L’Allemagne s’apprête à expulser tous les sans-papiers algériens
Par R. Mahmoudi – L’Allemagne cherche à accélérer l’expulsion de tous les «demandeurs d’asile» algériens, mais aussi marocains et tunisiens, en les incluant avec les ressortissants d’origine géorgienne, dans la case de ressortissants issus de «pays sûrs», selon un projet de loi adopté mercredi lors d’une réunion du conseil des ministres.
Si le gouvernement allemand ne précise pas le concept de «de demandeurs d’asile» qui, dans certains cas, peut prêter à confusion, il est clair que cette mesure concerne tous les ressortissants issus de ces quatre pays désignés résidant en Allemagne en situation irrégulière.
Il s’agit de la deuxième tentative des autorités allemandes après le rejet d’un premier projet de la loi il y a une année, par le Sénat allemand, faute de majorité en raison de l’opposition des Verts et de la gauche radicale.
En pratique, ce projet de loi permettra aux services d’immigration allemands de rejeter automatiquement les demandes d’asile sans aucune justification.
Berlin a justifié cette décision en affirmant avoir rejeté presque toutes les demandes d’asile émanant de ces pays, et en rappelant, à ce sujet, que 99% des demandes formulés par des Algériens et des Géorgiens avaient déjà été rejetées, et que seulement 2,7% des demandes d’asile émanant de ressortissants tunisiens et 4,1% de ressortissants marocains avaient reçu une réponse positive de la part des autorités allemandes en 2017.
Le ministre de l’Intérieur, le conservateur Horst Seehofer, espère que cette mesure sera considérée comme un «indicateur» et permettra de réduire «dans une large mesure» les demandes d’asile des quatre pays sus-indiqués.
Ce durcissement des autorités allemandes envers les étrangers contraste avec la grande ouverture affichée il y a deux ans par la chancelière Angela Merkel, qui s’était engagée à accueillir un million de migrants fuyant leurs pays. Mais, les milieux conservateurs et d’extrême-droite ont savamment joué sur le sentiment de révulsion provoqué par les attaques contre les femmes du Nouvel An à Cologne en 2015, lesquelles attaques ont été attribuées à des personnes issues des pays d’Afrique du Nord. Ces milieux rappellent également l’attentat du 12 décembre à Berlin qui a fait 12 morts, et attribué au Tunisien Anis Laâmri. La demande d’asile de Laâmri avait été rejetée mais, n’avait pas été expulsé d’Allemagne pour des «erreurs administratives».
R. M.
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