La loi de la jungle
Par Sadek Sahraoui – Les Occidentaux ont trouvé un nouveau moyen de détruire des pays ou de s’ingérer dans leurs affaires, sans pour autant donner l’impression de faire dans le gangstérisme international ou de violer le droit international. Pour cela, ils n’ont eu qu’à opposer la notion de légalité internationale et celle de légitimité. Et c’est précisément au nom de cette pseudo-légitimité internationale qu’ils ont récemment bombardé la Syrie.
Et c’est probablement au nom de cette même légitimité, qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler le concept de droit d’ingérence théorisé à la fin des années 1980 par le professeur de droit, Mario Bettati, et l’homme politique français, Bernard Kouchner, que demain peut-être Washington, Londres et Paris attaqueront l’Iran ou un tout autre pays qui ne rentre pas dans leur moule.
Le précédent que constitue l’attaque menée le 14 avril dernier contre la Syrie est extrêmement grave, en ce sens aussi qu’il ôte toute raison d’être aux Nations unies, seule institution normalement habilitée à rendre justice et promeut l’illégalité comme valeur universelle. Le cas syrien veut tout simplement dire, en effet, que les affaires du monde seront dorénavant traitées en dehors du Conseil de sécurité de l’ONU, une instance qui limite considérablement la marge de manœuvre des Occidentaux.
La date du 14 avril consacre effectivement la loi du plus fort, l’illégalité ou le principe de deux poids, deux mesures comme principal régulateur des relations internationales. C’est la raison pour laquelle le monde continue, d’ailleurs, à fermer les yeux sur le génocide des Palestiniens, des Yéménites et des Rohingyas en Birmanie. Le monde bascule inévitablement et inexorablement vers la loi de la jungle. Dès lors, le pire est à craindre. Il faut vraiment être aveugle pour ne pas voir que la justice et le droit international sont morts.
S. S.
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