Macron provoque des cris de jeunes dans la rue : «Donnez-nous des visas !»
Par R. Mahmoudi – Le Président français a choisi de mettre en ligne sur sa page Facebook une séquence de son bain de foule rue Larbi-Ben-M’hidi où l’on entendait quelques citoyens scander : «Donnez-nous des visas !» Est-ce innocent de sa part ou de la part de ceux qui sont en charge de sa page officielle de mettre en exergue cette séquence ?
Si le phénomène n’est pas nouveau, puisqu’on a déjà vu, à la venue de Nicolas Sarkozy, puis de François Hollande, des citoyens algériens venir «réclamer» des visas pour la France devant la caméra mais c’est sans doute la première fois qu’un chef d’Etat français se montre aussi friand d’entendre ce genre de slogans humiliants pour le commun des Algériens scandés devant lui. Car, à suivre la séquence de quelques minutes, on s’aperçoit que c’est Macron lui-même qui, insidieusement, a provoqué la réponse qu’il voulait certainement entendre de la bouche des jeunes qui se pressaient près de lui.
Tout se passait très normalement avec des curieux qui tendaient leurs mains pour le saluer ou échangeaient avec lui quand, tout d’un coup, Macron apostrophe un petit groupe de jeunes qui se mettaient à hausser le ton pour attitrer son attention, comme s’il les encourageait à se confier : «Ça va ? Qu’est-ce qui se passe ?» Et ces jeunes de répondre à l’unisson : «Donnez-nous des visas !» N’ayant pas de réponse, mais visiblement enthousiasmé, Macron quitte à ce moment-là le regroupement pour poursuivre son chemin.
Cette attitude pour le moins condescendante du chef de l’Etat français rappelle curieusement l’épisode où l’ex-Premier ministre avait, au lendemain de sa visite à Alger, en avril 2016, perfidement publié une photo du président Bouteflika qui le montrait visiblement mal en point. La même volonté d’humilier, de rabaisser. Avant sa venue en Algérie, Macron avait donné le ton au Burkina Faso où il s’est adonné aux mêmes pratiques, qualifiées de «néocolonialistes».
En plus de cette mise en scène, beaucoup d’Algérois se sont aussi senti humiliés aujourd’hui par les multiples désordres provoqués par cette visite dans la capitale, et notamment par la fermeture, depuis ce matin, de tous les accès menant à la rue Larbi-Ben-M’hidi où était prévu ce «bain de foule» du Président français. D’aucuns n’ont pas pu joindre leur domicile ou leur lieu de travail à cause de l’impressionnant dispositif mis en place pour recevoir Emmanuel Macron.
R. M.
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