Les principales chaînes privées ne diffusent plus les images du hirak
Par Houari A. – Les principales chaînes de télévision privées n’ont pas diffusé les images du mouvement populaire en direct, ce vendredi, contrairement aux premières semaines durant lesquelles ces médias se focalisaient sur la place de la Grande-Poste dès les premières heures de la journée pour couvrir l’événement.
A la place des manifestations, ces chaînes, qui accompagnaient le hirak avec un engagement manifeste en faveur du mouvement de contestation opposé au régime, diffusent en boucle le discours prononcé ce jeudi soir par Abdelkader Bensalah, appelant à l’ouverture d’un large dialogue pour une sortie de crise rapide, ou les programmes de divertissement habituels programmés les vendredis, avant le début des manifestations le 22 février dernier.
Pourquoi les télévisions se détournent-elles du hirak ? Ont-elles été instruites de ne plus accorder à celui-ci autant d’importance qu’avant pour l’amputer du support médiatique qui l’a boosté jusque-là ?
Le changement de ton dans le discours du chef d’état-major de l’ANP, qui multiplie les appels au dialogue et au respect de la Loi fondamentale pour empêcher «ceux qui cherchent à pérenniser la crise de parvenir à leurs objectifs visant à déstabiliser le pays», a-t-il été reçu cinq sur cinq par ces chaînes qui ont joué un rôle prépondérant dans l’exacerbation de la tension entre les manifestants et le pouvoir actuel ? S’il est difficile de répondre à cette question, il n’en demeure pas moins que la tendance semble désormais à la «réaffirmation de l’autorité de l’Etat» face à la persistance des citoyens à rejeter toute solution proposée par l’institution militaire et le chef de l’Etat.
L’offre de dialogue lancée par l’armée semble être la dernière carte que celle-ci va jouer et tout indique que la hiérarchie militaire n’est pas prête à faire plus de concession. Une situation qui risque de déboucher sur une confrontation que le commandement de l’ANP veut éviter en amputant le hirak du soutien des médias lourds privés, appelés à accompagner plutôt l’initiative de l’armée fondée sur la prééminence de la Constitution sur la revendication politique.
H. A.
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