Maillage sécuritaire «humanisé» pour contenir la violence à Ali-Mendjeli

UV 14 Constantine
L'image de l'Unité de voisinage 14 de Constantine a bien changé. D. R.

Longtemps cataloguée comme zone sensible, la nouvelle ville Ali-Mendjeli de Constantine bénéficie d’une assistance intégrée, basée sur l’implication du citoyen et un maillage sécuritaire «humanisé» pour endiguer la violence urbaine.

La lutte contre la violence, particulièrement dans cette immense concentration urbaine, dépassant les 370 000 habitants, fait partie, en effet, des préoccupations majeures des services de sécurité qui œuvrent à y instaurer une couverture sécuritaire privilégiant le contact permanent avec les citoyens, d’où son approche «humanisée».

Ainsi, cette approche, mise en œuvre à Ali-Mendjeli, a été élaborée selon un planning impliquant directement le policier et le citoyen dans le cadre d’un partenariat social servant de rempart contre les actes de violence et d’agressivité, a souligné, à ce propos, le chef de sûreté de wilaya, Abdelkrim Ouabri.

L’objectif, selon le responsable, est de doter la ville Ali-Mendjeli de 12 sûretés urbaines, dont 6 sont déjà opérationnelles, s’inscrivant dans le cadre des missions d’accompagnement du processus de développement de ce méga centre urbain. Il a souligné, dans ce contexte, que l’urgence est de «tisser des liens solides avec la population», considérant cela comme «le moyen le plus efficace» pour lutter contre la criminalité, en particulier la violence.

L’intervention policière dans ce pôle urbain, qui continue de connaître des transferts de population du chef-lieu de wilaya, est «basée sur le travail préventif favorisant l’action de proximité dans le cadre de rencontres et de campagnes de sensibilisation avec les citoyens», a fait savoir Ouabri. La série d’affrontements entre jeunes qui se sont produits entre la fin de l’année 2014, jusqu’à mi-2015, à l’Unité de voisinage (UV) n 14 de la nouvelle ville Ali-Mendjeli a contraint les services de police à opter pour un nouveau mode opératoire favorisant le contact et la communication avec la population pour apaiser les esprits et, dans une étape ultérieure, prévenir les comportements violents.

Conscients des «manœuvres malintentionnées que des cercles occultes ont tenté pour récupérer la colère citoyenne» qui y régnait, les services de police, indique-t-on, ont joué la «carte du dialogue». Cette démarche a vite donné ses fruits pour devenir par la suite une stratégie de terrain appliquée dans le cadre d’un partenariat social qui s’est avéré rentable, selon le constat fait par les services de sécurité mais également par les citoyens. Les bagarres qui opposaient sporadiquement, une année durant, des jeunes issus de familles relogées à l’UV 14, dans le cadre de la résorption de l’habitat précaire, font désormais partie du passé grâce au travail de proximité et de sensibilisation accompli sur place par les services de  police.

Aujourd’hui l’UV 14, qui était synonyme de violence et d’agressivité, est devenue un endroit apaisé et les séquelles de la violence marquées sur les façades des immeubles ciblés lors des affrontements ont été «réparées et effacées» par ces mêmes jeunes qui veulent oublier cette époque sombre de l’histoire de leur cité.

A ce titre, la sûreté urbaine opérationnelle sur les lieux n’enregistre plus de grandes affaires liées à la violence, avec le retour du calme dans ce segment précis de Ali-Mendjeli, ont affirmé les responsables de cette sûreté urbaine qui reçoivent les citoyens en tant que «partenaires».

L’UV 14 en pole position en matière de paiement de loyer

Cette unité de voisinage totalisant plus de 12 000 habitants, «entachée» des années durant par le sobriquet peu envieux de «cité infréquentable», est classée aujourd’hui par les services de l’Office de promotion et de gestion immobilière (OPGI) en pole position en matière de paiement de loyer.  Il s’agit là d’un indice d’évolution citoyenne dont les habitants de l’UV 14 ont fait montre à la faveur d’une véritable prise de conscience consolidée par les supports de communication et de dialogue mis en place par les institutions de l’Etat, a-t-on indiqué.

Par ailleurs, le pôle urbain d’Ali-Mendjeli a été renforcé, entre mars et juillet 2017, par 4 nouvelles sûretés urbaines en plus de 2 structures similaires déjà existantes, a-t-on rappelé, faisant part de la création d’une Brigade mobile de police judiciaire (BMPJ) et une autre de recherche et d’investigation.

Le maillage de l’ensemble de cette ville avec la construction d’un nombre conséquent de structures dédiées à la sécurité urbaine restera toutefois insuffisant si des opérations de «récupération des terrains vagues» n’étaient pas lancées, a estimé Nora Bilak, professeur en sciences humaines et sociales à l’université Constantine 2.

La violence dans les milieux urbains, et particulièrement dans les villes nouvelles, est souvent favorisée par l’existence d’assiettes vides que les jeunes exploitent pour s’adonner à des actes de criminalité en tout genre, a fait savoir la même spécialiste qui a insisté sur le rôle prépondérant de la famille dans la prévention de ce phénomène.

R. N.

Commentaires

    Anonyme
    28 février 2018 - 19 h 19 min

    Il était temps de prendre des mesures pour cette immense cité béton sans âme et sans identité car la situation était trop grave.
    Cela fait du bien de lire qu’il existe des responsables qui réfléchissent encore.
    Quand on voit ce qui est advenu de la Ghouta orientale près de Damas, autrefois un paradis de vergers puis bétonné par des spéculateurs immobiliers qui se sont rapidement enrichis avec les truands et la petite pègre avant de se découvrir « islamistes » opposants un matin, il fallait parer à un tel scénario chaotique.

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