Laïusseur ès qualités

France Europe
Manifestation du mouvement d’extrême droite CasaPound Italia à Rome, le 21 mai 2016. D. R.

Par Mrizek Sahraoui – Ceux qui ont suivi de très près la campagne électorale française de 2017 sont témoins et le diront : au soir du second tour, l’Europe était à l’affût et avait l’œil rivé sur ce que devaient être les résultats entre, d’un côté, un «convaincu» et, de l’autre, une eurosceptique. Ce fut un grand soulagement, on était passés à deux doigts du cataclysme.

Logique, de très grands espoirs avaient été placés en Emmanuel Macron, celui qui allait redonner du sens et une pulsion à la construction européenne, depuis quelque temps malmenée par les vents nationalistes venant de Pologne, d’Autriche, d’Allemagne, de Hongrie, du Danemark, de Roumanie, de Tchéquie et, surtout, ceux qui, plus forts encore, venaient outre-Atlantique.

Seulement voilà, les choses ont pris une autre tournure depuis lors : les nationalistes allemands sont au pouvoir aux côtés de la chancelière ; les Hongrois ont plébiscité et reconduit Viktor Orbán ; les Polonais font leur loi au sein de l’Europe ; les Autrichiens se sont accommodés avec l’extrême droite, Donald Trump dicte les règles, cerise sur le gâteau, les Italiens viennent de placer une coalition de populistes et de nationalistes aux commandes de l’Italie, troisième puissance économique européenne.

Et l’échec porte un nom : Emmanuel Macron ! Car, pendant ce temps, l’ex-ministre de l’Economie sous François Hollande fait des discours que personne n’écoute, surtout sans réelle portée, ni résultats concrets sur le terrain : l’Europe se fissure ; à l’international ne n’est guère mieux ; au Sahel, c’est le flou total et aucune perspective de sortie à l’horizon ; Donald Trump réduit le Vieux-Continent à un Etat fédéral, le cinquante et unième.

Mardi dernier, aux allures de celui qui apporte toujours du nouveau, Emmanuel Macron a décliné sa méthode – surtout pas d’énième plan, comme l’avaient laissé suggérer les médias à la suite de la sortie du plan Borloo pour les banlieues –, à travers une série de mesures pour «construire une politique d’émancipation et de la dignité» pour les habitants des quartiers défavorisés. Rien que ça.

Inutile d’énumérer la liste de ces mesures de l’ordre d’une vingtaine, a posteriori aussi vagues, floues les unes que les autres, et avec aucune précision sur leurs coûts, un paramètre essentiel dans toute politique publique, surtout quand les déficits publics de la France ne satisfont pas les seuils imposés par la Commission européenne. Par ailleurs, sur le chapitre de l’emploi, n’ayant vu aucune fiabilité dans le discours du Président, les entreprises demeurent très frileuses, et le chômage repart à la hausse, selon l’Insee.

Résultat des courses : peu à peu, mais inexorablement, l’Europe se dirige droit vers les années trente ; les Français, de plus en plus nombreux, déchantent, et à un député de l’opposition d’ironiser : «Macron ? Un Laïusseur ès qualités.»

M. S.

Comment (4)

    Felfel Har
    24 mai 2018 - 18 h 48 min

    Juché sur le piedestal qu’il s’est construit, Macron n’a pas encore compris qu’il a été élu par défaut, que son élection n’a rien d’un plébiscite et que ses idées n’inspirent personne. Son attitude du genre « m’avez-vous vu », égocentrique et narcissique, est tournée en dérision en France et au-delà. Les Français comme leurs voisins européens ne font plus confiance à ces technocrates, à ces sangsues que sont leurs banques et aux politiciens qui sortent de leurs rangs car ils sont les fossoyeurs de l’idéal originel de l’Europe des peuples. Par milliers, ils grossisent les rangs des partis populistes pour mettre un terme à cette globalisation qui les appauvrit chaque jour un peu plus, en même temps qu’elle enrichit outrageusement les nantis. Ils expriment leur ras-le-bol de toutes les génuflexions que s’imposent leur dirigeants pour plaire et se soumettre aux desiderata des USA, à leur détriment. Béatement installé à l’Elysée, Macron n’a toujours pas compris que son idéal européen s’évanouit à mesure que des peuples élisent des populistes qui entendent revenir sur leur appartenance à l’Union Européenne pour retrouver leur souveraineté. Ses discours doctes, pompeux et pédants ne leur feront pas changer d’avis.

    MELLO
    24 mai 2018 - 16 h 03 min

    Réajustement d’un parcours politique de quelqu’un qui se disait et se prenait « homme de lettre ‘ ou encore écrivain, Emmanuel Macron s’est retrouvé placer sur une rampe de lancement vers un destin qu’il n’ a pas ‘toujours’choisi. La France en avait ras le bol des partis politiques (PS et UMP) qui ne proposent rien de concret. Mâcon arrive avec un discours qui s’adresse directement à la jeune génération, mais est ce suffisant ?. De l’extérieur ‘ nous voyons une Europe lourde, une Europe qui n’arrive pas à se prendre en charge’et voilà que l’Angleterre (brexit) se retire de cette mollesse Européenne, ailleurs des voix extrémistes se manifestent pour exprimer le nationalisme ,revenir aux frontières nationales. Dans tout ce tourbillon , Macron commence à perdre la tête. Dans tout ce méli mélo, Poutine , en observateur invétéré, place ses pions en mettant cette Europe dans l’embarras ????. En homme ambitieux, Macron cherche à se hisser et se placer du côté de Poutine. L’avenir de l’Europe est elle avec cette Russie ?

    HOUMTY
    24 mai 2018 - 14 h 09 min

    SALAM L’KHAWA… je connais assez bien, l’europe, et je peux vous garantir de l’union européene n’a que quelques moi a vivre, voir (5) ans maximum, les parties politique qui vont faire imploser cette union viendront des pays suivent : italie, autriche, bulgarie, allemagne et grece…. les usa qui séme la zizanie au niveaux commercial et les comflit qui malheureusement vont s’emplifier sur le bassin méditerranéen vont finir pas divisé un grand nombre de pays . le rêve de Mr macron va se brisé comme un vase de cristal… ehhh oui. VIVE L’ALGERIE ET NOTRE GLORIEUSE ARMEE.

    Anonyme
    24 mai 2018 - 12 h 07 min

    Pour reprendre Dominique de Villepin interview BFM WC, « Les italiens ne veulent pas être pauvres et étrangers dans leur pays. L’élection de Macron est un accident historique. Nous sommes nous européens une variable d’ajustement atlantique. Il est urgent de réapprendre à dire NON. L’indépendance et la souveraineté nationale c’est la clé de la CRÉDIBILITÉ pour les dirigeants européens. »

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