Quand l’Europe bourgeoise affamait et diffamait Karl Marx (2)

Marx, prolétariat, communisme, capitalisme
Statue offerte par la Chine au village natal de Marx,Trèves. D. R.

Par Khider Mesloub – De toute évidence, du vivant de Marx, la bourgeoisie a tout fait pour l’empêcher d’agir en le diabolisant, en le persécutant de son arsenal policier. Après sa mort, elle a tout fait pour dénaturer son combat pour la destruction du capitalisme et l’avènement du communisme. Aujourd’hui, à l’occasion du 200e anniversaire de la naissance de Marx, la plupart des documentaires audiovisuels et journalistiques ne dérogent pas à la règle. Certes, la majorité de ces productions médiatiques a rendu un hommage à la pensée de Karl Marx. Pareillement, de nombreux universitaires ont salué l’apport de Marx à l’économie, à la philosophie et à la sociologie. Mais pour mieux insister sur la caducité de la pensée de Marx, ou encore pour mieux souligner les erreurs politiques de sa pensée. Par cette entreprise de dévitalisation de la pensée de Marx, cette élite universitaire vise à rendre moins mordante sa théorie, à émousser le tranchant révolutionnaire et militant du marxisme.

Parmi les arguments avancés par ses mandarins de l’université, pour falsifier et déconsidérer l’œuvre révolutionnaire de Marx, figure cette sentencieuse assertion considérant Marx comme un simple «penseur du XIXe siècle». Entendant par là que son œuvre ne permet pas de comprendre l’évolution ultérieure des XXe et XXIe siècles. (Il est vrai que l’œuvre de Macron ou de Trump permet mieux de comprendre le monde capitaliste contemporain).

Le projet d’émancipation révolutionnaire n’aurait aujourd’hui, selon certains auteurs, aucune validité, ni nécessité historique. D’ailleurs, toujours selon ces théologiens modernes du capital, la classe ouvrière n’existerait plus, et son projet politique ne pourrait déboucher que sur le cauchemar stalinien. Selon ces plumitifs du capital, hormis ses apports en matière philosophique et sociologique, tout l’aspect politique révolutionnaire de l’œuvre de Marx serait finalement à jeter aux poubelles de l’histoire.

D’aucuns, comme Jacques Attali, s’ingénient de récupérer Marx en réduisant son combat en défense de la démocratie, du libéralisme. Ce conseiller des princes ose affirmer que Marx serait un «père fondateur de la démocratie moderne». (Ce n’est qu’un falsificateur au service de la bourgeoisie qui nous présente la société actuelle comme la meilleure qui soit. Le but de sa propagande est d’empêcher la classe ouvrière de comprendre que la seule perspective possible pour sortir de l’horreur du capitalisme agonisant est de se battre pour l’instauration d’une société humaine sans classes).

Toujours selon ces thuriféraires du capitalisme, l’œuvre de Marx permet surtout de comprendre et d’améliorer le capitalisme. Certains de ces apologistes du capital ne tarissent pas d’éloges sur son génial ouvrage «économique», Le Capital. Marx est un «économiste de génie», clament-ils : il est le premier penseur à avoir pressenti les crises du capitalisme, prédit la mondialisation, l’accroissement des inégalités, etc. Au fond, d’après cette analyse tendancieuse panégyrique, il s’agirait de comprendre Marx, non comme le militant révolutionnaire qu’il était, mais comme un penseur dont l’œuvre permettrait d’améliorer le capitalisme.

Par ailleurs, parmi les plus célèbres apologistes de Marx figurent au premier plan depuis un siècle ses prétendus héritiers : depuis les staliniens jusqu’aux trotskistes en passant par les nombreuses chapelles gauchistes. En réalité, tous ces thuriféraires de Marx n’ont cessé de défigurer, dénaturer, souiller le révolutionnaire Marx, notamment par sa «métamorphosisation» en icône quasi-religieuse, par sa canonisation au moyen d’érection de statues, par leur assimilation mensongère des pays staliniens au communisme.

