Nasser Bourita révèle le contenu de sa communication avec Sabri Boukadoum
Par Karim B. – Dans sa vive réaction à l’accusation proférée par le porte-parole de la présidence de la République, Belaïd Mohand-Oussaïd, contre l’ancien consul du Maroc à Oran, rapatrié jeudi dernier, le ministre marocain des Affaires étrangères a révélé le contenu de l’échange téléphonique qu’il avait eu avec son homologue algérien suite au grave dérapage commis par le représentant marocain en Algérie.
Dans une déclaration à la presse marocaine, Nasser Bourita a affirmé que «dans un souci de préserver la sérénité des relations bilatérales, notamment dans le contexte régional et international difficile lié au Covid-19, j’ai pris l’initiative d’appeler mon homologue algérien pour lui dire que quelle que soit la véracité des propos attribués au consul, le Maroc a décidé son rappel immédiat». «Le rappel du consul a été décidé à l’initiative exclusive du Maroc», a insisté le chef de la diplomatie marocaine qui a précisé qu’«à aucun moment le royaume n’a reçu de la part des autorités algériennes une quelconque demande officielle formelle de rappel de son consul général».
Nasser Bourita confirme ainsi ce que rapportait Algeriepatriotique à propos de la teneur de cet entretien qui n’avait pas été révélée en son temps. Des sources proches du dossier avaient, en effet, indiqué à notre site que le Makhzen cherchait une «issue de secours» par laquelle il ne perdrait pas trop la face. «Le chef de la diplomatie marocaine a certainement dû chanter le refrain du bon voisinage et des relations fraternelles», assuraient nos sources, selon lesquelles «ce n’est sûrement pas de gaieté de cœur que Nasser Bourita a pris le téléphone pour évoquer cette question avec son interlocuteur algérien à qui il a vraisemblablement annoncé le rappel imminent du consul du Maroc à Oran dans le cadre d’un mouvement ordinaire qui servirait de camouflage aux autorités marocaines».
Les médias marocains s’étaient empressés d’annoncer l’appel téléphonique passé par le ministre marocain des Affaires étrangères à son homologue algérien dans le sillage de l’affaire du consul général du Maroc à Oran qui a traité l’Algérie de «pays ennemi», créant ainsi un véritable malaise et mettant son pays dans une situation délicate.
Toujours selon nos sources, l’enquête annoncée par Rabat sur cette affaire était une «supercherie», pour la simple raison qu’il n’y a pas d’investigation qui tienne du côté marocain. «Le ministre marocain des Affaires étrangères a une seule question à poser au consul impolitique : a-t-il oui non tenu les propos entendus sur la vidéo ?» estimaient nos sources, qui faisaient remarquer que l’attitude du Makhzen qui consistait à faire douter de la véracité de l’enregistrement était une «vaine tentative de gagner du temps en attendant de trouver un exutoire qui ne ruine pas la réputation du Makhzen devant l’ennemi de l’Est».
Les médias marocains pro-Makhzen préparaient déjà le terrain en soulignant que «ce genre d’affaires ne se règle pas sur les réseaux sociaux, mais entre responsables dûment mandatés» et en arguant qu’«avec les deux chefs de la diplomatie qui se saisissent de l’affaire, tout semble indiquer que le dossier est pris en charge». «Ce que Nasser Bourita a dû dire à son homologue est déjà révélé indirectement dans ces médias, lorsqu’ils assurent que les propos prêtés au consul sur la vidéo dont ils affirment avec une suspecte conviction qu’elle a été retravaillée, [vont] à l’encontre des fondements essentiels des relations du royaume du Maroc avec l’Algérie», écrivions-nous le 16 mai dernier.
K. B.
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