Un timbre dédié à Mouloud Mammeri : le message politique d’Algérie Poste

Un buste de l'écrivain et chercheur Mouloud Mammeri
Un buste de l'écrivain et chercheur Mouloud Mammeri. D. R.

Par R. Mahmoudi – Après la caravane littéraire organisée par le Haut Commissariat à l’amazighité (HCA), en juillet dernier, en hommage à l’écrivain et anthropologue Mouloud Mammeri, suivi d’un colloque international, début novembre, sur la vie et l’œuvre de l’écrivain, avec la participation de plus de 30 académiciens et chercheurs algériens et étrangers, Algérie Poste a pris l’initiative d’émettre un timbre-poste à l’effigie de Mouloud Mammeri, à l’occasion de la célébration du centenaire de sa naissance.

La cérémonie sera organisée, en partenariat avec le HCA, jeudi 28 décembre à l’Opéra d’Alger et placée sous le haut patronage du président de la République. Selon un communiqué adressé à la rédaction, Algérie Poste estime que cette initiative «atteste du grand intérêt que porte l’Etat pour l’homme de littérature Mouloud Mammeri, cette figure emblématique de l’intellectuel algérien intègre qui a consacré toute sa vie à ses recherches en langue, en littérature et à la civilisation amazighe».

Si la réhabilitation officielle de ce grand écrivain et chercheur algérien ne peut être que bien accueillie, en ce sens qu’elle est venue réparer une injustice à l’égard d’un intellectuel longtemps banni à cause de son engagement pour la langue amazighe, la manière zélée dont cela se fait ne laisse aucun doute sur la volonté du pouvoir de récupérer une figure aussi populaire. C’est aussi une manière de crédibiliser cet organisme chargé de la promotion de tamazight, qu’est le HCA, à l’heure où il est pointé du doigt et discrédité par les dernières manifestations protestant contre le rejet par l’APN d’un amendement relatif à la promotion et à la généralisation de l’utilisation de la langue amazighe.

Dans une déclaration au lendemain de ces protestations, le secrétaire général du HCA (le poste de président n’est pas pourvu depuis plusieurs années) a énuméré une série d’acquis réalisés dans le domaine de la promotion de la langue et de la culture amazighes, y compris dans le domaine de l’enseignement, en citant la caravane Mouloud Mammeri, qui s’était déroulée bien avant les événements de Kabylie, comme une des réalisations importantes en la matière. Doit-on comprendre par là que l’impression d’un timbre-poste dédié à ce symbole du combat pour tamazight n’aura, lui non plus, aucun impact sur le cours des événements ?

R. M.

Comment (17)

    MELLO
    27 décembre 2017 - 19 h 45 min

    Mouloud Mammeri ? Revenons à son histoire: Mouloud Mammeri (en kabyle: Mulud At Mɛammar), né le 28 décembre 1917 dans le village de Taourirt-Mimoun dans la commune actuelle de Beni Yenni en Kabylie.
    Mouloud Mammeri fait ses études primaires dans son village natal. En 1928, il part chez son oncle installé à Rabat au (Maroc), où ce dernier est alors le précepteur de Mohammed V. Quatre ans après il revient à Alger et poursuit ses études au Lycée Bugeaud (actuel Lycée Emir Abdelkader, à Bab-El-Oued, Alger). Il part ensuite au Lycée Louis-le-Grand à Paris ayant l’intention de rentrer à l’École normale supérieure. Mobilisé en 1939 et libéré en octobre 1940, Mouloud Mammeri s’inscrit à la Faculté des Lettres d’Alger. Mobilisé à nouveau en 1942 après le débarquement américain, il participe aux campagnes d’Italie, de France et d’Allemagne.
    À la fin de la guerre, il prépare à Paris un concours de professorat de Lettres et rentre en Algérie en septembre 1947. Il enseigne à Médéa, puis à Ben Aknoun et publie son premier roman, La Colline oubliée en 1952. Sous la pression des événements, il doit quitter Alger en 1957. De 1957 à 1962, Mouloud Mammeri reste au Maroc et rejoint l’Algérie au lendemain de son indépendance. De 1968 à 1972 il enseigne le berbère à l’université dans le cadre de la section d’ethnologie, la chaire de berbère ayant été supprimée en 1962. Il n’assure des cours dans cette langue qu’au gré des autorisations, animant bénévolement des cours jusqu’en 1973 tandis que certaines matières telles l’ethnologie et l’anthropologie jugées sciences coloniales doivent disparaître des enseignements universitaires. De 1969 à 1980, il dirige le Centre de Recherches Anthropologiques, Préhistoriques et Ethnographiques d’Alger (CRAPE). Il a également un passage éphémère à la tête de la première union nationale des écrivains algériens qu’il abandonne pour discordance de vue sur le rôle de l’écrivain dans la société. Mouloud Mammeri recueille et publie en 1969, les textes du poète algérien Si Mohand. En 1980, c’est l’interdiction d’une de ses conférences à Tizi Ouzou sur la poésie kabyle ancienne qui est à l’origine des événements du Printemps berbère.