De manière générale, contrairement aux mensonges colportés par ces serviteurs du capital, Marx n’a jamais été ni un économiste, ni un philosophe, ni un sociologue. Marx est d’abord un révolutionnaire, c’est-à-dire un combattant. Son travail théorique est incompréhensible sans ce point de départ. Certains ont voulu faire de Marx un pur savant enfermé avec ses livres et coupé du monde, mais seul un militant révolutionnaire peut être marxiste. Depuis sa participation au groupe des jeunes hégéliens à Berlin en 1842 jusqu’à ces derniers engagements de la fin de sa vie, Marx a été un combattant pour le communisme.

L’œuvre théorique de Marx est monumentale. Et si Marx a pu développer une originale élaboration théorique, c’est parce qu’il s’est placé d’emblée du point de vue de la nouvelle classe ouvrière enfantée par le capitalisme pour soutenir sa pathologique valorisation. Il a été le premier à théoriser scientifiquement le rôle révolutionnaire de la classe ouvrière. A comprendre, par sa place essentielle au sein de la production, sa mission historique de fossoyeur du capitalisme. A saisir que la classe ouvrière n’a rien à défendre dans le capitalisme mais seulement ses chaînes à perdre par sa lutte contre son exploitation. Marx, en partant de ces postulats, a été le premier révolutionnaire à comprendre que le combat des ouvriers contenait potentiellement la fin de l’exploitation de l’homme par l’homme, dans laquelle l’humanité se débat depuis l’apparition des classes sociales. Et la libération de la classe ouvrière permettrait l’avènement de l’humanité réunifiée, c’est-à-dire la communauté humaine universelle, la société sans classe. Sur le fondement de la mission historique de la classe ouvrière (transformation de classe en soi en classe pour soi), Marx a mis en œuvre sa méthode scientifique, le matérialisme historique, nouvelle arme de combat de la classe ouvrière. Par sa nouvelle méthode dialectique, Marx remet sur ses pieds l’approche philosophique idéaliste de Hegel, pour qui certes toute transformation de la réalité est un processus dialectique, mais par l’esprit.

C’est en partant du point de vue de la classe ouvrière que Marx a pu s’atteler à l’étude de l’économie, pour lui offrir un outil de compréhension des mécanismes d’exploitation en œuvre dans le système de production capitaliste. C’est en combattant de la classe ouvrière et non en savant neutre que Marx s’est donc engagé dans l’étude des fondements économiques de la société capitaliste pour en faire la critique. Cette étude lui a permis de découvrir les règles économiques du système capitaliste. De démontrer que le fondement du capitalisme est l’échange marchand. C’est l’échange qui est à la base du rapport salarial, c’est-à-dire du rapport d’exploitation de l’homme par l’homme dans le capitalisme. Et l’achat de la force de travail signifie production de plus-value, et donc exploitation.

Grâce notamment à l’approche matérialiste, Marx a pu dégager l’historicité du mode de production capitaliste. A l’instar des modes de production antérieurs emportés par les convulsions de l’histoire, le système capitaliste n’est pas aussi éternel. Le capitalisme est confronté à des limites intrinsèques. Il entre historiquement en crise car «à un certain stade de leur développement, les forces productives matérielles de la société entrent en contradiction avec les rapports de production existants, ou, ce qui n’en est que l’expression juridique, avec les rapports de propriété au sein desquels elles s’étaient mues jusqu’alors. De formes de développement des forces productives qu’ils étaient, ces rapports en deviennent des entraves. Alors s’ouvre une période de révolution sociale.» (Contribution à une critique de l’économie politique).

En outre, Marx démontre que le capitalisme produit son propre fossoyeur : le prolétariat, qui est à la fois la dernière classe exploitée de l’histoire. Exploité, opprimé, dépossédé de tout, le prolétariat est la classe sociale potentiellement révolutionnaire par la nature associée et solidaire de son travail. Classe qui, en s’unissant au-delà des frontières, est la seule force capable de renverser le capitalisme au niveau mondial pour établir une société sans classes et sans exploitation.

