Conflit Comité olympique-fédérations : le sport algérien grand perdant

Le ministre a affirmé que le conflit opposant les fédérations au COA était interne
Mustapha Berraf. New Press

La relation entre le Comité olympique algérien (COA) et plusieurs fédérations sportives nationales s’est détériorée en 2017, au lendemain de la clôture du processus de renouvellement des instances, lesquelles ont contesté les «conditions» ayant permis à Mustapha Berraf d’être réélu pour un nouveau mandat quadriennal (2017-2020) à la tête du COA.

Mustapha Berraf avait décidé de se présenter à sa propre succession, un objectif atteint après avoir récolté 80 voix contre 45 pour son concurrent Abdelhakim Dib, nouveau président de la Fédération algérienne d’athlétisme, lors de l’assemblée générale élective (AGE) tenue le 27 mai dernier.

Le conflit s’est déclenché après la réélection haut la main de Berraf pour un nouveau mandat, lorsqu’une quarantaine de présidents de fédération ont contesté à travers une lettre la régularité du scrutin, exprimant leur mécontentement des «conditions» ayant entouré le déroulement de l’AGE qui a porté Berraf à la tête de l’instance olympique.

Comme première réaction, les présidents des fédérations de natation, d’haltérophilie, de cyclisme, de tennis de table, de badminton et de basket-ball, élus membres du bureau exécutif du COA, ont décidé de se retirer, laissant ce dernier à moitié vide. Ils ont été imités quelques semaines plus tard par l’ex-président de la Fédération algérienne de boxe, Nabil Sadi, qui a regretté l’«instabilité» prévalant au sein de l’instance olympique.

Pourtant, ce sont ces mêmes présidents de fédération qui avaient «chaleureusement» félicité l’ancien basketteur international juste après sa reconduction. Quatre présidents de fédération ont alors demandé une audience «particulière» au patron du Comité international olympique (CIO), Thomas Bach, afin de lui rapporter ce qu’ils ont qualifié de «mascarade électorale».

Le CIO conforte Berraf et déboute les contestataires

Mais la réaction du CIO ne s’est pas fait attendre, validant l’élection de Berraf et appelant les acteurs du sport national au «calme», à la «sérénité» et à restaurer un climat «de confiance et de respect mutuel dans le seul intérêt du sport et des athlètes algériens, conformément à la charte olympique».

Le CIO a, dans ce cadre, affirmé «ne pas reconnaître une quelconque légitimité à un collectif de fédérations autoproclamé qui agit en dehors de toute institution et structure sportive dûment établie et reconnue», constatant que cette «démarche interv(enait) a posteriori» et confirmant sa «position initiale» par rapport à l’élection de Berraf à la tête du COA, vu l’absence «de preuves significatives tangibles».

L’instance de Thomas Bach a rappelé le principe «fondamental» de l’autonomie du mouvement olympique et les règles de la charte olympique en la matière, appelant le COA à «préserver (son) autonomie» et à «résister à toutes les pressions, y compris, mais sans s’y restreindre, les pressions politiques, juridiques, religieuses ou économiques qui pourraient (l’)empêcher de se conformer à la charte olympique».

Cette franche position affichée par la plus haute instance du sport mondial n’a rien changé au climat malsain qui règne à ce jour au sein de la famille du sport algérien. Au contraire, la situation a empiré au fil du temps. Les contestataires ont alors déposé un recours au niveau du Tribunal arbitral de résolution des litiges sportifs (TARLS) qui a, lui aussi, validé la réélection de Berraf.

Ce dernier a multiplié les appels à la sagesse pour l’«intérêt du sport national», souhaitant tenir une réunion avec le ministre de la Jeunesse et des Sports, El-Hadi Ould Ali, «pour remettre les choses dans l’ordre». Le ministre a, de son côté, affirmé que le conflit opposant les fédérations sportives nationales au COA était «interne», soulignant que son département n’avait «aucune relation» avec ces «perturbations».

El-Hadi Ould Ali a néanmoins eu une réunion de travail avec les «frondeurs», leur promettant qu’il fera part de leurs doléances au gouvernement. Il s’est engagé aussi à ce que le MJS «ne ménage aucun effort pour circonscrire cette crise et assurer le retour de la sérénité au sein du mouvement sportif national».

Morceli et Boulmerka tirent la sonnette d’alarme

Dans une de ses sorties, le ministre du secteur a également invité Mustapha Berraf à «faire preuve de sagesse et à plier bagage pour éviter au sport national cette situation de blocage qui l’expose à un avenir incertain». Conscientes des répercussions négatives de cette situation sur le sport algérien, plusieurs grandes figures du mouvement sportif national, à leur tête les anciens champions olympiques du 1 500 m, Noureddine Morceli et Hassiba Boulmerka, ont appelé les différents acteurs «à la raison et à la sagesse» dans l’espoir de faire bouger le secteur du «point mort» dans lequel il patauge et amorcer le plus vite possible un nouveau départ.

«Je veux bien mener une action de réconciliation générale entre tous les acteurs du sport national. La situation actuelle n’arrange aucune partie et le plus grand perdant sont le sport et les sportifs. Il est temps d’ouvrir une nouvelle page dans l’intérêt de tout le monde», a déclaré Morceli à l’APS.

Même son de cloche chez Boulmerka qui a montré son mécontentement face à ce «blocage» pénalisant en premier lieu les sportifs à la veille de rendez-vous importants. «Les pouvoirs publics ont beaucoup investi pour soutenir le sport en Algérie. Le facteur temps est très important dans la préparation des athlètes et je vous assure que nous en avons perdu énormément. Le moment est venu pour mettre le sport au-dessus de toute autre considération», avait lâché la médaillée d’or aux JO-1992 de Barcelone, à l’occasion du forum Femme et sport de septembre dernier.

Même si la rupture entre les parties au conflit a fermé la porte à toute possibilité de dialogue en vue de dissiper les points de discorde, la famille sportive algérienne est appelée à retrouver vite son homogénéité et sa solidarité pour réussir ses objectifs, et ce, à quelques mois seulement d’importantes échéances internationales, comme les jeux Africains de la Jeunesse prévus à Alger et les jeux méditerranéens à Tarragone (Espagne).

R. S.

Comment (4)

    Anonyme
    25 décembre 2017 - 16 h 53 min

    Les pseudo-Algériens ont détruit le sport Algérien. Qui dit mieux ! Qui fait mieux!

    Anonyme
    25 décembre 2017 - 16 h 24 min

    Bienvenus au pays de KHERBACHE

    DYHIA
    25 décembre 2017 - 16 h 23 min

    L’Algérie est devenue un grand ring où les luttes pour le pouvoir ne se font plus cachées. La chakara fait courir tout le monde. En plus, ils n’ont plus honte de la médiocrité…On fête même les défaites. La norme de la chakara

    La Silicon Valley dites vous ?? Oui , la Silicone Valley de la médiocrité !!
    Pleure Algérie Pleure….

    karimdz
    25 décembre 2017 - 15 h 34 min

    C est triste de voir parfois, parmi les saboteurs du sport en Algérie, des algériens eux memes !

    Il y en a qui n ont aucune culture démocratique, et aucun sens du devoir national, ils ne cherchent que leurs intérêts.

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