Ce qu’est le pouvoir

Bouteflika force
Le pouvoir, c’est la folie de se vouloir le centre unique du champ du collectif. New Press

Par Nouredine Benferhat – Le pouvoir est force et ruse. C’est le désir fantasmatique qui va, par la violence, réduire le réel au fantasme et lui faire payer le prix de son altérité.

Le pouvoir totalitaire est l’essence fantasmatique du pouvoir. Il est le désir d’exercer le pouvoir et d’absorber le monde dans l’identité de son désir. C’est la folie de se vouloir le centre unique et rayonnant du champ du collectif. C’est l’ambition personnelle et le plaisir qu’on trouve à l’exercer, c’est-à-dire la gloire et l’ivresse des sommets. C’est le processus d’aliénation que déclenchent les émotions et les passions.

Même non recherchée au départ, l’expérience du pouvoir montre qu’elle est l’expérience de ce désir fantasmatique qui déclenche inévitablement sa logique, à moins d’une force d’âme extrêmement rare qui suppose la compréhension de ce processus. Sans cela, le pouvoir corrompt, et ce quels qu’en soient la base de légitimation et les motifs personnels initiaux.

Le pouvoir légitime ne se mesure pas au fondement dont on se réclame et à la perfection des institutions qui constituent ce fondement, tant il est vrai que cette légitimité tend toujours à être résorbée par le fonctionnement concret du pouvoir. Ce n’est pas parce qu’un pouvoir est légitime que toutes ses décisions le sont et qu’il en devient infaillible.

Le critère de légitimité d’un pouvoir, c’est celui de la «contestabilité» de ce pouvoir, qui l’invite à «l’obéissance irrespectueuse» qui admet le fait du pouvoir mais qui, irrespectueusement, en discute les actes.

N. B.

Comment (4)

    MELLO
    12 juin 2018 - 17 h 09 min

    La photo , jointe à cet article, est assez significative d’un pouvoir ‘fondamentalement fantasmatique. C’est le plus pur culte de la personnalité.

    MELLO
    12 juin 2018 - 16 h 54 min

    Encore fallait il parler du pouvoir en Algérie, car le pouvoir en lui même n’est que la capacité de diriger. En Algérie ,le pouvoir s’identifié au système et se confond avec l’État. Si le pouvoir est l’État , toutes les institutions sont totalement verrouillées et ne dépendent que du détenteur du pouvoir suprême. Dans cette pyramide de gouvernance, on retrouve,tout de même, une cascade de pouvoirs personnels qui agissent au gré des humeurs. Les directeurs centraux agissent comme si l’administration, dont ils sont à la tête, est une propriété privée. Cette cascade du pouvoir arrive, malheureusement au niveau des agents de sécurité à l’entrée de chaque administration. Il décide ,seul, de votre visite auprès du Directeur. Le pouvoir est source de dictature, pour celui qui se l’est accaparé, mais chez nous, même si vous occupez un poste de responsabilités, ce besoin de décider ,non pas selon les critères des fiches de fonctions, glisse plutôt vers un pouvoir personnel.

    lhadi
    12 juin 2018 - 14 h 35 min

    Le plus difficile, dans l’exercice du pouvoir, est de se doter de collaborateurs qui osent affirmer ce qu’ils pensent à celui qui les dirigée, sans craindre de lui déplaire, ni se contenter d’abonder dans le sens de ce que lui, selon eux, souhaite entendre. Le phénomène de cour est inhérent au fonctionnement des entourages. C’est un mal inévitable qui peut devenir fatal si l’on ne dispose pas de solides contre-feux pour en limiter les effets.

    Le président de la république doit savoir compter sur la franchise des progressistes qui, à juste titre, lui recommandent sans ménagement de renoncer à un cinquième mandat porteur d’une très grave atteinte, morale et politique, aux intérêts les plus élevés de la nation algérienne et de toute évidence aux quotidiens du citoyen.

    L’exercice du pouvoir impose de regarder la vérité en face., fut-elle brutale et dérangeante, à moins de se dérober devant elle par démagogie ou calcul politique à courte vue.

    Fraternellement lhadi
    ([email protected])

    Djeha Dz.
    12 juin 2018 - 11 h 17 min

    Chez nous le pouvoir s’est toujours érigé sur la légitimité historique et sur la force. Que nous le voulons ou pas nous sommes un état policier.
    L’ivresse du pouvoir porte à la cécité et à la surdité.
    La preuve regardons objectivement où nous en sommes et pensons un instant à ce que nous aurions pu être avec un système politique démocratique puisant sa légitimité dans la confiance du peuple , sinon pourquoi chaque législature pondait une nouvelle constitution??

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