les pouvoirs publics ont vraiment du pain sur planche.

R. M.

Comment (11)

    Zaatar
    2 décembre 2017 - 19 h 14 min

    Chacun doit préparer son pain à la maison et tout le monde est content. De toutes les manières chacun fait ce qui veut dans ce bled. L’état fait ce qu’elle veut. L’informel fait ce qu’il veut sachant que l’état ne le démantèlera pas. Le marché parallèle de la devise est au vu et au su de tout le monde et tout le monde s’en fout. Les bouchers vendent par a coups de la viande d’âne (surtout pendant le ramadan) et personne ne s’en soucie. Les oligarques se remplissent leurs comptes à coups de milliards et personne n’a rien vu. Le prix de la mercuriale tangue vers les sommets chaque année et le pauvre misérable est ignoré. Alors qu’on en finisse une bonne fois pour toute. Soyez Redjla… inventez le chaos général, comme ça on rebattra les cartes dans ce pays de misère une bonne fois pour toutes.

    selecto
    2 décembre 2017 - 18 h 22 min

    A Oran les boulanger ses mettent en grève pour ne plus vendre leur pain à « l’ancien » prix, nos compatriotes de cette ville ne savant plus à qui s’adresser pour obliger ces voleurs d’ouvrir leurs boutique.

    Felfel Har
    2 décembre 2017 - 16 h 29 min

    Voilà où nous mènent 20 ans de déliquescence et d’affaiblissement de l’autorité de l’État! On a confondu autoritarisme (abus d’autorité) et autorité (pouvoir de prendre des décisions). L’État a progressivement abandonné ses prérogatives au profit de groupes/ associations (et sous leurs coups de boutoir), toujours à l’affut du moindre signe de faiblesse. Le peuple se retrouve sans défense devant ces insatiables monstres, suceurs de sang. Les uns réclament d’être exonérés d’impôts sur la fortune, d’autres d’augmenter leurs prix à leur guise….. Faut-il se résigner? Un tel affront exige une réponse forte et ne comptons pas sur une quelconque institution pour voler à notre secours! Comme j’aimerais contredire Paul Valéry quand il nous déclare; » Si l’État est fort, il nous écrase. S’il est faible, nous périssons. » C’est élémentaire mon cher Watson! Un petit rappel en guise de conclusion: qui se rappelle de la réaction du peuple tunisien quand Bourguiba avait « osé » augmenter le prix de la baguette? Le peuple, unanime, est descendu dans la rue et el Habib a fait marche arrière. Et, nous…….?

      Erracham
      2 décembre 2017 - 20 h 14 min

      La « révolte du pain » précède souvent le grand chambardement, le Big Bang dont les conséquences sont dévastatrices. Au peuple affamé, l’État, ou ce qui en reste, répondra-t-il comme Marie-Antoinette, « Qu’on leur donne des brioches! »? L’Ancien Régime (la monarchie absolue de droit divin) signait alors son arrêt de mort. Qu’en sera-t-il chez nous? Ya rabbi astar!!!!

    benchikh
    2 décembre 2017 - 15 h 19 min

    Ce n’est pas que chez nous cette cherté de vie ,comme ça on apprendra à respecter la valeur des choses et ne plus gaspiller .Par exemple en Europe ,je n’ai jamais vu des gens dans le boulanger ,se bousculent pour avoir plus de pain,parce-que le pain se vend par son poids!!! .C’est le moment de calculer nos revenus dans notre petit foyer .Pourquoi acheter plus de pain si un pain nous suffira.Et on n’est pas content cultivons-nous plus de blé.

    Anonyme
    2 décembre 2017 - 13 h 41 min

    Tout ça à cause de la grande mosquée d’Alger , c’est le prix à payer pour une place au paradis.

      Argentroi
      2 décembre 2017 - 17 h 23 min

      D’autres égorgeaient pour le paradis et ils dénonçaient en ce temps-là la construction du mémorial de Maqam ech-chahid en poussant le sarcasme jusqu’à le comparer à Houbel ! On veut des constructions architecturales imposantes pour qu’elles nous renvoient une image valorisante de nous-mêmes. Mais on aurait bien voulu que ce soit nos architectes, nos ingénieurs, nos sociétés qui s’en occupent, c’est plus économique et plus valorisant. Alors dépenser de l’argent pour en tirer une fierté nationale n’est pas de l’argent perdu!

        benchikh
        2 décembre 2017 - 19 h 51 min

        cher Argentroi, on manque de cette philosophie qui est la bonne route vers notre indépendance et notre fierté, et le trésor pour la prochaine génération ,Mais malheureusement ,ce n’était pas le cas et on a perdu beaucoup de temps côté peuple et côté état.Mais ce n’est jamais trop tard ,il faut continuer et redresser la bars ,et ne jamais abandonner, les loups n’attendent que sa .

    lhadi
    2 décembre 2017 - 11 h 42 min

    Afin que la maison Algérie ne perdure dans sa moulure en briques, l’ardente obligation est de mettre un terme à l’absence de règles, de structures et d’organisation qui obère l’édification d’une Algérie en marbre.

    je fonde un grand espoir aux énergies de la « génération Algérie » et vois à travers elle l’avenir entier de la nation.

    Cette jeunesse, force vive de la nation, est plus soucieuse des autres, plus inventive, moins addict aux ors de la république, plus loyale avec sa patrie républicaine donc de l’intérêt du pays et de la nation toute entière. Elle peut rendre le souverain satisfait.

    Je peux en parler avec assurance d’autant plus que ces énergies collectives sont prêtes à saisir les oriflammes afin de restaurer la confiance, source de stabilité dont l’Algérie a tant besoin pour la construction de la maison Algérie avec de solides charpentes.

    Fraternellement lhadi
    ([email protected])

    Mello
    2 décembre 2017 - 11 h 36 min

    Y a t-il une période de sa jeune independance ou notre nation a été un Etat ? Le peuple ne le voit que lorsque les forces de securite’ sortent pour le mater. Les produits de large consommation subissent regulierement des augmentations sans que l’Etat n’intervienne. Quant au prix de la baguette, il ne saura tarder de subir, officiellement, son augmentation. La loi des Finances 2018 est arrivee pour lui ouvrir largement les portes; les artisans boulangers n’ont fait qu’anticiper de quelques jours cette decision. Ne jouons pas a « la sainte nitouche » en voulant condamner ces boulangers, car tous les ingredients, y compris l’electricite et la main d’oeuvre, ont subi une augmentation sans que cet Etat ne puisse intervenir.

    Akli Boughzer
    2 décembre 2017 - 6 h 33 min

    Mais ça fait longtemps que le pain est vendu 15,20 et même 25 DA.La plupart des boulangers font en sorte que le pain à 10 DA soit de mauvaise qualité.

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