Le général Ghediri à un journal arabe : «Je suis prêt à affronter Bouteflika !»
Par R. Mahmoudi – Dans un entretien accordé au quotidien panarabe à capitaux saoudiens Al-Charq Al-Awsat, paru ce samedi, le candidat à la candidature de la présidentielle du 18 avril, le général à la retraite Ali Ghediri a réaffirmé sa détermination à aller jusqu’au bout de sa démarche, n’ayant cure des pronostics de certains commentateurs sur l’issue de cette course.
«Je suis prêt à affronter l’actuel chef d’Etat, s’il se présente, et aussi n’importe quel autre candidat que choisirait le pouvoir», tient-il à souligner d’entrée. Et de poursuivre : «J’ai une grande confiance dans le peuple, dont je suis issu, en m’inspirant des six glorieux chefs qui ont réalisé un miracle il y a soixante-cinq ans.»
A la question de savoir s’il ne se sentait pas quelque peu «complexé» en décidant de briguer le poste de premier magistrat du pays, étant donné qu’il n’avait aucun parcours politique, ni aucun passé de militant dans le domaine des droits ou des libertés, Ali Ghediri a eu cette réponse prompte et cinglante : «Les walis et les ministres ont-ils un parcours politique ? Ont-ils milité dans des partis politiques ? Croyez-moi qu’il y a à la tête d’institutions importantes des gens qui sont venus du néant, et cela ne dérange personne. Mais qu’un candidat militaire ayant passé 42 ans dans l’armée se porte candidat à la présidentielle, cela apparaît comme une chose étrange et incongrue pour certains !» Et d’enchaîner : «Je ne suis pas sorti du néant et, contrairement à ce que pensent certains, mon intérêt pour la politique a commencé dès mon jeune âge.»
A une autre question de savoir s’il avait des soutiens au sein de l’institution militaire, le général Ghediri dira : «Si vous parlez de soutien moral, oui bien sûr. Mais si vous faites allusion à des militaires qui militeraient politiquement à mes côtés, il faut savoir que l’institution militaire a ses missions définies par la Constitution qui obligent ses éléments de s’éloigner de la politique mais je suis certain que, parmi eux, il y a ceux qui me soutiennent et d’autres qui s’opposent à ma candidature.»
A propos des menaces du commandement de l’institution militaire qui le visaient, lui personnellement, le général Ghediri lancera : «Je suis un citoyen et j’exerce mon droit constitutionnel… On a dit de moi que je ne maîtrisais pas les questions stratégiques, alors que je suis bien le seul officier militaire, avec un grade de général, qui ai décroché tous les diplômes militaires et dont le nom soit gravé sur la fresque de l’Académie militaire de Moscou, sans compter que j’ai tous les diplômes universitaires, dont un doctorat.»
Evoquant le bilan du président Bouteflika, Ghediri ne se dédira pas : «Le mandat de Bouteflika est un prolongement des mandats précédents car le même système de gouvernement est en place depuis l’indépendance. En ce qui me concerne, je suis fermement déterminé à édifier l’Etat national tel que conçu par les martyrs et les moudjahidine… Un Etat doté de toutes ses composantes politiques, économiques et sociales et fondé sur des valeurs morales.»
Il pense que les critères de cet Etat ont été incarnés sous le règne du président Houari Boumediene. «Mais après cela, regrette-t-il, la situation est allée de mal en pis, malgré son potentiel de développement économique, notamment après la reprise des prix du pétrole… Toutes les conditions nécessaires à la construction d’une nouvelle économie et de nouvelles institutions étaient disponibles… et nous aspirions au meilleur. Mais nos espoirs ont été déçus», assène-t-il.
Par ailleurs, Ali Ghediri estime que la crise en Algérie est d’essence politique : «L’Etat a besoin de restructuration pour pouvoir se doter de nouveaux mécanismes.» Pour lui, «tout ce qui est officiel ou gouvernemental est appréhendé et rejeté» et «tout ce qui vient des autorités officielles n’est pas pris en considération car il y a une crise de confiance entre les institutions et les individus et entre le Président le peuple».
Plus incisif encore, le général Ghediri considère que «si le peuple s’était élevé comme un seul homme contre la levée de la limitation de mandats, nous ne serions pas dans cette situation de délabrement dans laquelle se trouvent les institutions aujourd’hui».
R. M.
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