    Mouloud Mammeri meurt le soir du 26 février 1989 des suites d’un accident de voiture, qui eut lieu près de Aïn-Defla à son retour d’un colloque d’Oujda (Maroc) sur l’amazighité.

    Le 27 février, sa dépouille est ramenée à son domicile, rue Sfindja (ex Laperlier) à Alger. Mouloud Mammeri est inhumé, le lendemain, à Taourirt Mimoun. Ses funérailles sont spectaculaires : plus de 200 000 personnes assistent à son enterrement.

    Algérie poste juge qu’il doit être porté sur un timbre poste pour enrichir la collection des philatélistes.

    cherif
    27 décembre 2017 - 14 h 25 min

    Il faut maintenant travailler dur pour développer cette langue ancestrale et multimillenaire , pour la généraliser de l’atlantique jusqu’à l’Égypte et ensuite l’introduire comme langue internationale au niveau de l’ONU au même titre que l’anglais, le français,l’espagnol, le chinois, le russe et…l’arabe.

    karimdz
    27 décembre 2017 - 13 h 18 min

    C est quand meme formidable, un coup çà reproche à l Etat de ne rien faire, et quand l Etat fait, il n a pas qu imprimer un timbre, il a fait plein d autres choses que notre premier ministre a longuement cité, çà critique toujours.

    Décidément, il y aura toujours d eternels raleurs en Algérie…

    Personnellement j aurai aimé qu à cette époque, la poste imprime un timbre à l effigie de notre grand Président Houari Boumediene, rahimou Allah.

      anonyme
      27 décembre 2017 - 13 h 30 min

      Karimdz
      27 décembre 2017 – 13 h 18 min
      Personnellement j aurai aimé qu à cette époque, la poste imprime un timbre à l effigie de notre grand Président Houari Boumediene, rahimou Allah.
      On fait tout pour faire oublier aux algériens leur seul et veritable rais!! Un complot se trame (…)

      syphax
      27 décembre 2017 - 14 h 58 min

      pensée archaïque

    Tinhinane
    27 décembre 2017 - 11 h 32 min

    Réduire 3000 ans d’histoire amazigh à un timbre, il faut avoir le culot pour le faire.
    Des miettes que des miettes.
    Dés-fois, j’ai l’impression que nos dirigeants nous prennent pour des idiots.
    C’est comme donner à un enfant qui pleure un biberon vide pour l’occuper.

    Kahina
    27 décembre 2017 - 11 h 23 min

    Le timbre ne porte pas le nom d’un égyptien, c’est déjà ça. L’amazighité de l’Algérie ne se résume pas dans un Timbre…C’est le fondement de tout un peuple. (…)

    anonyme
    27 décembre 2017 - 11 h 05 min

    Ihi
    27 décembre 2017 – 2 h 11 min

    jamais votre dialecte ne sera imposer à la grande majorité silencieuse pour le moment qui commence à en avoir marre de votre arrogance, si des lâches pour préserver leurs acquis vous font la courbette ça ne sera pas le cas des autres qui à la fin ont leur mot à dire