L’élaboration théorique réalisée par Marx demeure un outil d’analyse irremplaçable pour la compréhension de la société bourgeoise du XIXe siècle, mais également des deux siècles suivants. A notre époque de crise systémique du capitalisme, les découvertes théoriques de Marx doivent être à nouveau réappropriées par la classe ouvrière pour mener efficacement son combat contre le capitalisme dans une perspective de sa destruction. Marx aura partagé le sort du prolétaire moderne. Il a mené une existence misérable, totalement précaire. Il a subi les persécutions, les calomnies, les condamnations, l’internement, l’exil.

A la veille de son cinquantième anniversaire, Marx écrit : «Un demi-siècle sur les épaules et toujours aussi pauvre !» Dans une autre lettre il dit : «Je dois poursuivre mon but envers et contre tout et ne pas laisser la société bourgeoise faire de moi une machine à faire de l’argent.» (Lettre de Marx à Weydemeyer le 1er février 1859).

Jusqu’à sa mort, Marx l’immigré, l’exilé de force est demeuré fidèle à ses convictions.

K. M.

(fin)

Comment (7)

    lhadi
    13 juillet 2018 - 19 h 38 min

    Il existe un conflit qui oppose les élites algériennes modernisatrices, celles qui s’identifient au progrès, à la science, aux forces productives et à la rationalité aux groupes qui résistent aux changements menaçant leurs équilibres, leurs traditions et leurs intérêts.

    En effet, la vérité, celle qui ne ment jamais à la vérité : c’est-à-dire la réalité, atteste que l’idéologie de nos gouvernants qui considèrent l’Algérie adamantine comme leur latifundium n’a pas changé d’un iota alors que le monde change, avance, bouge.

    ils s’enferrent dans l’entêtement, les erreurs et les échecs qui obèrent tout développement d’un Etat fort, d’une république solide, d’une Algérie moderne, apaisée, apte à faire face à ce monde de globalisation politiquement et économiquement injuste.

    Le temps de la révolutions est fini. Le temps de la construction est arrivé.

    Pour intérioriser le changement, en faire une valeur, un mode de réalisation de soi et le produit d’une action volontaire, on doit oeuvrer pour une vision politique qui engagera le pays dans la voie d’une transformation sociale profonde permettant l’essor national et fera du bonheur une idée neuve.

    
Cette vision politique ne peut naître que par l’intégration d’un triple héritage :

    1/ Celui du libéralisme politique – protection de la liberté individuelle, tolérance, distinction entre société civile et Etat, place du marché, etc.


    2/ Celui du républicanisme – recherche du « bien commun » , rôle clé du civisme, complémentarité entre liberté et égalité.


    3/ Et enfin, indissociable du mouvement ouvrier, celui du socialisme – exigence de dépasser du moins de réguler collectivement le capitalisme selon un idéal de justice.

    Renouant avec la tradition socialiste et républicaine, le socialisme libéral, qui désigne souvent un libéralisme économique à sensibilité sociale adapté au capitalisme actuel, vise à rendre effectives la citoyenneté et la solidarité, dans une relation critique aux principes du libéralisme économique.

    À partir de cette vision naîtra le programme qui offrira la perspective claire et cohérente d’un changement profond, correspondant aux aspirations des travailleurs, des démocrates, de l’ensemble du peuple algérien et aux intérêts les plus élevés de la nation algérienne.

    Fraternellement lhadi
    ([email protected])


    lhadi
    13 juillet 2018 - 19 h 35 min

    Il existe un conflit qui oppose les élites algériennes modernisatrices, celles qui s’identifient au progrès, à la science, aux forces productives et à la rationalité aux groupes qui résistent aux changements menaçant leurs équilibres, leurs traditions et leurs intérêts.

