Le pouvoir par la base
Par R. Mahmoudi – Lors d’un meeting animé ce samedi, au quatorzième jour de la campagne électorale pour le scrutin du 6 mai en Tunisie, le président du mouvement islamiste Ennahdha (Frères musulmans), Rached Ghannouchi, a exhorté ses partisans à gagner un maximum de municipalités dans les régions. «C’est nous qui avons arraché le droit aux élections municipales, a-t-il déclaré, et le 6 mai sera une grande étape de la révolution, qui est la décentralisation du pouvoir qui permettra à chaque région d’avoir une autonomie de gestion».
Rached Ghannouchi a souligné que son pays était en passe de faire un grand pas en avant : «La libération du géant tunisien ligoté par un funeste centralisme». Et d’annoncer que l’objectif prioritaire de son mouvement dans la prochaine étape est de renforcer le pouvoir local, en promettant de déclarer ensuite la «guerre totale à la corruption et aux corrompus».
Lors d’un rassemblement le 14 avril dernier marquant le démarrage de la campagne électorale, le chef du mouvement Ennahdha avait tenu le même discours. «Ce week-end, avait-t-il déclaré, a connu deux évènements d’importance majeure. Le premier a lieu en Tunisie et concerne le démarrage de la campagne pour les élections municipales, qui vont permettre aux islamistes de récupérer le pouvoir du pays par la base».
Ce soudain durcissement du discours du chef de file des islamistes tunisiens coïncidait avec sa visite «historique» à Bruxelles où il a été reçu en chef d’Etat par la Haute représentante européenne aux Affaires étrangères et des Politiques de sécurité, Federica Mogherini. Si, officiellement, le porte-parole de la Commission européenne justifie cette rencontre par «l’importance des relations tuniso-européennes» et aussi par l’intérêt qu’accorderait l’UE à «l’expérience démocratique tunisienne», des observateurs ont interprété cette initiative comme un signe fort de la part de Bruxelles pour accepter, voire encourager le retour d’Ennahdha au pouvoir en Tunisie.
R. M.
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