Menace de plainte contre Messahel : la Royal Air Maroc bluffait ?
Par Karim Bouali – Selon des échos qui nous parviennent du Maroc, la compagnie aérienne de la famille régnante, la Royal Air Maroc (RAM), ne déposera pas plainte contre le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel. Le Makhzen, qui avait actionné ses relais médiatiques habituels pour faire un tintamarre sur une supposée action en justice qui allait être intentée contre le membre du gouvernement algérien, suite à ses propos sur le transport de la drogue par la compagnie marocaine, bluffait donc. Il était clair, dès le départ, que Rabat n’avait pas intérêt à se fourvoyer dans les méandres d’un feuilleton judiciaire qui finirait par se retourner contre le régime monarchique.
Un procès contre Messahel ruinerait la réputation d’un régime aux abois, empêtré dans ses problèmes intérieurs, et achèverait de confirmer la collusion entre les services marocains et les trafiquants de drogue qui noient l’Algérie et l’Europe voisines de tonnes de kif traité. Le ministre des Affaires étrangères n’avait fait, en effet, que rapporter des vérités consignées dans des rapports officiels d’organismes internationaux indépendants ou relevant des Nation unies.
Les sources marocaines qui rapportent l’information selon laquelle la RAM «retire sa plainte» – l’a-t-elle vraiment déposée, cette plainte ? – s’empresseront de lier cette «sage décision» à la récente visite du chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, dans notre pays, dans le cadre – «multilatéral», soulignent les deux capitales, avec deux traits rouges –, qui serait le signe d’un dégel dans les relations tumultueuses entre Alger et Rabat. Mais il est difficile de croire que le Maroc se serait réellement hasardé à s’engluer dans un procès qui aurait été surmédiatisé et qui aurait, ainsi, exposé Mohammed VI aux critiques les plus sévères et mis dans l’embarras son allié de toujours, la France, dont la justice aurait été amenée à s’immiscer, bien malgré elle, dans un litige historique qui la dépasse, sous couvert d’une simple affaire de diffamation.
K. B.
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