L’heure des comptes

EmmanuelMacron
Emmanuel Macron dialoguant avec des élus français. D. R.

Par Mrizek Sahraoui – C’est ce lundi que les premières conclusions du grand débat national devraient tomber. Cela implique que pour Emmanuel Macron l’heure des comptes a sonné après plusieurs mois laborieux, explique-t-on du côté de l’Exécutif, passés à vanter les vertus d’un «dialogue sans fin», initié dans le seul but de gagner du temps, se sont agacés une majorité de Français.

A quoi faut-il s’attendre en matière d’avancées sociales de cette restitution que le Premier ministre s’apprête à décliner ce lundi ? A rien venant d’un président qui a consacré des heures et des heures à dialoguer, un temps dont le coût est estimé à 12 millions d’euros, sans jamais employer ou même évoquer le mot «croissance», le mot qui devient magique quand il enregistre une courbe croissante, qui sauve tout gouvernement englué dans des conflits sociaux ; la seule donnée à base de laquelle se construit toute politique publique et qui aurait pu permettre à Emmanuel Macron une manœuvre salvatrice.

Connaissant les façons d’opérer du président, une méthodologie construite sur la base de rengaines habituelles [décriées] qui consistent à aller chercher des coupables ailleurs que dans son entourage immédiat, beaucoup redoutent qu’il s’agira simplement d’un énième replâtrage par des réformes institutionnelles sans impact significatif, bien en deçà des attentes quotidiennes des Français dont la principale préoccupation, le pouvoir d’achat, est reléguée au second plan, les richesses nationales amenuisées faute de vision et de réformes structurelles qui auraient dû être engagées dès l’entame du mandat.

Emmanuel Macron est coïncé, pris en sandwich entre ses promesses de campagne, perçues alors comme la solution miracle tombée du ciel, et la réalité du pouvoir, souvent tributaire de soubresauts imprévisibles et d’aléas incontrôlables.

La malédiction du mi-mandat a rattrapé Emmanuel Macron. Ces prédécesseurs avaient nourri, en vain, l’espoir de voir la courbe s’inverser. Il n’en était rien, pas plus qu’il ne le sera pour l’actuel président de la République. D’autant que tous les voyants affichent alerte. La croissance stagne ; la consommation des ménages, un indicateur de bonne santé économique qui compte pour un peu plus de la moitié du PIB français, se maintient grâce uniquement au bond de 6,2 % de la consommation d’énergie.

Et à l’international ce n’est guère mieux. L’engagement de la France au Sahel prend les allures d’un contrat à durée indéterminée et les derniers développements de la situation en Libye sont réduits aux discussions des couloirs du Quai d’Orsay, la voix diplomatique de la France s’étant éteinte depuis un moment déjà.

La question est de savoir quels seront les éléments de langage que Macron va déployer pour faire de son échec [personnel] un succès.

Il en est capable.

M. S.

Comment (6)

    El ghorba
    8 avril 2019 - 14 h 57 min

    On s’en fout du bilan de la clique de makarone,
    ça n’intéresse personne chez le peuple algérien.
    Il faudrait plutôt parler des comptes à rendre de toute la issaba chez nous, pas que les 30 à 50 noms médiatisés:
    Ouyahia la vipère, Sellal l’idiot, Hna siadou said le voyou à la casquette qui tient plus de Jimmy Hoffa que d’un vrai représentant des syndiqués , les frères Boutekhriba les Daltons, la racaille du FLN belkhadem le bédouin, scarface saidani, Bouchareb minable qui se voyait déjà président ainsi que d’autres, la liste est longue.
    Sans oublier les oligarques mafieux et leurs agents infiltrés dans dans toutes les strates du pouvoir.

    Felfel Har
    8 avril 2019 - 14 h 09 min

    Laissons le paon (Macron) et son dindon (Son PM) faire les beaux devant leur basse-cour, leur débat ne nous concerne pas. Toute cette supercherie tournera à la débacle!
    Mais la leçon vaut aussi pour nous, Algériens, tant que les autorités ne répondent pas aux véritables revendications du peuple. Les louvoiements, les menaces, les demi-mesures ont peu de chance de satisfaire ceux qui ont placé leurs espoirs dans un changement total des structures de l’État (et leurs mécanismes) qui les ont laminés. De même que le baratin, la démagogie et les promesses vagues, imprécises et surtout inefficaces ne convaincront personne.
    Le combat continue!

    MELLO
    8 avril 2019 - 14 h 03 min

    L’heure des comptes , n’est plus en cette France, mais bien en Algérie où le peuple doit se dissocier de ce que les 3 B projettent de faire. L’agenda du pouvoir n’est pas l’agenda du peuple. Ils peuvent réunir leurs deux chambres , c’est leur problème, mais du côté de nous autres la lutte et la mobilisation ne doivent pas cesser. Réunissez vous , en haut lieu, cela ne nous regarde pas, mais ne perdez pas du temps à ce pays que vous avez paralysé. Le peuple veut un CHANGEMENT sans vous. Surtout ne demandez pas de vous présenter des représentants, quittez d’abord , le reste est l’affaire du peuple. Les manifestations pacifiques restent pour nous le meilleur moyen de vous éjecter et surtout n’infiltré pas les marchés , car fakouuuuu…

    Yeoman
    8 avril 2019 - 8 h 58 min

    « C’est aujourd’hui que les conclusions du grand débat national devraient tomber. » En lisant ça, j’ai cru être sur un site français … ou qu’il y a eu un débat national en Algérie sans que je le sache. Et ce n’est pas la première fois que le même journaliste nous fait le coup. Comme si ça lui aurait couté une oreille ou de l’encre s’il avait précisé  » En France, c’est aujourd’hui que les conclusions, etc, etc. » C’est bien de reprocher aux français d’oublier parfois que l’Algérie est indépendante, mais encore faut-il que nous nous débarrassions de ce prisme français qui, quelque part, fait de nous une sous-nation.

      Slimane nath el hadj
      8 avril 2019 - 14 h 20 min

      En lisant le titre, normalement tu comprends qu’il s’agit de la France. Tu connais quelqu’un qui a rendu des comptes en Algérie???

        Yeoman
        8 avril 2019 - 15 h 25 min

        Et vous croyez qu’en France, il y a eu « un grand débat »? À peine un vague monologue entre des apparatchiks qui n’ont malheureusement plus rien à envier aux nôtres. Quant à rendre des comptes, il est toujours permis de rêver. Mais qu’importe! Nous avons nos propres chats à fouetter.

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