Déclaration de Raouia sur la politique des subventions : Ouyahia isolé ?
Par Meriem Sasi – Les déclarations récentes du ministre des Finances contredisant les assurances du Premier ministre quant au maintien des subventions sociales sont-elles un signal de l’isolement tissé autour du Premier ministre, Ahmed Ouyahia ?
Même s’il a nuancé ses propos quant à la suppression des subventions des carburants et produits de première nécessité, le ministre de Finances, Abderahmane Raouia, est resté, en effet, lors d’une intervention au Sénat, dans une logique économique basée sur la nécessité d’aller irrémédiablement vers une suppression des aides sociales, tout en ciblant les catégories les plus défavorisées, via un nouveau système en cours d’élaboration.
Une sortie moins tranchante donc mais qui sonne tout de même comme une réaffirmation des déclarations faites lors de la rencontre organisée sous l’égide du FMI à Dubaï. Raouia avait alors été très direct, donnant des échéances précises en ce qui concerne la suppression des subventions, soulevant un tollé d’indignation en Algérie.
Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, avait alors pris la casquette de chef du RND pour assurer que la politique sociale du gouvernement ne subirait aucun changement et que le maintien des subventions était non négociable.
Des assurances qui avaient été renouvelées de manière moins tranchée par la présidence de la République lors de la célébration du double anniversaire du 24 Février mais en l’absence du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui n’avait pas fait le déplacement à Oran. C’est le ministre de la justice, Tayeb Louh, qui avait été choisi pour lire le message du président Abdelaziz Bouteflika aux travailleurs. Un indice selon les présents de la mise à l’écart du Premier ministre, Ahmed Ouyahia.
Celui-ci se fait d’ailleurs très discret ces derniers jours lors de rares interventions publiques, et semble dépassé par l’ampleur de la grogne sociale et des manifestations de force des syndicats qui, face au silence du gouvernement, demandent l’arbitrage de la présidence de la République.
Il faut se rappeler également la mise au point de la présidence de la République suite à l’adoption de l’accord sur le Partenariat public-privé scellé entre le patron de l’UGTA et le chef du FCE avec la bénédiction d’Ouyahia, lors de la tripartite gouvernement-UGTA-FCE en décembre dernier.
La Présidence avait alors souligné que «la mise en œuvre des mesures prévues par la Charte sur le Partenariat sociétaire, relatives à l’ouverture du capital d’entreprises publiques économiques au secteur privé, doit être soumise préalablement à l’accord du président de la République, et ce du stade de projet d’ouverture du capital ou de cession d’actifs jusqu’à la décision finale».
Un rappel à l’ordre qui a été interprété comme le début d’une disgrâce du Premier ministre. D’autres déconvenues se sont enchaînées. Ahmed Ouyahia finira-t-il par subir le sort d’Abdelmadjd Tebboune ?
M. S.
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