    En effet,a vérité, celle qui ne ment jamais à la vérité : c’est-à-dire la réalité, atteste que l’idéologie de nos gouvernants, qui considèrent l’Algérie adamantine comme leur latifundium, n’a pas changé d’un iota alors que le monde change, avance, bouge.

    ils s’enferrent dans l’entêtement, les erreurs et les échecs qui obèrent tout développement d’un Etat fort, d’une république solide, d’une Algérie moderne, apaisée, apte à faire face à ce monde de globalisation politiquement et économiquement injuste.

    Le temps de la révolutions est fini. Le temps de la construction est arrivé.

    Pour intérioriser le changement, en faire une valeur, un mode de réalisation de soi et le produit d’une action volontaire, on doit oeuvrer pour une vision politique qui engagera le pays dans la voie d’une transformation sociale profonde permettant l’essor national et fera du bonheur une idée neuve.

    
Cette vision politique ne peut naître que par l’intégration d’un triple héritage :

    1/ Celui du libéralisme politique – protection de la liberté individuelle, tolérance, distinction entre société civile et Etat, place du marché, etc.


    2/ Celui du républicanisme – recherche du « bien commun » , rôle clé du civisme, complémentarité entre liberté et égalité.


    3/ Et enfin, indissociable du mouvement ouvrier, celui du socialisme – exigence de dépasser du moins de réguler collectivement le capitalisme selon un idéal de justice.

    Renouant avec la tradition socialiste et républicaine, le socialisme libéral, qui désigne souvent un libéralisme économique à sensibilité sociale adapté au capitalisme actuel, vise à rendre effectives la citoyenneté et la solidarité, dans une relation critique aux principes du libéralisme économique.

    À partir de cette vision naîtra le programme qui offrira la perspective claire et cohérente d’un changement profond, correspondant aux aspirations des travailleurs, des démocrates, de l’ensemble du peuple algérien et aux intérêts les plus élevés de la nation algérienne.

    Fraternellement lhadi
    ([email protected])


    Bouzorane
    12 juillet 2018 - 19 h 53 min

    Certains se référent à Marx, d’autres à Kant et d’autres encore parlent de Nietzsch… il semble que les philosophes allemands ont la cote auprès des Algériens!
    Mon esprit trop limité ne m’autorise pas à juger un philosophe,
    Néanmoins, regarder les choses au travers d’un prisme réducteur, simplifie la vie et évite l’effort intellectuel intense!
    Selon ce prisme réducteur qui est le mien, le monde se divise en 2 catégories : les Nationalistes et les Internationalistes. (ceux qui ont le pistolet chargé et ceux qui creusent,dixit sergio leone)!
    Pas besoin donc d’être un philosophe pour classer Marx, avec son internationale, parmi les Internationalistes!
    Toujours selon mon prisme (très) réducteur, je peux facilement mettre l’internationalisme marxiste dans la même catégorie que d’autres internationalistes, pourtant tous rivaux et antagonistes les uns avec les autres. (en apparence!)
    En effet, marxisme, arabo-islamisme, berbéro-nord-africanisme sont des émanations différentes de la meme et unique idéologie cosmopolite internationaliste… une idéologie tellement toxique pour la Nation Algérienne!
    PS :
    C’est une bonne chose que des Algériens s’intéressent à l’Allemagne et à ses philosophes, et ce n’est pas un hasard!
    Il y a en effet des similitudes insoupçonnées entre les 2 peuples. Algériens et Allemands ont une histoire similaire, ont connu la domination étrangère et la division. Les 2 peuples ont souffert et souffrent encore des effets post-traumatiques de l’occupation étrangère. Voici à titre d’exemple les propos d’un historien à propos des allemands traumatisés par la guerre de 30 ans (1618-1648) : « à tel point que les murailles et les constructions médiévales ou préhistoriques avaient perdu leurs anciens noms pour prendre celui de remparts suédois…. la guerre avait rompue l’enchaînement des souvenirs… plus aucuns des survivants n’était en âge de se souvenir de leur vie avant la venue des suédois »
    Rupture de la mémoire collective, déni de soi, schizophrénie, violence,…. sont là les symptomes que partageaient les allemands et les algériens.
    Les allemands ont vécu les mêmes souffrances que nous, mais ils ont eu la chance d’avoir des hommes exceptionnels qui les ont guidé vers le salut.
    Il y a eu des hommes d’état comme Bismarck….il y a eu aussi des intellectuels nationalistes comme le philosophe Fichte qui ont développé le sentiment national allemand.
    Fichte et d’autres intellectuels (ex: les frères Grimm, 2 linguistes qui ont réhabilité la langue et les traditions allemandes ) ont inspiré le deuxième Reich de Bismarck et ont permis l’avènement d’une Allemagne unifiée, puissante et rayonnante.
    C’est ce point qui fait toute la différence entre les allemands et nous : De Saint Augustin à nos jours, l’Algérie n’a jamais connu d’intellectuels capables de guider le peuple.
    Nos intellectuels on toujours été déconnectés de la réalité algérienne. On le constate encore aujourd’hui avec les Addi, Chebel, Harbi, Arkoun.
    Nous nous en sortirons lorsque nous aurons des intellectuels Nationalistes dignes de l’Algérie

