Comme au Moyen-Âge

jeune voleur
L'oisiveté, le chômage… mènent la société algérienne vers une impasse. New Press

Par R. Mahmoudi – Une vidéo de la chaîne Ennahar TV, partagée par de nombreux internautes, montre avec quelle manière, et surtout impunité, un groupe de citoyens cherche à punir un voleur présumé dans un marché de bétail situé, vraisemblablement, dans la wilaya de Boumerdès, en décidant de se faire lui-même justice.

Ces images effroyables montrent un jeune homme traîné par les pieds sur des dizaines de mètres par une foule galvanisée, comme dans ces histoires de torture du Moyen-âge qui peuplent l’imaginaire de l’humanité, pendant qu’on l’interroge et on le menace de mort pour lui soutirer des aveux concernant d’autres personnes qui seraient ses «complices» dans l’acte de vol pour lequel il est jugé.

Cette scène rappelle le supplice qui a été infligée, en décembre 2016, à un autre jeune homme pris en flagrant délit de larcin dans le marché d’Akbou, dans la wilaya de Béjaïa. Le jeune homme a été ligoté et suspendu à un arbre par les pieds, au milieu d’une foule qui s’apprêtait à le lyncher à mort. La personne n’a dû son salut qu’à l’intervention de la police. La scène a été filmée et a suscité une vague de commentaires mais, dans cette première affaire comme dans cette seconde, les autorités semblent dépassées, voire impuissantes face à de tels phénomène qui, pourtant, ouvrent la voie à tous les excès et dangers, dont celui de se substituer à l’autorité de l’Etat sur des questions qui sont de son seul ressort. La justice populaire est en vogue dans des zones de non-Etat à travers le monde.

Cela dit, à travers les réseaux sociaux, l’opinion est largement partagée entre ceux qui expriment leur totale indignation, en décrivant cet acte de «monstrueux», de «scandaleux» et de «signe révélateur d’une dangereuse régression sociale» et ceux qui, malheureusement aussi nombreux, y voient un signe de conscience citoyenne et une forme de moralisation salutaire de la société, exposée à une montée sans précédent de la délinquance, alimentée par un chômage ravageur chez les catégories les plus jeunes. D’aucuns louent aussi les vertus de cette forme de justice populaire par dépit ou par révolte face au «laxisme» des autorités à tous les niveaux contre les délinquants.

R. M.

Comment (7)

    Clair-obscur
    9 avril 2018 - 10 h 24 min

    Pardon pour les hommes du moyen-âge… Énorme insulte que de les comparer à nous.

    Bareme
    8 avril 2018 - 18 h 24 min

    Nous sommes un pays sous développé ne l’oublions pas. Et le sous développement n’est pas matériel, il est d’abord intellectuel. Un pan entier de la société algerienne souhaiterait vivre à l’ère de l’hegire (avec toutefois un téléphone portable, une voiture et une maison construite en brique ). Un pays où l’instruction, l’éducation et l’universalité se confondent avec la religion ne va pas bien loin et ses citoyens finiront tôt ou tard par se comporter comme se sont comporté ces lyncheurs. Oeil pour oeil et dent pour dent…..comme à l’ère sauvage.

    Yeoman
    8 avril 2018 - 15 h 13 min

    Arrêtons d’accabler les hommes du Moyen-Âge. Leurs crimes n’étaent ni aussi gratuits ni aussi lâches et massifs que les nôtres. Et ils avaient l’excuse de l’extrême pauvreté.

    R. B
    8 avril 2018 - 14 h 23 min

    L’éducation c’est l’affaire de tous, le peuple d’Algérie est sous éduqué, les carences en la matière sont énormes, on ne suit pas correctement nôtre religion, le bon comportement que tout musulman doit avoir échappe à notre chère conscience collective, nos dirigeants les premiers ne montrent pas l’exemple, on ne peut donc rien du peuple, il n’y a qu’à voir tous les déchets qui jonchent dans nos rues, on ne se respectent pas SOI-MÊME, comment peut-on respecter autrui…. Et j’en passe, je ne généralise pas à l’extrême, les bons exemples ne manquent pas chez nous, je souhaite inchaallah que le peuple algérien montre l’exemple à nos dirigeants incompétent et délabrés de l’esprit……

    صالح/ الجزائر
    8 avril 2018 - 14 h 14 min

    les Algériens sont confrontés à un dilemme , qui à présent ne trouve pas de solution logique et acceptable .
    d’un côté , les petits délinquants , qui voient les grands voleurs entrain d’accaparer le reste des richesses du pays , se donnent le droit de récupérer , eux aussi , au moins quelque chose . mais comme le grand vole ( des grands voleurs ) , commis pour pouvoir transférer à l’étranger le gain et le mettre à l’abri du petit peuple , y compris les petits délinquants , est institutionnalisé comme le confirment de hauts responsables algériens eux meme ( le “gonflage” des factures d’importation des marchandises ; des usines d’assemblage automobile qui ne montent que des roues ; le secrétaire général de l’UNPA accuse l’ancien ministre de l’Industrie , d’avoir tenté de s’accaparer de 1200 hectares de terres agricoles dans la wilaya de Boumerdès , au profit des non fellahs . …
    de l’autre côté il y a la grande masse , laissés-pour-compte , non protégé ni des grands voleurs ni des petits pickpockets , par des institutions de l’Etat , et qui aspirent à vivre en paix loin des uns et des autres voleurs .
    il faut arrêter de lier le vole avec le » chômage ravageur » , chez les catégories les plus jeunes , car le vole n’est pas synonyme du chômage , et puis les agriculteurs , les constructeurs .. se plaignent de manque de main d’ouvre .
    En constatant que  » la justice populaire est en vogue dans des zones de non-Etat à travers le monde  » , on donne ainsi le droit au peuple à se protéger .
    Les humains sensés ont inventés et crées des institutions pour qu’elles veillent sur le bien-être de la communauté , si ces institutions protègent uniquement certaines personnes , bien placées , et délaissent le reste , la majorité , ces dernier seraient dans le besoin d’ utiliser leurs propres moyens pour se défendre , et la faute incombe aux responsables supérieurs qui , au lieu de faire attention aux problèmes vécus quotidiennement par le petit peuple , protègent les acheteurs d’appartements de Paris et des hôtels d’Espagne , et des importateurs de gravier et patates de cochons … .

    Anonyme
    8 avril 2018 - 10 h 08 min

    Non les autorités ne sont pas dépassés. Les autorités s’occupent de leurs affaires et de celles de leur progéniture. Si le peuple se comporte ainsi c’est qu’il a compris que l’État est absent et puis toutes ces histoires de grâce que tout le monde en vomit ! Autre chose: avez vous vu ailleurs les jeunes se baladent avec des sabres au su et au vu de tout le monde ? Cela n’arrive qu’en Algérie!!

    Anonyme
    8 avril 2018 - 9 h 50 min

    Cette Algérie à été biberonnée aux scènes de violence, le simple fait de voire égorger un agneau et en soit une violence innouie dans la tête d’un enfant, et toute les scènes violente du quotidien, Ex : LES insultes, parler fort, E’chema… en effet, notre niveau d’instruction est bas. L’éducation civique s’apprend à la maison, ce sont les parents qui sont responsables… pas l’Algérie, ni les juifs, ni bouloulou!!!

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.