      Akli Boughzer
      27 décembre 2017 - 12 h 51 min

      « jamais votre dialecte ne sera imposé à la majorité silencieuse ».Admirez le mépris et l’arrogance de cet « anonyme » envers la langue et la culture amazighes plusieurs fois millénaires sur leur territoire qui s’étend de l’Egypte à l’océan atlantique.C’est plutôt les fossoyeurs de cette identité qui sont à blâmer.Mais lorsque les Algériens en particulier et les Amazighs en général connaîtront la vérité longtemps occultée,je ne voudrais pas être à la place de tous les « anonymes » de ton espèce.

        anonyme
        27 décembre 2017 - 13 h 43 min

        j’attends ta cavalerie imaginaire venant de l’Égypte et jusqu’à l’Atlantique me chasser de mon pays
        Sonnez les trompettes pour tuer tout ce qui est arabo musulman
        je suis sur la terre de mes ancetres et ni toi ni ta cavalerie ne pourra me déloger sois en sûr et certain

    Rayes Al Bahriya
    27 décembre 2017 - 8 h 07 min

    Une académie portant le nom du défunt.
    Da El Mould Ath Amer….serait l’ultime consécration à L homme de culture.
    Un timbre à l’ère d’Internet c’est incongru.

    Akli Boughzer
    27 décembre 2017 - 8 h 06 min

    Enfin une reconnaissance même posthume de ce grand homme.Ses recherches et travaux sur Thamazight et son espace géographique Thamazgha sont des références de haut niveau pour la réhabilitation et la standardisation de cette langue millénaire chère à tous les Amazighs. Elle au moins ne fabrique pas des monstres sanguinaires avec des cerveaux atrophiés qui raisonnent (ou plutôt qui résonnent ) comme des robots ou des tambours.

    Anonyme
    27 décembre 2017 - 7 h 15 min

    @Atlas
    La langue Tamazight n’a pas lieu d’être « arabiser », c’est la nuit le jour, mais par contre elle doit-être standardisé par des spécialistes de cette pour qu’elle puissent être apprise correctement par les arabophones et extra-arabophones.

    Atlas
    27 décembre 2017 - 3 h 38 min

    SOyez serieux – l’enjeu de Tamazight, c’est sa graphie, que le regime veut arabiser. Vous vous imaginez ca? Arabiser la langue-meme ! C’est une question morale, et pour voir clair, il y a besoin de liberer les alkhorotos(faux), du mensonge et et d’autres vis qu’ils tiennent directement de la morale arabe – elle est unique et vous la connaissez ! Ca n’avance personne nulle-part, meme pas les arabes ! Mais qu’attendre des partisans du MNA, ceux-la qui ont pris les armes francaises contre le FLN naissant, c.a.d les heros, les euls que l’algerie ait connu ? Qu’attendre d’un marocain et sa clique, ou les soit-diant patriotes qui le servent ?

    ihi
    27 décembre 2017 - 2 h 11 min

    Récupérer les combats et les causes pour les vider de leurs substances. Voila ce que représente ce timbre.
    On n’a pas besoin seulement de timbre, on a besoin d’arrêter cette déferlante d’arabisation et d’islamisation de la Kabylie. Oui, la machine de dépersonnalisation et on marche avec de gros moyens et en parallèle, on offre des bonbons aux crédules….

      Atlas 2
      27 décembre 2017 - 10 h 36 min

      …..a ichi…soyez heureux et reconnaissants qu ils vous offrent des bonbons!..vous abusez de la générosité du pouvoir et de la tolérance des non kabyles car cela n’aura plus cours d ici peu de temps! trompés que vous êtes par l ambassade de france en Algérie…les français ont presque le même but que vous: détruire l’Algérie par une lâche vengeance!…Disons que vous aurez preferé un Sadam qui a gazé les kurdes a halabja ou un turc -(laic ,avant la venue d Erdogan)- qui interdit l usage du kurde non pas en Turquie mais dans tout le Kurdistan..et c’est l’islamiste Erdogan qui a permis aux kurdes d user de leur langue pas de leur dialecte non écrit et parlé par plus de 5 fois le nombre kabyles!

    Didouche
    26 décembre 2017 - 23 h 34 min

    Il a consacré sa vie avant tout pour la libération du pays.son oeuvre pour Tamazight est venue après. sachant qu’elle était confrontée à beaucoup d’obstacles et même d’interdiction.que dieu l’accueille en son vaste paradis.

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