      Anonyme
      12 juillet 2018 - 22 h 06 min

      Je partage le même point de vue… Il y a tant de choses semblables entre nous et les Allemands, notamment les traumatismes historiques (les Allemands ont une histoire incroyable et une langue exceptionnelle de précision et d’analyse, ce n’est pas pour rien qu’ils ont eu les plus grands découvreurs depuis la Renaissance et qu’ils ont changé la face du monde scientifique depuis le 18e siècle, ce sont eux les génies scientifiques européens depuis cette période) sans compter l’importance de l’esprit de corps. En effet, nos intellectuels depuis très longtemps ont toujours péché par leur incapacité à s’identifier à leur population d’origine et a se comporter comme des moteurs de l’histoire. Ils recherchent trop souvent l’assentiment de leurs modèles identificatoires. Soyons lucides nos intellectuels sont toujours porteurs de troubles d’identification : il y a ceux attirés par l’orient fantasmé et ceux attirés par la francophilie fantasmée.

      Le jour où les intellectuels algériens réaliseront leurs devoirs envers la nation algérienne et non envers des mythes étrangers à notre culture, ce jour-là ils pourront pleinement être utile et être reconnus.

      A quand des intellectuels algériens qui feraient en Algérie par rapport à notre culture, son anthropologie, ses artisanats, ses langues, ce qu’ont fait les Allemands pour unifier leur population ? L’histoire scientifique allemande en philosophie, en langues anciennes, en histoire, en linguistique, en anthropologie c’est quelque chose d’inouïe, de phénoménal. La langue allemande devrait être apprise en Algérie, c’est une langue incroyablement précise et faite pour l’observation, la recherche et la compréhension du réel. Contrairement aux préjugés, ce n’est pas une langue barbare mais véritablement et pleinement une langue savante !

    Karamazov
    12 juillet 2018 - 13 h 07 min

    Une lecture simpliste pourrait laisser croire que Marx est un dévot du capitalisme. Comme il ne paraissait pas un grand nationaliste. Le fait qu’il ait écrit » la bourgeoisie a joué dans l’histoire un rôle éminemment révolutionnaire ne signifie pas non plus que Marx est un grand bourgeois. Il n’en demeure pas moins que le système capitaliste produit des prolétaires une classe sociale travailleuse, une prise de conscience de soi. Le système rentier lui produit des tubes digestifs , une masse amorphe fétichiste léthargique qui n’en est même pas au stade zéro de l’économie :les cueilleurs chasseurs au moins avaient dû inventer quelques outils : les gaules et l’arc. Nous , nous sommes en pleine économie de bazar ou personne ne produit ce qu’il vent.

    Abou Stroff
    12 juillet 2018 - 11 h 40 min

    je pense que Marx a mis (ou essayé de mettre) en place les fondements d’une « science totale » englobant les différentes sciences dites sociales (les physiciens ne sont ils pas à la recherche d’une « physique totale » où la physique quantique et la physique classique s’intégreraient dans un tout cohérent?) où le « continent histoire » (voir Althusser) occuperait la base de l’édifice.
    ceci dit, je pense que le marxisme propose, d’abord et avant tout, les lunettes théoriques les plus performantes pour analyser l’histoire, des formations sociales en général, et l’histoire de chaque formation sociale, en particulier
    si la proposition précédente et valide, alors nous devons, en tant qu’algérien, nous interroger sur l’apport de l’analyse marxiste, à notre compréhension de la formation sociale algérienne
    pour ne pas ennuyer le lecteur, je mettrai l’accent sur un seul point
    je pense qu’en appréhendant la formation sociale algérienne en tant que formation dominée par un système basé sur la distribution de la rente (comprise comme valeur représentant un surtravail exogène à la formation) et sur la prédation (comme activité principale des couches dominant la formation sociale en question), nous pouvons expliquer le « mode de reconduction » (parler de mode de reproduction serait inapproprié dans le cas d’un système rentier) de la formation sociale et intégrer ses différentes phases (les élections qui débouchent constamment sur la victoire des mêmes protagonistes, par exemple) dans une dynamique cohérente.
    PS1: je suggère à ceux qui croient que Marx est dépassé de lire ses analyses sur la « capital financier » dans son livre III du capital. ils trouveront des traits de génie en rapport avec le moment présent où le capital financier mondial est la fraction dominante du capital mondial.
    PS2: on dit souvent que Marx supportait la colonisation. en fait, si nous acceptons l’hypothèse que le colonialisme est une partie intégrante de la dynamique du capitalisme et si nous admettons que le capitalisme est le mode de production qui a développé les forces de la production à un degré jamais atteint par les modes de production qui l’ont précédé alors, il me parait, tout à fait logique, d’être pour une extension sans limite du mode de production capitaliste. après tout, si des formations sociales n’ont pas pu générer le capitalisme d’une manière endogène, il faut bien qu’il leur soit apporté de l’extérieur, n’est ce pas?)

    Med
    12 juillet 2018 - 6 h 26 min

    Analyse très intéressante sur la personne et sur l’oeuvre de K. Marx.
    Avec le Léninisme on a vu se réaliser dans la pratique les théories de Marx, bien que appliquées à une société russe ancore axée sur la paysannerie, soit la substitution (dépassement) d’un mode de production économique par un autre à travers un processus révolutionnaire. Ce qui n’a pu être réalisé en Allemagne (pays ou le mode de production capitaliste était plus avancé et ou le mouvement de 1919 a échoué) a vu le jour en Russie en 1917 avec la Révolution bolchévique.

    1989 mit fin pour de multiples raisons à cette pulsion progresssite en URSS et fut considéré comme la mort du communisme mais aussi du marxisme. Mais Marx n’a jamais été aussi actuel dans les pays capitalistes et dans d’autres contrées du monde. Le capitalisme (financier surtout) n’a jamais été non plus aussi arrogant et aussi agressif. Voir ce qui se passe en Grèce, en Italie etc. Sans oublier bien entendu les différentes guerres d’agression contre des pays souverains en Asie, en Afrique, au Moyen-Orient etc..

    Il y a cependant un point sur lequel K. Marx a été un personnage de son époque. La deuxième moitié du XIX siècle a été marquée par la naissance d’une idéologie colonialiste nouvelle adoubée de suprématisme racial, étayée par les théories scientifiques racistes de l’ethnologie, de la biologie etc. Marx, qui était socialiste, n’échappait pas à cette vision nouvelle, à ce paradigme nouveau, de supériorité de la race blanche européenne sur les autres races. Il considérait que les populations colonisées se seraient émancipées du colonialisme uniquement à travers le socialisme. Le colonialisme en soi n’a pas été mis en discussion par K. Marx.

    Frantz Fanon est d’un autre avis et sa pensée a été mise en pratique, de manière exemplaire, lors de la Révolution algérienne. Un autre type d’émancipation, avec le recours aux armes.

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